La Russie a revendiqué mardi de nouvelles frappes "massives" sur les infrastructures de l'Ukraine, ciblant particulièrement des installations énergétiques, au lendemain de bombardements de grande ampleur qui ont suscité un tollé occidental. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a participé mardi à une réunion virtuelle d'urgence du G7 consacrée à cette offensive russe.
Commentant cette réunion, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé la situation "claire et bien prévisible". "La confrontation va se poursuivre", a-t-il déclaré.
Les informations à retenir :
- L'Ukraine exhume des dizaines de civils tués dans les villes reconquises
- Zelensky accuse Moscou de vouloir "entraîner la Biélorussie dans la guerre"
- De nouvelles frappes russes ont été menées en Ukraine ce mardi
- L'ONU annonce que les frappes russes de lundi "pourraient avoir violé" le droit de la guerre
- Le G7 se réunit en urgence ce mardi
L'Ukraine a exhumé des dizaines de civils tués dans des villes reconquises dans l'Est
Le bureau du procureur général d'Ukraine a annoncé mardi avoir exhumé les corps de 78 civils dans deux villes de la région de Donetsk, dans l'est du pays, récemment reconquises par les forces ukrainiennes. "Des sites de nombreuses sépultures ont été découverts dans les villes libérées de Sviatoguirsk et Lyman", a-t-il indiqué, faisant état de 34 corps exhumés à Sviatoguirsk et 44 à Lyman. Selon cette source, certains corps exhumés à Sviatorguirsk présentaient des marques de "mort violente", et les dépouilles calcinées de deux personnes ont été retrouvées dans une voiture.
A Lyman, ce sont quelque 110 tombes qui ont été dénombrées et desquelles 44 corps ont été exhumés dans l'immédiat, y compris ceux "d'un enfant de un an et de toute sa famille". L'Ukraine a accusé les forces russes de nombreuses exactions, découvrant à l'occasion de retraites russes les tombes de civils tués ou des victimes de torture ou d'exécution sommaire. La Russie dément systématiquement ces accusations.
32 prisonniers russes libérés dans un échange
La présidence ukrainienne a annoncé mardi avoir obtenu la libération de 32 soldats ukrainiens dans la cadre d'un échange avec la Russie, ainsi qu'avoir récupéré le corps d'un Israélien ayant combattu du côté de l'Ukraine. "Aujourd'hui, un nouvel échange de prisonniers a été réalisé, on a réussi à libérer 32 militaires et à récupérer le corps de l'Israélien Dmytro Fialka", a indiqué sur Telegram le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak.
Zelensky accuse Moscou de vouloir "entraîner la Biélorussie dans la guerre"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé mardi Moscou de vouloir "entraîner la Biélorussie dans la guerre" et a réclamé auprès du G7 une mission d'observation internationale à la frontière entre l'Ukraine et le Bélarus.
"La Russie tente d'entraîner directement la Biélorussie dans cette guerre", a-t-il dénoncé, selon le texte en anglais de son discours diffusé par la présidence ukrainienne. Lundi, Minsk a annoncé la création d'une force militaire commune avec son allié russe et accusé Kiev de fomenter une attaque contre la Biélorussie, laissant craindre son intervention directe dans le conflit en Ukraine.
La Russie frappe des installations énergétiques en Ukraine
Dans la matinée, la Russie a poursuivi les tirs contre son voisin, frappant notamment très loin du front les installations énergétiques de l'Ouest. La ville de Lviv est désormais privée à 30% d'électricité, selon la mairie. La ville de Zaporijjia (sud), non loin du front et pilonnée par les Russes ces dernières semaines, a essuyé mardi, selon les autorités ukrainiennes, une salve de douze missiles de type S-300 qui se sont abattus sur des infrastructures "civiles", faisant un mort.
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Des frappes ont causé de "sévères destructions" sur des installations énergétiques dans la région de Dnipro (Centre), privant de courant "de nombreux villages", selon le gouverneur régional. Contrairement à lundi, aucun missile n'est tombé sur la capitale ukrainienne Kiev. Le ministère russe de la Défense s'est lui félicité que ces "frappes massives" contre des "cibles de commandement militaire et du système énergétique de l'Ukraine" aient "atteint leur objectif".
Les bombardements sont d'une ampleur moindre que lundi, lorsque des dizaines de missiles, roquettes et drones se sont abattus sur l'Ukraine en représailles de l'attaque, "terroriste" selon Vladimir Poutine, qui a partiellement détruit samedi le pont reliant la Russie à la Crimée annexée en 2014. Hautement symbolique et stratégique, ce viaduc sert à l'approvisionnement des troupes russes dans le sud ukrainien où les forces de Kiev mènent une contre-offensive.
Un dernier bilan de 19 morts et 105 blessés
Les frappes ont visé des infrastructures militaires, énergétiques et de communication ukrainiennes, mais ont également touché des sites purement civils, comme une université, un terrain de jeu, des parcs ou un pont piéton en plein centre-ville de Kiev. Le dernier bilan fait état de 19 morts et 105 blessés dans le pays. Plus de 300 localités restaient privées d'électricité dans l'ensemble du pays.
L'opérateur électrique desservant la capitale, DTEK, a annoncé que, faute de puissance suffisante, "dès mardi" des coupures de courant régulières allaient affecter différents quartiers au moment où l'hiver approche et que les Ukrainiens craignent des pénuries d'eau, de chauffage et d'électricité. Le gouvernement ukrainien a lui appelé la population à "limiter" sa consommation d'électricité.
De nouvelles frappes massives dans la matinée
Pour sa part, le gouverneur de la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a accusé mardi Kiev d'avoir mené une frappe sur une installation électrique qui a privé de courant "plus de 2.000 habitants". "L'armée ukrainienne a bombardé un poste électrique à Chebekino", une localité russe à sept kilomètres de la frontière ukrainienne, a indiqué sur Telegram Viatcheslav Gladkov, précisant qu'il n'y avait pas eu de victimes.
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Plus tôt mardi, l'armée russe avait dit avoir mené de nouvelles frappes massives en Ukraine, notamment contre des installations électriques.
Poutine reçoit le directeur de l'AIEA
De son côté, Vladimir Poutine doit recevoir le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, pour parler notamment de la sécurité de la centrale ukrainienne de Zaporijjia que la Russie occupe depuis mars, et qu'elle s'est appropriée en revendiquant fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes. Depuis des mois, Russes et Ukrainiens s'accusent de tirer dans la zone et de risquer de provoquer un accident nucléaire.
Mardi, l'opérateur ukrainien Energoatom a accusé en outre la Russie d'avoir "kidnappé" un responsable des ressources humaines de la centrale et d'utiliser "probablement des méthodes de torture et d'intimidation" contre lui.
Appel turc à un cessez-le-feu
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a lui lancé un appel à un cessez-le-feu "dès que possible" entre les belligérants. Une rencontre entre les présidents Poutine et Recep Tayyip Erdogan est prévu jeudi au Kazakhstan, en marge d'un sommet régional. Moscou comme Kiev estiment que la négociation est impossible.
Les Occidentaux ont eux réaffirmé leur soutien à Kiev après la vague de bombardements de lundi, Joe Biden promettant des "systèmes perfectionnés" de défense antiaérienne, tout comme l'Allemagne. L'Union européenne a dénoncé des frappes s'apparentant à des "crimes de guerre". Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé "une escalade inacceptable". Le président ukrainien a lui martelé que son pays "ne peut pas être intimidé".
La Biélorussie va-t-elle rentrer directement dans le conflit ?
Vladimir Poutine a accusé dimanche l'Ukraine d'avoir organisé l'explosion qui a détruit une partie du pont de Crimée, construit à grands frais. Kiev n'a ni confirmé ni démenti son implication. L'attaque contre le pont est intervenue après une série de revers militaires russes dans le nord-est, l'est et le sud de l'Ukraine, face à une armée ukrainienne forte des approvisionnements en armes occidentales.
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Signe de ces difficultés, Vladimir Poutine a ordonné la mobilisation de centaines de milliers de réservistes en septembre, une décision qui a provoqué le départ massif de Russes du pays. Il a promis lundi d'autres répliques "sévères" en cas de nouvelles attaques contre la Russie, mais sans renouveler sa menace de recours à l'arme nucléaire proférée en septembre.
Seul allié de Moscou dans cette guerre, tout en s'étant gardé d'envoyer ses troupes en Ukraine, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a accusé Kiev de préparer une attaque contre son pays annonçant en conséquence le déploiement des troupes russo-bélarusses, sans préciser leur localisation. Mardi, Minsk a assuré que cette force commune était "purement défensive". Le Bélarus a prêté son territoire à l'armée russe pour permettre l'invasion de l'Ukraine en février.