Des dizaines de milliers de morts, et un conflit qui entre dans son 1.000e jour ce mardi. La guerre entre Moscou et Kiev se poursuit, plus de deux ans après l'invasion de l'Ukraine décidée par Vladimir Poutine le 24 février 2022. Bien que les deux camps ne communiquent pas de bilan total, selon le Wall Street Journal, ce conflit armé a fait un million de victimes entre morts et blessés. Europe 1 revient sur les principales phases de la guerre en Ukraine jusqu'à ce mardi.
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24 février 2022 : Vladimir Poutine déclenche l'opération militaire russe en Ukraine
"J'ai pris la décision d'une opération militaire" : c'est avec ces mots que le président russe Vladimir Poutine annonce le début de l'invasion de l'Ukraine, dans la nuit du 23 au 24 février 2022 au cours d'une allocution télévisée. Dans ce discours, le maître du Kremlin justifie cette opération par sa volonté de défendre les séparatistes de l'est de l'Ukraine, et "démilitariser et dénazifier" son voisin pro-occidental.
Le président russe a reconnu quelques jours plus tôt l'indépendance des "républiques" séparatistes autoproclamées dans les régions de Donetsk et de Lougansk, dans le Donbass, où un conflit armé avec l'armée ukrainienne est en cours depuis 2014. Une offensive de grande ampleur est engagée. De Kiev, le président Volodymyr Zelensky mène la résistance.
Les Occidentaux imposent à la Russie une cascade de sanctions. Dans le même temps, Bruxelles et Washington débloquent des milliards d'euros pour fournir une aide, à commencer par des armes, à l'Ukraine. Les forces russes progressent rapidement dans le sud, s'emparant en particulier de Kherson.
Dès mars, elles occupent dans le sud la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, mais ne réussissent pas à encercler Kiev et à prendre Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d'Ukraine.
2 avril 2022 : scène d'horreur à Boutcha
Le 2 avril, les corps d'au moins 20 civils sont découverts dans une rue de Boutcha en banlieue de la capitale ukrainienne. C'est la première d'une série de découvertes macabres dans des villes désertées par les forces russes, qui déclenchent un tollé international et des enquêtes pour crimes de guerre imputés à Moscou, qui nie toute responsabilité.
Six jours après, la gare de Kramatorsk, à l'est du pays, est victime d'une attaque russe causant la mort d'au moins 57 personnes. Le 21 mai, la Russie prend la cité portuaire de Marioupol (sud-est), après un siège dévastateur et la reddition de combattants ukrainiens retranchés dans l'usine sidérurgique d'Azovstal.
Juin 2022 : sanglante bataille à Bakhmout, les forces russes quittent Kherson
Fin août, l'Ukraine lance une offensive pour reprendre Kherson et une sanglante bataille se déroule dans la ville orientale de Bakhmout, face aux mercenaires du groupe Wagner. Début septembre, l'armée russe est poussée à une humiliante retraite dans la région frontalière de Kharkiv. Le 30 septembre, Vladimir Poutine revendique l'annexion les régions de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia, sans toutefois les contrôler complètement. Mais, le 9 novembre, l'armée russe doit quitter Kherson, se retranchant sur l'autre rive du Dniepr, le grand fleuve qui traverse l'Ukraine.
Le 15 novembre, un missile atterrit en Pologne, pays membre de l'Otan, et tue deux civils polonais. La tension monte sur la scène internationale, car en vertu de l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord, l'agression d'un pays membre doit entraîner la réaction des autres États. Si Volodymyr Zelensky a dans un premier temps attribué ce tir à la Russie, ce tir est finalement provenu du système de défense anti-aérien ukrainien, particulièrement sollicité ce soir-là.
La Russie effectue tout au long de l'hiver des bombardements massifs sur le réseau électrique ukrainien, ce qui plonge des millions de personnes dans le noir et le froid.
Début 2023 : envoi de chars lourds à l'Ukraine
En janvier 2023, l'armée russe, renforcée par 300.000 réservistes et les paramilitaires de Wagner, repasse à l'offensive, particulièrement dans le Donbass. Kiev obtient enfin de ses alliés des chars lourds modernes, en particulier des Leopard allemands. En mai, Washington promet des chars Abrams et autorise la livraison d'avions de chasse F-16. Néanmoins, après des mois de carnage, la Russie annonce le 20 mai s'être emparée de Bakhmout.
Février 2024 : les Ukrainiens se retirent d'Avdiïvka après une première contre-offensive
Préparée pendant des mois, la contre-offensive ukrainienne commence en juin sur les fronts sud et est, mais se heurte à de puissantes lignes défensives creusées par les Russes. L'opération est un échec. Mi-février 2024, l'armée ukrainienne se retire de la ville-forteresse d'Avdiïvka, près de Donetsk, offrant à Moscou son premier gain territorial significatif depuis la prise de Bakhmout. Depuis, les soldats russes continuent de grignoter du terrain dans le Donbass, la cible prioritaire du Kremlin.
En manque d'hommes et de munitions face à un adversaire mieux armé et plus nombreux, l'armée ukrainienne est en difficulté et appelle les Occidentaux à l'aide. La Russie relance ses frappes sur le réseau électrique en représailles aux bombardements ukrainiens sur ses raffineries de pétrole.
Avril 2024 : une aide américaine de plus de 60 milliards de dollars approuvée à la Chambre des représentants
Pour augmenter les effectifs des troupes ukrainiennes face à la poussée russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky promulgue une loi controversée facilitant l'enrôlement et appelle les Occidentaux, dont l'aide s'est tarie sur fond de querelles politiques, à prouver que l'Ukraine est "vraiment leur alliée".
À Washington, après des mois de blocage, la Chambre des représentants approuve finalement le 23 avril une enveloppe cruciale de quelque 61 milliards de dollars. Le président Joe Biden promet à Volodymyr Zelensky que cette aide arrivera "rapidement". Le Kremlin assure, quant à lui, qu'elle ne changera "rien" à la dynamique du conflit.
Août-septembre 2024 : échec d'une nouvelle contre-offensive ukrainienne
Malgré l'avancée des forces russes dans l'est de l'Ukraine, une contre-offensive ukrainienne surprise s'organise en août 2024, dans la région de Koursk en Russie. Ainsi, 1.000 km² de territoire sont pris par Kiev. Cette avancée finit par ressembler à une occupation armée face à un pouvoir russe hésitant, voire désemparé dans les choix tactiques à opposer à Kiev sur son propre territoire. L'armée russe contre-attaque le 12 septembre, et finit par remettre la main sur ses différentes localités.
17 novembre 2024 : feu vert des États-Unis à l'utilisation de missiles de longue portée
Annoncée par Vladimir Poutine comme une ligne rouge à ne pas franchir, l'utilisation de missiles de longue portée pour l'Ukraine en Russie est accordée par les États-Unis le 17 novembre 2024, par l'intermédiaire de Joe Biden. La Russie promet une réponse "appropriée" sur le champ de bataille en cas de tir par Kiev de ces engins explosifs, à la veille du 1.000e jour du conflit.