Des parents qui refusent que leurs enfants participent à une sortie scolaire, cela arrive. Mais lorsqu'il s'agit de la visite d'un camp de concentration et que cette anecdote se passe en Allemagne, cela rappelle de mauvais souvenirs. Dans un établissement scolaire de l'Est du pays, tout près de la frontière tchèque, des professeurs ont voulu préparer la visite du camp de concentration de Buchenwald. Pour ce faire, ils avaient prévu la lecture et l'étude en classe du Journal d'Anne Frank.
Les idées de l'AfD, parti d'extrême droite, infusent
Ils ont été submergés par les mails de protestation des parents, pour qui le journal intime de cette jeune fille juive cachée pendant la Seconde Guerre mondiale ne présenterait qu'une seule vision de l'Histoire et ne serait plus au goût du jour. Des propos repris, en réalité, des revendications du parti d'extrême droite allemand, l'AfD. Celui-ci demande dans son programme électoral qu'une place moindre soit accordée à l'étude de l'Holocauste à l'école. Le parti enregistre des records électoraux dans cette région, jusqu'à 40 % des voix.
"Un problème qui traverse toute la société"
Ce révisionnisme ne surprend pas Meron Mendel. "Cela ne vient pas que de parents mais aussi souvent des enseignants, des directeurs d'établissements et des jeunes aussi. C'est un problème qui traverse toute la société", souligne le directeur du Centre Anne Frank de Francfort.
Dans la classe concernée, des familles ont également défendu la lecture du Journal d'Anne Frank. Mais ce fait divers illustre ce que disent les études sur l'antisémitisme en Allemagne. Les derniers tabous tombent et les crimes et délits progressent : + 20% en deux ans. Avec, en octobre dernier, l'attaque d'une synagogue à Halle le jour de Yom Kippour.