1:59
  • Copié
avec AFP / Crédits photo : Christophe Ena / POOL / AFP , modifié à
Au 19e jour du conflit, le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dans le cadre de sa tournée au Moyen-Orient. En parallèle, le gouvernement du Hamas a annoncé la mort de 6.500 Palestiniens depuis le début de la riposte militaire israélienne. Europe 1 fait le point.

Le président français Emmanuel Macron poursuit mercredi au Caire un déplacement visant à prévenir l'escalade militaire après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et à relancer le "processus de paix" pour la création d'un État palestinien. Après une première étape mardi en Israël, où il a présenté les condoléances d'un "pays ami, éploré devant l'acte terroriste le plus terrible de votre Histoire", le chef de l'Etat cherche à rencontrer des dirigeants arabes. Après s'être entretenu à Amman avec le roi Abdallah II, il s'est entretenu au Caire avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avant de prendre la parole publiquement.

Les principales informations : 

  • Emmanuel Macron annonce l'envoi d'un navire militaire pour "soutenir" les hôpitaux de Gaza
  • Au moins 80 personnes auraient perdu la vie dans des frappes israéliennes sur Gaza, indique le gouvernement du Hamas
  • Plus de 100 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza
  • L'arrivée de l'aide humanitaire à Gaza est "une goutte d'eau dans un océan" pour l'ONU

Aucun militaire français à Gaza, affirme Macron

Peu après sa prise de parole aux côtés du président égyptien, Emmanuel Macron a déclaré à la presse qu'"il n'était pas prévu d'envoyer des militaires français dans la bande de Gaza". Vers 16 heures cet après-midi, un navire militaire baptisé "Tonnerre" a quitté Toulon pour se diriger vers Gaza.

Un navire français envoyé pour "soutenir" les hôpitaux de Gaza

Dans une déclaration à la presse, aux côtés de son homologue égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, Emmanuel Macron a annoncé l'envoi d'un navire français destiné à "soutenir" les hôpitaux à Gaza. Selon les informations d'Europe 1, c'est un bâtiment de projection et de commandement (BPC) appelé "Tonnerre" a quitté le port de Toulon (sud) vers 16 heures pour se rendre en Méditerranée orientale, au large de Gaza. Le porte-hélicoptères amphibie sera accompagné de plusieurs bateaux d'escorte.

"Un avion français se posera dès demain sur votre sol (en Égypte, ndlr) (..) pour livrer du matériel médical", a-t-il ajouté, en précisant que "d'autres suivront", alors que l'aide humanitaire s'accumule en Égypte depuis des jours avant de passer au compte-gouttes à Gaza au grand dam de l'ONU.

Un nouveau bilan de 31 Français tués

Le nombre de Français tués dans l'attaque surprise du Hamas le 7 octobre en Israël s'établit désormais à 31 morts, a indiqué mercredi le président français Emmanuel Macron au Caire, ajoutant que neuf autres étaient "otages" aux mains des terroristes. Retrouvez toutes les annonces du chef de l'État ici.

Devant Macron, Sissi appelle à éviter une "invasion terrestre de Gaza"

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé mercredi Israël à éviter une "invasion terrestre de Gaza" aux côtés de son homologue français Emmanuel Macron car elle fera "un grand nombre de victimes civiles". Au 19e jour de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en Israël, dont l'armée bombarde depuis en représailles la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, Israël menace d'envahir le petit territoire frontalier de l'Egypte.

L'Égypte, un médiateur incontournable entre Palestiniens et Israéliens

L'Égypte est un médiateur incontournable entre Palestiniens et Israéliens et est partie des négociations pour la libération des plus de 200 otages enlevés en Israël par le Hamas. Elle tient également l'unique ouverture sur le monde de Gaza qui ne soit pas contrôlée par Israël. C'est depuis l'Égypte que parviennent au compte-goutte depuis samedi des camions d'aide humanitaire, au grand dam de l'ONU qui réclame une aide massive pour les 2,4 millions de Gazaouis privés de tout.

Abdallah II a estimé aux côtés d'Emmanuel Macron qu'"arrêter la guerre à Gaza est une nécessité absolue" car "sa poursuite pourrait mener à une explosion de la situation dans la région". Il faut que la communauté internationale, a-t-il encore dit, "agisse immédiatement pour faire pression sur Israël pour faire cesser la guerre, protéger les civils et briser le siège de Gaza". Emmanuel Macron a également plaidé pour un "accès à l'électricité en particulier pour les hôpitaux" et un "accès à l'eau et à l'aide alimentaire" à Gaza, après avoir rencontré l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Plus de 6.500 Palestiniens sont morts, indique le Hamas

Mardi, devant le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Emmanuel Macron avait martelé qu'"une vie palestinienne vaut une vie israélienne", en appelant Israël à mesurer sa riposte à l'attaque du Hamas qui a fait plus de 1.400 morts, en grande partie des civils, dont 30 Français. Neuf Français sont en outre portés disparus et probablement otages. "Nous vous exhortons, président Macron, à faire cesser cette agression", a répondu Mahmoud Abbas.

Le gouvernement du Hamas au pouvoir à Gaza fait état de 6.546 personnes décédées, en majorité des civils dont 2.704 enfants, tuées par les bombardements israéliens depuis le 7 octobre. Emmanuel Macron, rattrapé lui-même par des attentats islamistes en France, a donc pris soin d'afficher une politique équilibrée dans la région, avec l'ambition d'y jouer un rôle pour tenter de surmonter le séisme provoqué par l'attaque du Hamas. Il souhaite ainsi réactiver la "solution à deux Etats", palestinien et israélien. Cette pierre angulaire des négociations de paix, au point mort depuis des années, ne cesse de subir des coups de boutoir.

Israël accuse Erdogan de défendre "l'organisation terroriste" Hamas

Le ministère israélien des Affaires étrangères a fermement dénoncé mercredi les propos du président turc Recep Tayyip Erdogan qui a qualifié les hommes du Hamas de "libérateurs qui protègent leur terre". "Même la tentative du président turc de défendre l'organisation terroriste et ses mots provocateurs ne changeront rien aux horreurs que le monde entier a vues, ni à ce fait sans équivoque: Hamas = groupe Etat islamique", selon un communique du ministère israélien des Affaires étrangères.

Coalition contre le Hamas

L'extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, annexée, rend impossible la continuité d'un hypothétique Etat palestinien. Et, en 2020, trois pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, renonçant à faire de la création d'un Etat palestinien une condition sine qua non à cette reconnaissance. "Il est difficile en ce moment de parler de la reprise d'un processus de paix", a concédé M. Macron alors qu'Israël panse encore ses plaies après des massacres sans précédent de civils sur le sol israélien.

"Mais elle est plus que jamais nécessaire" pour éviter que les "groupes terroristes les plus radicaux" ne continuent à prospérer, a-t-il déclaré à Ramallah. "Il ne peut y avoir de paix durable s'il n'y a pas la reconnaissance du droit légitime du peuple palestinien de disposer d'un Etat", a-t-il insisté.

La proposition d'une "coalition" internationale au révélateur

Emmanuel Macron entend aussi tester auprès des pays de la région sa proposition d'une "coalition" internationale pour "lutter" contre le Hamas. Selon son entourage, il s'agirait de créer une nouvelle coalition ou d'étendre au combat contre le Hamas celle qui existe depuis 2014 pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, à laquelle participent Paris mais aussi des pays arabes. Pour l'heure, les experts doutent de la possibilité d'étendre ou répliquer la coalition visant l'EI.

De nombreux pays arabes ne partagent pas la position des Occidentaux sur le Hamas. Certains sont en outre ouvertement hostiles à Israël. Face à un risque d'embrasement du conflit, le président français a aussi appelé l'Iran, puissant soutien du Hamas, et ses alliés régionaux, le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen, à "ne pas prendre le risque d'ouvrir de nouveaux fronts".