Alors que l'hiver approche, l'armée russe a mené de nouvelles frappes d'ampleur mardi sur les infrastructures énergétiques de l'Ukraine, dont près d'un tiers des centrales électriques ont ainsi été détruites en une semaine. "Les forces armées russes ont continué de frapper avec des armes aériennes et maritimes de haute précision et à longue portée le commandement militaire et les systèmes énergétiques d'Ukraine", a indiqué le ministère russe de la Défense dans son rapport quotidien, assurant que "toutes les cibles ont été touchées".
Les informations à retenir :
- La diplomatie ukrainienne propose à Zelensky de rompre ses liens avec l'Iran
- "30% des centrales détruites", selon Zelensky
- Zelensky refuse de négocier avec Poutine
- 43 drones iraniens envoyés par l'armée russe, selon l'Ukraine
- Un avion russe s'écrase dans un quartier résidentiel proche de la frontière
L'armée russe s'apprête à évacuer la population de Kherson
L'armée russe s'apprête à évacuer la population de la ville de Kherson, capitale de la région éponyme annexée par la Russie dans le sud ukrainien, face à une contre-offensive de Kiev, a annoncé mardi le commandant des forces russes en Ukraine.
"L'armée russe va assurer avant tout l'évacuation sécurisée de la population" de Kherson où les frappes ukrainiennes visant les infrastructures civiles "créent une menace directe pour la vie des habitants", a déclaré le général Sergueï Sourovikine à la chaîne de télévision publique russe Rossia 24, en soulignant que la situation en ville était "très difficile".
L'Ukraine accuse la Russie d'avoir "enlevé" deux employés d'une centrale nucléaire
L'opérateur ukrainien Energoatom a accusé mardi la Russie d'avoir "enlevé" deux cadres de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, qu'elle occupe depuis mars dans le sud de l'Ukraine. Selon Energoatom, le chef du service informatique Oleg Kostioukov et l'adjoint au directeur de la centrale Oleg Ocheka ont été emmenés par les forces russes lundi "vers une destination inconnue".
L'opérateur ukrainien a appelé sur les réseaux sociaux le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, à "faire tous les efforts" possibles pour obtenir leur libération.
La diplomatie ukrainienne propose de rompre ses liens avec l'Iran
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a proposé mardi à son président, Volodymyr Zelensky, de rompre les liens diplomatiques avec l'Iran, accusé de fournir des drones à Moscou pour ses bombardements.
"Compte tenu des nombreuses destructions causées par les drones iraniens à l'infrastructure civile de l'Ukraine, des morts et des blessés causés à notre peuple (...) je soumets à l'examen du président une proposition de rupture des relations diplomatiques avec l'Iran", a déclaré Dmytro Kouleba dans une vidéo postée sur Facebook.
"30% des centrales détruites", selon Zelensky
"Depuis le 10 octobre, 30% des centrales électriques ukrainiennes ont été détruites, provoquant des pannes massives dans tout le pays", a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Twitter, réitérant son refus de négocier avec son homologue russe Vladimir Poutine. "La situation est critique maintenant dans tout le pays, car nos régions sont dépendantes les unes des autres", a déclaré un conseiller de la présidence, Kyrylo Timochenko, demandant "que tout le pays se prépare à ce qu'il puisse y avoir des pannes d'électricité, d'eau et de chauffage".
Another kind of Russian terrorist attacks: targeting energy & critical infrastructure. Since Oct 10, 30% of Ukraine’s power stations have been destroyed, causing massive blackouts across the country. No space left for negotiations with Putin's regime. @United24mediapic.twitter.com/LN4A2GYgCK
— Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) October 18, 2022
Vers midi GMT, ces attaques avaient fait au moins un mort à Mykolaïv (sud) et deux, voire trois à Kiev, selon les autorités, et touché des villes et villages dans tout le pays. Des pannes d'électricité étaient signalées dans la capitale et d'autres régions. Lundi déjà, des frappes russes, à l'aide notamment de drones kamikazes, avaient fait au moins neuf morts, dont cinq à Kiev, et provoqué des coupures de courant dans trois régions.
Et une semaine auparavant, le 10 octobre, des bombardements russes d'une ampleur inégalée depuis des mois, également sur les infrastructures énergétiques, avaient fait au moins 19 morts et 105 blessés. Les alliés occidentaux de Kiev avaient alors promis plus de systèmes de défense antiaérienne, dont certains ont déjà été livrés.
En Ukraine, plus de 1.100 localités seraient toujours privées d'électricité après les frappes russes, d'après les services d'urgence.
43 drones iraniens envoyés par l'armée russe, dit l'Ukraine
Toujours dans le secteur énergétique, l'opérateur ukrainien Energoatom a accusé mardi l'armée russe d'avoir "enlevé" deux cadres de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), la plus grande d'Europe, occupée depuis mars par les forces de Moscou. La centrale est régulièrement victime de bombardements et de coupures de courant depuis l'invasion russe le 24 février, faisant craindre une catastrophe nucléaire.
"Sur les dernières 24 heures, l'ennemi a lancé dix attaques de missiles et 58 attaques aériennes, et effectué jusqu'à 60 tirs de lance-roquettes multiples", a résumé mardi matin l'état-major ukrainien. Ce dernier a également fait état de l'envoi par l'armée russe de 43 drones "Shahed-136 de fabrication iranienne", dont "38 ont été abattus par des soldats ukrainiens", et revendiqué "22 frappes" menées lundi par l'aviation ukrainienne, montrant une fois de plus que la Russie n'a pas réussi à établir sa suprématie aérienne.
"Le fait même que la Russie appelle l'Iran à l'aide est la reconnaissance par le Kremlin de sa faillite militaire et politique", a raillé Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux.
La Russie ne voit "aucun sens" à garder la même présence diplomatique en Occident
La Russie ne voit "aucun sens" à garder la même présence diplomatique en Occident, a affirmé mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, en annonçant que Moscou allait désormais se concentrer sur l'Asie et l'Afrique.
"Il n'y a aucun sens et aucune envie, naturellement, de garder la même présence dans les pays occidentaux", a déclaré M. Lavrov, lors d'une rencontre avec des jeunes diplômés récemment embauchés par le ministère russe des Affaires étrangères. "Les pays du tiers monde, en Asie comme en Afrique, ont besoin au contraire d'une attention supplémentaire", a-t-il assuré.
Kiev, Mykolaïv, Dnipro... Le point sur l'offensive sur le terrain
Les Russes "continuent de faire ce qu'ils font le mieux - terroriser et tuer des civils. A Mykolaïv, l'ennemi a détruit un immeuble d'habitation avec des missiles S-300. Une personne a été tuée", a dénoncé Volodymyr Zelensky. Selon les autorités locales, la victime était un homme de 55 ans retrouvé dans les décombres de l'immeuble après une frappe nocturne.
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A Kiev, le parquet a fait état de deux morts et un blessé après "une attaque de missiles contre une installation d'approvisionnement en énergie sur la rive gauche de la capitale". Le maire Vitali Klitschko a évoqué trois morts, des employés du site visé. L'opérateur DTEK a rapporté des "interruptions" dans l'approvisionnement en électricité et en eau pour les habitants de la rive gauche.
A Dnipro, "les Russes ont frappé une infrastructure énergétique (...) avec deux missiles. Il y a un incendie et de graves dégâts", a indiqué le chef de l'administration militaire régionale, Valentyn Reznichenko, évoquant coupures de courant et d'eau à travers la région. A Kharkiv, "l'ennemi a lancé huit missiles sur la ville depuis la ville russe de Belgorod", selon le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov, qui n'a pas signalé de victime.
L'armée russe a affirmé mardi avoir repris un village, Gorobivka, dans la région de Kharkiv - une première depuis qu'elle avait été chassée en septembre de cette zone D'autres bombardements ont touché la ville de Jytomyr, à l'ouest de Kiev, y coupant eau et électricité. Lundi, les bombardements russes avaient déjà touché Kiev, les environs de Kharkiv, Soumy (nord-est), Donetsk (est), Dnipropetrovsk (centre-est), Kherson (sud) et Mykolaïv.
Ces bombardements, "un signe de désespoir" russe selon les États-Unis
Les Russes "attaquent des infrastructures essentielles (...) Les choses dont les gens ont besoin dans leur vie quotidienne et qui ne sont pas des cibles militaires", a estimé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. "C'est un signe de désespoir de la part de la Russie". L'armée russe est sur la défensive sur l'essentiel du front en Ukraine, reculant depuis septembre aussi bien dans le nord que l'est et le sud. Le seul tronçon où elle avance encore est la zone de la ville de Bakhmout (est), qu'elle tente de prendre aux Ukrainiens depuis l'été.
La mobilisation partielle de centaine de milliers de réservistes russes, décidée par Vladimir Poutine après ses lourdes pertes en Ukraine, n'est pas achevée "pour le moment", a indiqué le Kremlin. En dépit de ce contexte, 108 femmes, en grande partie des militaires, ont pu être libérées à la faveur d'un nouvel échange de prisonniers avec la Russie, selon la présidence ukrainienne.
Un avion russe s'écrase dans un quartier résidentiel
En Russie même, l'armée ukrainienne a bombardé deux villages dans la région frontalière de Koursk, Tiotkino et Popovo-Lejatchi, provoquant des coupures d'électricité, ont affirmé mardi les autorités russes. Dans la région de Belgorod, également frontalière de l'Ukraine, les tirs ukrainiens ont frappé une gare ferroviaire, provoquant des dégâts et faisant un blessé, selon le gouverneur Viatcheslav Beglov.
La veille, non loin de là, 13 personnes avaient été tuées et 19 blessées à la suite de la chute d'un avion militaire russe qui a provoqué un gigantesque incendie à Ieïsk (sud-ouest). L'avion s'est écrasé dans un immeuble résidentiel où habitaient 600 personnes de cette ville de 90.000 habitants située en face de la ville ukrainienne de Marioupol, dévastée par un siège des forces russes au début du conflit. Les enquêteurs russes ont dit mardi privilégier la piste d'un "défaut technique" sur l'avion.