Guerre au Proche-Orient : Israël élargit son offensive terrestre contre le Hezbollah dans le sud du Liban

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avec AFP/Crédits photo : HOUSSAM SHBARO / ANADOLU / ANADOLU VIA AFP , modifié à
L'armée israélienne dit ce mardi avoir élargi son offensive terrestre contre le Hezbollah dans le sud du Liban, après y avoir déployé des troupes supplémentaires et appelé les habitants à évacuer la zone côtière. 

Israël a annoncé mardi avoir élargi son offensive terrestre contre le Hezbollah dans le sud du Liban, après y avoir déployé des troupes supplémentaires et appelé les habitants à éviter la zone côtière. Au premier anniversaire lundi de l'attaque meurtrière du Hamas contre le territoire israélien, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait promis de poursuivre le combat jusqu'à la victoire contre le Hezbollah libanais et contre le mouvement islamiste palestinien, tous deux soutenus par l'Iran.

Les informations à retenir : 

- Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu menace le Liban de subir des "destructions comme à Gaza" et dit que l'État hébreu a "éliminé le remplaçant de Nasrallah"

- Paris a dénoncé une "provocation" de la part du Premier ministre israélien

- Malgré les coups infligés au Hamas et au Hezbollah, ces mouvements continuent de tirer des roquettes contre Israël

- L'agence nationale libanaise fait état d'une série de frappes sur la banlieue sud de Beyrouth

Le Hezbollah menace d'intensifier ses frappes si Israël continue de bombarder le Liban

Le Hezbollah a menacé d'intensifier ses frappes sur Israël, et notamment sur Haïfa, la grande ville du nord, si ce pays continue de bombarder le Liban. Dans un communiqué, le mouvement pro-iranien a affirmé que "Haïfa et d'autres lieux seront visés par nos roquettes, comme le sont Kyriat Shmona et Metoula", deux localités régulièrement visées dans le nord d'Israël, le long de la frontière avec le Liban.

Netanyahu menace le Liban de "destructions comme à Gaza": Paris dénonce une "provocation"

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a dénoncé mardi une "provocation" du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a menacé le Liban de "destructions et (de) souffrances comme celles que nous voyons à Gaza" s'il ne se débarrassait pas de la milice pro-iranienne Hezbollah.

"Si cette provocation était suivie d'effet, cela entraînerait le Liban, pays ami de la France déjà si fragile, dans le chaos. Et cela poserait pour Israël des problèmes de sécurité plus importants encore que ceux qui prévalaient avant les opérations militaires au Liban", a mis en garde M. Barrot, interrogé sur la télévision publique France 2. "La situation au Liban est catastrophique", a-t-il rappelé.

L'armée israélienne dit avoir "démantelé" un tunnel du Hezbollah passant en Israël

L'armée israélienne a annoncé mardi soir avoir "démantelé" un tunnel creusé par le Hezbollah à partir du sud du Liban sur une longueur de dix mètres, à l'intérieur du territoire israélien.

"Nous avons localisé et démantelé un tunnel d'environ 25 mètres de long qui traversait la frontière et [pénétrait] d'environ dix mètres [...] en territoire israélien", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne lors d'une allocution télévisée. Selon lui, le souterrain partait de la zone de la localité libanaise de Marouahine vers le village israélien de Zarit.

Netanyahu menace le Liban de subir des "destructions comme à Gaza"

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé mardi les Libanais à "sauver" leur pays en le libérant "du Hezbollah", menaçant en cas contraire le pays du Cèdre de connaître "des destructions et des souffrances comme celles que nous voyons à Gaza".

"Nous avons éliminé [Hassan] Nasrallah [chef du Hezbollah tué le 27 septembre dans une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth] et le remplaçant de Nasrallah et le remplaçant de son remplaçant", a également affirmé Benjamin Netanyahu dans un message vidéo en anglais, sans fournir de noms.

Une quatrième division déployée par Israël

Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a affirmé mardi que le Hezbollah était désormais "une organisation meurtrie et brisée", après les intenses frappes israéliennes qui l'ont visé. Malgré les coups infligés au Hamas et au Hezbollah, dont les chefs ont été tués, ces mouvements continuent de tirer des roquettes contre Israël, frontalier au sud avec la bande de Gaza et au nord avec le Liban.

L'armée israélienne a annoncé que la 146e division avait commencé lundi "des opérations limitées et localisées contre des cibles et infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud-ouest du Liban", bordant la Méditerranée.

Cette division est la quatrième qu'Israël déploie depuis le début, le 30 septembre, de son offensive terrestre dans le sud du Liban, une région dont l'armée israélienne s'était retirée en 2000 après 22 ans d'occupation.

Des frappes aériennes sur les trois bastions du Hezbollah

Dans la ville côtière de Saïda, à 40 kilomètres au sud de Beyrouth, les bateaux de pêche et les quelques embarcations sont restées à quai, au lendemain de l'appel lundi d'Israël à éviter la côte sud. "Nous sommes des pêcheurs sans autre source de revenus et maintenant tout notre travail est arrêté", a témoigné Hamza Sonbol, un pêcheur. Dans le même temps, Israël a mené des frappes aériennes sur le sud et l'est du Liban, ainsi que sur la banlieue sud de Beyrouth, les trois bastions du Hezbollah.

Le mouvement islamiste a lui revendiqué des tirs de roquettes sur des sites militaires ainsi que sur la ville de Haïfa, dans le nord d'Israël. Environ 85 projectiles ont été tirés, d'après l'armée israélienne. La plupart des roquettes sont régulièrement interceptées. Le Hezbollah a également affirmé avoir repoussé des soldats israéliens "infiltrés" dans le sud du Liban près d'une position de la Finul, la force de maintien de la paix de l'ONU.

Plus d'un million de personnes déplacées au Liban

L'engrenage des violences transfrontalières pendant un an a tourné le 23 septembre à la guerre ouverte, quand Israël a lancé une campagne de bombardements massifs sur les fiefs du Hezbollah au Liban. Depuis octobre 2023, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1.110 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Plus d'un million de personnes ont été déplacées.

"Nous avons défini les buts de la guerre et nous sommes en train de les réaliser : renverser le Hamas, ramener tous les otages à la maison, les vivants comme les morts. Il s'agit d'une mission sacrée", a déclaré lundi Benjamin Netanyahu.

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza. Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours détenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

"Assez des massacres"

Le jour anniversaire de l'attaque, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a promis une "bataille d'usure longue, douloureuse et coûteuse" pour Israël. Dans la bande de Gaza, assiégée et en proie à un désastre humanitaire, la Défense civile a annoncé mardi la mort de 17 Palestiniens, dont des enfants, dans une frappe sur une maison à Bureij, dans le centre. "C'était comme un tremblement de terre. Tous les gens ici sont des civils et des enfants!", s'est exclamé Mohamed Abou Khader au milieu des destructions. "Nous voulons que la guerre s'arrête. Nous en avons assez des massacres."

Au moins 41.965 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU. La guerre contre le Hamas et le Hezbollah s'accompagne d'une escalade entre l'Iran et Israël, qui a dit préparer une réponse à l'attaque lancée par Téhéran avec 200 missiles, le 1er octobre, contre son territoire. "Toute attaque contre les infrastructures iraniennes entraînera une réponse plus forte", a prévenu le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi.

Selon Téhéran, l'attaque du 1er octobre était une riposte à l'assassinat d'Hassan Nasrallah et à celui, le 31 juillet à Téhéran, du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans une attaque imputée à Israël. Les dirigeants occidentaux soulignent le droit d'Israël à se défendre, tout en affirmant le droit des Palestiniens à un Etat et la nécessité de mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens.