Deux rébellions ethniques armées ont signé mardi un cessez-le-feu en Birmanie, un succès symbolique relatif pour Aung San Suu Kyi, dans un pays où armée et guérillas s'affrontent dans certaines régions depuis des décennies. "Jusqu'à quand notre peuple devra-t-il attendre ? Jusqu'à quand les conflits armés continueront-ils d'influencer notre pays ?", a interrogé la chef de la diplomatie birmane, de facto numéro un du gouvernement, qui a fait d'un cessez-le-feu national sa priorité.
Une vingtaine de conflits ethniques. La virulence des conflits ethniques en Birmanie, mosaïque de peuples, s'est retrouvée ces derniers mois sur le devant de la scène internationale, avec la fuite au Bangladesh de près de 700.000 musulmans rohingyas, victimes d'un nettoyage ethnique par l'armée selon l'ONU, après des attaques par une rébellion rohingya. Mais au-delà de ce conflit, qui se déroule dans l'ouest de la Birmanie, l'ancienne colonie britannique compte une vingtaine de conflits ethniques, dans lesquels s'affrontent armée et guérillas, parfois depuis des décennies.
Malgré tout "le processus de paix cassé". Mardi, ce sont deux petits mouvements, des ethnies Mon et Lahu, le New Mon State Party (NMSP) et le Lahu Democratic Union (LDU), qui ont signé un cessez-le-feu, rejoignant huit autres groupes ayant remisé les armes avant l'arrivée au pouvoir d'Aung San Suu Kyi en 2016. Pour l'expert David Mathieson, interrogé par l'AFP, malgré cette avancée symbolique mardi, "le processus de paix est cassé" et l'armée est "le principal acteur du déraillement du processus".
L'armée "prend une part active dans le processus de paix, avec honnêteté et sens de l'anticipation", a cependant assuré le général Min Aung Hlaing mardi, lors de la cérémonie. Pour arriver à un accord global, "toutes les parties doivent cesser les opérations militaires, notamment dans les Etats Kachin et Shan, où les combats se poursuivent", a réagi la diplomatie européenne à l'annonce de cette signature.