Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 226e jour de l'invasion russe

L'Ukraine a annoncé jeudi avoir reconquis 500 km2 de territoires dans le Sud.
L'Ukraine a annoncé jeudi avoir reconquis 500 km2 de territoires dans le Sud. © YASUYOSHI CHIBA / AFP
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avec AFP , modifié à
Au 226e jour de l'invasion russe, l'Ukraine a annoncé jeudi avoir reconquis 500 km2 de territoires dans le Sud, où sa contre-offensive met les troupes russes sous pression. Volodymyr Zelensky a réclamé la poursuite l'aide militaire à Kiev afin que "les chars russes n'avancent pas sur Varsovie ou encore sur Prague".
L'ESSENTIEL

L'Ukraine a annoncé jeudi avoir reconquis 500 km2 de territoires dans le Sud, où sa contre-offensive met les troupes russes sous pression, et a réclamé davantage d'armes aux Européens pour "punir" la Russie. Les troupes ukrainiennes sont à l'offensive sur tous les fronts depuis début septembre et ont déjà repris l'essentiel de la région de Kharkiv, dans le nord-est, et d'importants nœuds logistiques tels qu'Izioum, Koupiansk et Lyman (Est).

"Rien que depuis le 1er octobre et rien que dans la région de Kherson, plus de 500 km2 de territoire et des dizaines de localités ont été libérées", a déclaré jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les informations à retenir :

  • L'Ukraine a annoncé vendredi avoir repris près de 2.500 km² de territoire lors d'une dernière contre-offensive
  • Volodymyr Zelensky réclame la poursuite de l'aide militaire à Kiev et demande à l'UE plus de pression sur le secteur énergétique russe
  • Les "référendums" d'autodétermination sont sans "aucune valeur légale" aux yeux de l'ONU
  • Kiev a également reçu jeudi la visite du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Grossi

Zelensky annonce près de 2.500km² de territoires libérés 

L'armée ukrainienne a repris près de 2.500 km2 de territoire contrôlé par les forces russes lors de sa dernière contre-offensive lancée fin septembre, a affirmé vendredi le président Volodymyr Zelensky.

"Rien que cette semaine, nos soldats ont libéré 776 km2 de territoire dans l'Est de notre pays et 29 localités, dont six dans la région de Lougansk. Au total, 2.434 km2 de notre territoire et 96 localités ont déjà été libérés depuis le début de cette opération offensive", s'est-il félicité dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux.

Ces derniers jours, les troupes de Kiev ont réalisé une deuxième poussée importante, dans la région de Kharkiv (nord-est) mais aussi dans le Sud, proche de Kherson, ville contrôlée par les Russes. Mi-septembre, le président ukrainien avait indiqué que son armée avait repris près de 6.000 km2 dans une première contre-offensive lancée début septembre.

L'armée ukrainienne avait annoncé début septembre une contre-offensive dans le Sud, puis dans la région de Kharkiv, frontalière de la Russie dans le nord-est du pays, forçant les soldats de Moscou à se retirer vers d'autres positions.

Cinq civils tués dans une frappe ukrainienne dans la région de Kherson 

Au moins cinq civils ont été tués vendredi dans une frappe ukrainienne ayant touché un bus dans la région de Kherson, dans le Sud, où les forces de Kiev sont à l'offensive, a annoncé un responsable prorusse. "Des combattants des forces armées ukrainiennes ont tiré sur un bus transportant des civils sur le pont Darievski (...) ils se rendaient au travail", a indiqué sur Telegram un cadre de l'occupation russe, Kirill Stremooussov, précisant qu'il y avait au moins cinq morts et cinq blessés.

Il a diffusé la vidéo d'un bus bleu éventré de toutes parts et d'un autre véhicule endommagé dans une file d'attente d'automobiles. "Les équipes d'ambulance sont rapidement arrivées sur les lieux et ont fourni une assistance médicale d'urgence aux victimes", a-t-il ajouté.

Les forces ukrainiennes mènent depuis des semaines une contre-offensive dans cette région contrôlée par les forces de Moscou depuis les premières semaines de la guerre. Kiev a visé des ponts dans cette région à de multiples reprises afin de perturber l'approvisionnement logistique des forces russes.

La région de Kherson est l'une des quatre régions d'Ukraine dont Moscou a revendiqué l'annexion après des "référendums" dénoncés par l'ONU, Kiev et ses alliés occidentaux.

Volodymyr Zelensky réclame la poursuite de l'aide militaire et plus de pression sur le secteur énergétique russe

S'exprimant quelques heures plus tôt devant les dirigeants européens réunis en sommet, Volodymyr Zelensky a réclamé la poursuite l'aide militaire à Kiev afin que "les chars russes n'avancent pas sur Varsovie ou encore sur Prague". "Il faut punir l'agresseur", a-t-il lancé, sept mois après le début de l'invasion russe. Signe de l'agacement du Kremlin, l'ambassadeur français à Moscou Pierre Lévy a été convoqué jeudi à cause des livraisons d'armes à l'Ukraine par Paris

Volodymyr Zelensky a également demandé vendredi à l'Union européenne de "continuer" à mettre "la pression" sur le secteur énergétique russe, après l'adoption depuis l'invasion de l'Ukraine du huitième paquet de sanctions de l'UE. "Nous devons continuer à avancer dans cette direction, celle de la pression sur le secteur énergétique russe, sur cette principale source de revenus de l'État agresseur", a-t-il déclaré en s'adressant aux dirigeants européens réunis à Prague.

Les Russes affirment avoir "repoussé l'ennemi"

L'armée de Moscou a de son côté assuré dans son rapport quotidien avoir "repoussé l'ennemi" dans la même région de Kherson où Kiev revendique ses nouveaux succès. Selon elle, les forces ukrainiennes ont déployé quatre bataillons tactiques sur ce front, soit plusieurs centaines d'hommes, et "tenté à plusieurs reprises de percer les défenses" russes près de Doudtchany, Soukhanové, Sadok et Brouskinskoïé.

Les résultats des référendums n'ont "aucune valeur légale" aux yeux de l'ONU

Face aux revers de l'armée russe en Ukraine et à une mobilisation chaotique en Russie qui a poussé des centaines de milliers ses compatriotes à l'exil, le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que la situation militaire allait se "stabiliser".

Alors que Moscou ne contrôle que partiellement ces zones et y est en difficulté sur le plan militaire, Vladimir Poutine a signé mercredi une loi consacrant l'annexion de quatre régions ukrainiennes après la tenue de "référendums" d'autodétermination sans "aucune valeur légale" aux yeux de l'ONU, et dénoncés comme des "simulacres" par Kiev et ses alliés.

Autre point de friction, Moscou a fustigé jeudi des propos de Volodymyr Zelensky qui a évoqué lors d'une interview des "frappes préventives" de l'Otan contre la Russie, poussant le Kremlin à dénoncer un "appel à débuter une nouvelle guerre mondiale avec des conséquences monstrueuses et imprévisibles".

La présidence ukrainienne s'est fendue d'un message expliquant que les propos de Volodymyr Zelensky ont été mal compris et qu'il parlait de sanctions et non de frappes nucléaires.

Sur le front, des soldats ukrainiens interrogés par l'AFP ont assuré voir enfin "la lumière au bout du tunnel", grâce à leurs récents succès, après plus de sept mois d'une guerre éreintante. "Maintenant, ça va mieux", a expliqué Bogdan, 29 ans. "Nous voyons leurs succès et cela nous inspire. Si certains pensaient que nous n'allions pas assez vite, maintenant ce n'est plus le cas !"

Les bombardements se poursuivent à Zaporijjia

Les bombardements se sont poursuivis, notamment à Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, l'une des régions que Moscou affirme avoir annexées, où une frappe a fait au moins sept morts et cinq disparus, selon le gouverneur local Oleksandr Starukh.

Dans le centre de la ville, des journalistes de l'AFP ont vu deux sites ravagés par les bombes. Sur le premier, tout ce qui était au-dessus du rez-de-chaussée s'est écroulé, faisant craindre un bilan plus élevé. À quelques centaines de mètres de là, un cratère de plusieurs mètres de profondeur était visible devant un immeuble d'habitation, au toit soufflé, tout comme la plupart des fenêtres.

"Le déblayage des décombres se poursuit, après quoi il sera possible d'établir le nombre exact de morts et de blessés", a indiqué M. Starukh sur Telegram.

Dans la région de Donetsk (est), autre territoire annexé par Moscou, au moins 14 personnes ont été tuées et 3 blessées ces dernières 24 heures dans les zones sous contrôle de Kiev, selon la présidence ukrainienne.

Kiev a également reçu jeudi la visite du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, qui doit aussi se rendre à Moscou prochainement. Il est venu notamment discuter l'établissement "d'une zone de protection" autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, visée régulièrement par des tirs dont Russes et Ukrainiens se renvoient mutuellement la responsabilité.

Rafael Grossi a insisté sur le fait que cette centrale, la plus grande d'Europe, reste "évidemment" ukrainienne, malgré son appropriation formelle par Moscou mercredi via un décret signé par Vladimir Poutine.

"Nous continuons à dire ce qu'il faut faire, c'est-à-dire essentiellement éviter un accident nucléaire à la centrale, ce qui reste une possibilité très, très claire", a-t-il fait valoir. Volodymyr Zelensky a lui estimé que "seuls les spécialistes ukrainiens peuvent garantir qu'il n'y aura aucun incident à la centrale de Zaporijjia".