Législatives en Espagne : "Pedro Sanchez va devoir négocier, et sans doute avec des nationalistes"

Pedro Sanchez 1280 3:50
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Romain David , modifié à
La majorité relative décrochée par le socialiste Pedro Sanchez, lors des législatives espagnoles dimanche, pourrait le contraindre à s'allier avec des nationalistes, comme le souligne sur Europe 1 Barbara Loyer, professeure à l'institut Français de géopolitique.
INTERVIEW

Moins d'un mois avant les élections européennes, les législatives espagnoles ont vu la victoire du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. Mais en l'absence de majorité absolue - son camp (PSOE) a recueilli 29% des voix -, il y a fort à parier qu'il doive désormais se trouver des alliés pour pouvoir diriger le pays. 

"Le pays va prendre du temps à être gouverné. Pedro Sanchez va devoir négocier, et sans doute avec des nationalistes", relève au micro d'Europe 1 Barbara Loyer, professeure à l'Institut Français de Géopolitique et à l'université Paris 8. "Or, ces nationalistes, notamment catalans et basques, réclament l'autodétermination et Pedro Sanchez a dit pendant sa campagne qu'il n'en était pas question."

Négocier ou ne pas négocier pour diriger ? 

Le socialiste pourrait donc être amené, pour se trouver des soutiens, à faire des concessions sur des sujets susceptibles d'embraser la péninsule. "Il va sans doute négocier sur des thématiques électriques : par exemple, peut-il accorder ou non une grâce aux personnes qui sont susceptibles d'être condamnées pour sédition ou rébellion, en l'occurrence les élus catalans qui sont actuellement jugés ?", interroge notre spécialiste. "Non seulement il faut négocier, mais les thèmes de la négociation peuvent susciter des débats houleux dans le reste de l'Espagne."

Autre option pour Pedro Sanchez, s'il craint de déroger aux engagements pris pendant sa campagne en s'alliant avec d'autres partis : gouverner en minorité. "Je pense que les socialistes ne vont pas se décider trop vite, parce qu'ils doivent déjà remporter des élections municipales, régionales, puis européennes à la fin du mois de mai", rappelle Barbara Loyer.

La rapide progression de l'extrême-droite

Autre enseignement de ce scrutin : la percée de l'extrême-droite. Le parti Vox, encore quasiment inconnu il y a un an, recueille 9,97% des suffrages, soit 24 sièges au Parlement. Les projections annonçaient toutefois un score encore plus important pour le parti de Santiago Abascal. "Il est plutôt rassurant de voir que dans le cas d'une crise géopolitique interne extrêmement importante, avec le défi des séparatistes nationalistes catalans, les électeurs ont réagi en votant plutôt au centre, pour des partis constitutionnalistes qui défendent la présence de l'Etat dans l'ensemble de l'Espagne", relève Barbara Loyer. "De ce point de vue-là, c'est une nouvelle rassurante sur l'affaiblissement d'une polarisation [entre séparatistes et partisans de l'Etat, ndlr] qui semblait être en train de s'aggraver".

La rapide ascension de Vox sonne toutefois comme un avertissement aux yeux de cette spécialiste de l'Espagne : "En partant de rien du tout - ils sont apparus en décembre de l'année dernière en Andalousie –, ils ont réussi à rassembler des candidats pour toutes les provinces d'Espagne", constate-t-elle.