Un haut responsable américain a assuré jeudi que l'appel international à un cessez-le-feu au Liban, lancé par les États-Unis, la France, l'Union européenne et plusieurs pays arabes, était une "percée importante". 1:41
  • Copié
avec AFP / Crédits photo : Daniel Carde / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP , modifié à
Une frappe israélienne a visé un commandant du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, a indiqué jeudi une source proche du mouvement, l'armée israélienne indiquant de son côté mener actuellement des "frappes précises" sur la capitale libanaise. Suivez notre direct.
L'ESSENTIEL

Israël a promis jeudi de combattre le Hezbollah au Liban "jusqu'à la victoire", rejetant un appel international à un cessez-le-feu de 21 jours pendant que les frappes aériennes massives se poursuivent sur l'est et le sud du pays. Pour la quatrième journée consécutive, l'armée israélienne a mené des dizaines de frappes contre le mouvement islamiste, soutenu par l'Iran, qui a annoncé avoir visé des installations de production militaire près de Haïfa, le grand port du nord d'Israël.

Les informations à retenir :

  • La France et les États-Unis, rejoints par des pays arabes et européens, ont appelé mercredi à un cessez-le-feu temporaire de 21 jours entre Israël et le Hezbollah
  • Joe Biden a averti qu'une "guerre généralisée est possible" au Moyen-Orient
  • Emmanuel Macron a appelé "avec force Israël à cesser l'escalade au Liban et le Hezbollah à cesser les tirs"
  • Une frappe israélienne vise un commandant du Hezbollah à Beyrouth, selon une source proche du parti
  • Une Française de 87 ans décède après "une forte explosion" dans le sud

La France s'oppose à ce que le Liban "devienne un nouveau Gaza"

La France s'oppose à ce que le Liban "devienne un nouveau Gaza" a déclaré jeudi le président Emmanuel Macron, évoquant le nombre "absolument choquant" de victimes civiles, lors d'un voyage au Canada. "Israël doit cesser ses frappes et le Hezbollah sortir de sa logique de représailles", a-t-il ajouté à Montréal lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Le ministre d'extrême droite israélien Ben Gvir menace de boycotter les travaux du gouvernement en cas de cessez-le-feu au Liban

Le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir menace de boycotter les travaux du gouvernement si Israël accepte un cessez-le-feu temporaire avec le Hezbollah au Liban, proposé par les Etats-Unis et leurs alliés.

"Si un cessez-le-feu temporaire avec le Hezbollah est signé, la formation (Otzma Yehudit, ou Force juive en français, NDLR) ne remplira pas toutes les obligations au sein de la coalition - notamment le vote, la participation aux réunions et toutes les activités de la coalition" gouvernementale, a-t-il déclaré dans un communiqué de son parti. Il a en outre prévenu qu'il démissionnerait si le cessez-le-feu devenait permanent.

Une "guerre totale serait dévastatrice pour Israël et le Liban", selon le ministre américain de la Défense

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a affirmé jeudi qu'une "guerre totale" entre Israël et le Hezbollah serait "dévastatrice" pour le Liban et Israël, et a appelé à "une solution diplomatique" au moment où les frappes aériennes massives se poursuivent au Liban.

"Nous faisons face au risque d'une guerre totale" qui "serait dévastatrice à la fois pour Israël et le Liban", a déclaré Lloyd Austin en déplacement à Londres où il rencontrait ses homologues britannique et australien, ajoutant qu'un cessez-le-feu "pourrait également être utilisée pour conclure et mettre en place un cessez-le-feu à Gaza".

L'armée israélienne affirme que sa frappe à Beyrouth a tué le chef de l'unité de drones du Hezbollah

L'armée israélienne a affirmé avoir tué le chef de l'unité de drones du Hezbollah, Mohammed Srour, dans une frappe à Beyrouth jeudi. "Des avions de chasse ont ciblé et éliminé (Mohammed Srour, NDLR), le commandant de l'unité aérienne du Hezbollah, à Beyrouth", a déclaré l'armée dans un communiqué. Une source proche de la formation libanaise avait affirmé auparavant que ce commandant du Hezbollah avait bien été visé par une frappe israélienne ce jour.

Deux morts dans la frappe israélienne sur le fief du Hezbollah près de Beyrouth

Deux personnes ont été tuées jeudi et 15 blessées dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, a annoncé le ministère de la Santé libanais. "La frappe de l'ennemi israélien sur la banlieue sud de Beyrouth a tué deux personnes et blessé quinze autres, dont une femme qui se trouve dans une condition critique", selon un communiqué du ministère.

L'armée israélienne a indiqué avoir identifié environ 40 projectiles tirés jeudi après-midi depuis le Liban sur Israël en l'espace de deux minutes. "Entre 16h06 (13h06 GMT) et 16h08 dans la région de la Haute Galilée, environ 40 projectiles provenant du Liban ont été identifiés", a déclaré l'armée, précisant que plusieurs ont été interceptés et que d'autres "sont tombés dans la région".

Décès d'une Française de 87 ans après une "forte explosion" dans le sud

Une ressortissante française de 87 ans est décédée après une "forte explosion" dans un village du sud du Liban, en proie à d'intenses bombardements israéliens, a-t-on appris jeudi auprès du ministère français des Affaires étrangères.

"Nous déplorons le décès survenu lundi dernier d'une compatriote âgée de 87 ans dans un village proche de la ville de Tyr" où l'immeuble dans lequel elle résidait s'est effondré après une "forte explosion", a indiqué le Quai d'Orsay à l'AFP, sans précision quant à l'origine de l'explosion. La France n'a pas connaissance d'autres victimes françaises "à ce stade" dans le reste du pays, de même source.

Le chef de l'unité des drones du Hezbollah visé dans une frappe israélienne

Une frappe israélienne a visé un commandant du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, a indiqué jeudi une source proche du mouvement, l'armée israélienne indiquant de son côté mener actuellement des "frappes précises" sur la capitale libanaise. Il s'agit de la quatrième frappe menée en une semaine sur cette banlieue de la capitale, fief du Hezbollah, visant des responsables du mouvement libanais pro-iranien.

La frappe israélienne jeudi sur la banlieue sud de Beyrouth visait le chef de l'unité des drones du Hezbollah, a indiqué une source proche du mouvement pro-iranien, sans préciser s'il avait été tué ou blessé. "La frappe israélienne a visé le commandant de l'unité des drones, Mohammed Srour, dit Abou Saleh, dont le sort n'est pas encore connu", a déclaré cette source sous couvert de l'anonymat. De son côté, Israël a annoncé avoir mené des "frappes précises à Beyrouth", sans plus de détails.

Des bombardements dans l'est du Liban

Des bombardements intenses ont notamment visé l'est du Liban, l'un des fiefs du Hezbollah, où une frappe a fait 20 morts, presque tous des Syriens, à Younine, une localité proche de Baalbeck, selon le ministère libanais de la Santé. 

"C'était indescriptible, parmi les nuits les pires que nous ayons vécues. On se dit qu'il n'y a qu'une seconde entre la vie et la mort", a raconté à l'AFP Fadia Rafic Yaghi, une femme de 70 ans propriétaire d'un petit magasin à Baalbeck. "Il y a des choses qui volent au-dessus de vos têtes et vous ne savez pas si elles vont vous tomber dessus ou pas", a-t-elle témoigné, pendant que les secouristes fouillaient les décombres dans plusieurs lieux de la région.

Jeudi, l'armée a annoncé que son aviation avait attaqué 75 objectifs militaires du Hezbollah, dans le sud du Liban et dans la plaine de la Békaa, dans l'est. Elle a dit également avoir frappé récemment des infrastructures liées au Hezbollah le long de la frontière avec la Syrie. Selon l'armée, 45 "projectiles" ont été tirés jeudi depuis le Liban vers Israël.

Les bombardements, qui ont fait plus de 600 morts depuis lundi, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90.000 personnes sur les routes au Liban, selon l'ONU. Plus de 22.000 d'entre elles sont entrées en Syrie, ont indiqué des sources de sécurité dans ce pays.

France, États-Unis et des pays arabes appellent à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours"

Face à cette escalade qui menace d'entraîner le Proche-Orient dans la guerre, la France et les Etats-Unis, rejoints par des pays arabes, occidentaux et européens, ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" pour "donner une chance à la diplomatie". "Il est temps de parvenir à un règlement à la frontière israélo-libanaise qui garantisse la sécurité et permette aux civils de rentrer dans leurs foyers", ont écrit les présidents français et américain, Emmanuel Macron et Joe Biden.

Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah "avec toute la force nécessaire". "Il s'agit d'une proposition américano-française à laquelle le Premier ministre n'a même pas répondu", a indiqué son bureau.

Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé sur X qu'il n'y aurait "pas de cessez-le-feu dans le nord" et que le combat contre le Hezbollah continuerait "jusqu'à la victoire et jusqu'au retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers". Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, d'extrême droite, a lui aussi rejeté tout cessez-le-feu, affirmant que l'objectif restait "l'écrasement du Hezbollah".

Montée des tensions depuis l'explosion d'appareils de transmission du Hezbollah

En guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le "centre de gravité" de ses opérations vers le nord du pays, pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés, dans cette région frontalière avec le Liban visée par des tirs de roquettes du Hezbollah depuis près d'un an.

Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement. Le Hezbollah, allié du Hamas, a promis de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

Biden avertit du risque d'une "guerre généralisée" au Proche-Orient

Mercredi, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible offensive terrestre, réveillant le souvenir de la dernière guerre entre Israël et le puissant mouvement islamiste en 2006.

Joe Biden, dont le pays est le principal allié d'Israël, a de nouveau averti mercredi du risque d'une "guerre généralisée" au Proche-Orient, même si le Pentagone a jugé qu'une offensive terrestre n'apparaissait pas "imminente".

L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir frappé "plus de 2.000 cibles" du Hezbollah depuis lundi. Selon le gouvernement, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an. "C'est une véritable angoisse. Nous ne savons pas ce qui va se passer, si les roquettes vont se rapprocher, si elles vont atteindre Haïfa. Nous entendons des 'boums' comme des feux d'artifice", a témoigné Fida Khoury, une habitante de la ville âgée de 28 ans.

Le Qatar, un des pays médiateurs dans la guerre à Gaza, a affirmé jeudi ne pas avoir connaissance d'un "lien direct" entre les négociations sur une trêve dans le territoire palestinien et les efforts internationaux en faveur d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.