Guerre en Ukraine, Russie, investissements dans la défense... Ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron
Dans un contexte de crispations sur la scène internationale autour de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi soir, à 20h, dans une allocution pré-enregistrée, dans l'optique de rassurer les Français. Le chef de l'État a évoqué la position de l'Europe sur le dossier ukrainien en assurant que l’avenir du continent ne doit pas être tranché à Washington et Moscou.
Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi soir à 20h, dans une allocution pré-enregistrée pour évoquer la situation internationale et notamment la guerre en Ukraine. Le chef de l'État a fait part de son inquiétude face aux décisions prises par les États-Unis dans ce conflit. Cinq jours après l'altercation entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche et 48 heures après la décision américaine de suspendre l'aide militaire accordée à l'Ukraine, le président a détaillé la position de l'Europe sur le dossier et réaffirmé son soutien à Kiev. Le locataire de l'Élysée a également déclaré que "la menace russe est là et touche les pays d'Europe", rappelant que la Russie "a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial".
Les principales informations :
- La France réunira la semaine prochaine à Paris les chefs d'état-major de certains pays
- Pour le président de la République, la Russie est devenue une menace pour la France et l'Europe
- Emmanuel Macron assure que les taxes douanières américaines sont "incompréhensibles"
- Le chef de l'État promet des investissements supplémentaires dans le domaine de la défense
"La patrie a besoin de vous et de votre engagement" et "nous ferons face ensemble"
"La patrie a besoin de vous et de votre engagement", a lancé Emmanuel Macron, assurant que "la France ne suivra qu'un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté".
"Nous devons donc agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger. C'est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation. Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu'à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements", a déclaré le président de la République.
Les taxes douanières américaines sont "incompréhensibles", affirme le président de la République
Emmanuel Macron a jugé les taxes douanières américaines sur les marchandises européennes "incompréhensibles", et a dit "espérer en dissuader" le président américain Donald Trump, dans une allocution aux Français.
Le chef de l'État a indiqué qu'il fallait "nous préparer à ce que les États-Unis décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes", comme ils viennent de le confirmer à l'encontre du Canada et du Mexique. "Cette décision, incompréhensible tant pour l'économie américaine que pour la nôtre, aura des conséquences sur certaines de nos filières", a-t-il prévenu, et "ne restera pas sans réponse de notre part", en disant espérer "convaincre" Donald Trump que "cette décision nous ferait du mal à tous" et "l'en dissuader".
Emmanuel Macron promet des investissements supplémentaires dans le domaine de la défense
"Nous avons l’armée la plus efficace d’Europe et grâce aux choix faits par nos aînés après la Deuxième Guerre mondiale, nous sommes dotés de capacité de dissuasion nucléaire. Ceci nous protège beaucoup plus que nos voisins", a déclaré le président de la République avant d'annoncer des investissements supplémentaires dans le domaine de la défense sans toutefois annoncer un impact sur les impôts.
"La décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République"
La décision de recourir à l'arme nucléaire "a toujours été et restera entre les mains du président de la République", a assuré mercredi Emmanuel Macron, qui souhaite néanmoins "ouvrir le débat stratégique" sur la protection de l'Europe par l'arme nucléaire française.
"Répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand (Friedrich Merz), j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen. Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées", a déclaré le chef de l’État lors de cette allocution.
La France réunira la semaine prochaine à Paris les chefs d'état-major de certains pays
La France réunira la semaine prochaine à Paris les chefs d'état-major des pays prêts à garantir une future paix en Ukraine, a annoncé Emmanuel Macron.
La paix en Ukraine "passera aussi, peut-être, par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n'iraient pas se battre aujourd'hui, elles n'iraient pas se battre sur la ligne de front, mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect. Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d'état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard", a déclaré le chef de l’État.
"L’avenir de l’Europe ne doit pas être tranché à Washington et Moscou"
"Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non, les États européens doivent être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression. Il faut que nous nous équipions davantage. Il faut hausser notre position de défense, et cela, pour dissuader. À ce titre, nous restons attachés à l’Otan et à notre partenariat avec les États-Unis, mais nous devons renforcer notre indépendance. L’avenir de l’Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou", a assuré le président de la République.
"Face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie"
"Face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie. Pour l'Ukraine, toutes les initiatives qui aident à la paix vont dans le bon sens. Mais le chemin qui mène à la paix ne peut pas passer par l'abandon de l'Ukraine", prévient Emmanuel Macron
"La menace russe est là"
"Au-delà de l'Ukraine, la menace russe est là et touche les pays d'Europe. La Russie a déjà fait du conflit ukrainien, un conflit mondial. Elle a mobilisé, sur notre continent, des soldats nord-coréens, des équipements iraniens, tout en aidant ces pays à s'armer davantage. La Russie du président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule des élections en Roumanie ou en Moldavie. Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux pour en bloquer le fonctionnement. La Russie tente de manipuler nos opinions et elle teste nos limites", a rapporté Emmanuel Macron.
"Les États-Unis ont changé de position sur la guerre en Ukraine"
"Les États-Unis ont changé de position sur la guerre en Ukraine. Ils soutiennent moins l'Ukraine et laissent planer le doute sur la suite", a déclaré le président de la République, ce mercredi 5 mars.
"Nous entrons dans une nouvelle ère", assure Emmanuel Macron
"Je m’adresse à vous ce soir en raison de la situation internationale. Vous êtes légitimement inquiets au vu des événements historiques en cours. La menace terroriste est de nouveau présente. Nous entrons dans une nouvelle ère", a déclaré Emmanuel Macron en ouverture de sa prise de parole.
Dans quel contexte Emmanuel Macron prend-il la parole ?
Vendredi dernier, le monde assistait sidéré à l'affrontement verbal entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche. Le président américain reprochait à son homologue de "jouer avec la 3e guerre mondiale" et brandissait une menace claire : soit une paix est conclue avec la Russie, soit les États-Unis abandonneront l'Ukraine. Ce lundi, Trump mettait ses menaces à exécution, en annonçant la suspension de l'aide militaire américaine allouée à l'Ukraine, avant d'assurer ce mercredi que Volodymyr Zelensky était "prêt" à négocier avec Moscou.
De leur côté, les Européens se réunissaient dimanche lors d'un sommet à Londres et insistaient sur la nécessité de maintenir le dialogue avec les États-Unis. La Commission européenne, par la voix de sa présidente Ursula Von der Leyen, a dévoilé mardi un plan de près de 800 milliards d'euros pour assurer la défense du Vieux-Continent, mais aussi pour fournir une aide "immédiate" à l'Ukraine.