Après les élections européennes, un nouveau collège de 27 commissaires européens - un par pays membre de l'UE - est nommé pour une durée de cinq ans. Et chaque commissaire se voit attribuer un domaine de compétences. Pour la France, c'est l'ancien ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, qui a été préféré à Thierry Breton, pour occuper le poste de "vice-président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle". Voici les nouveaux visages principaux de la Commission.
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Kaja Kallas, la diplomate en cheffe
L'ancienne Première ministre estonienne, 47 ans, a déjà été nommée cheffe de la diplomatie européenne par les 27 en juin dernier. Une des meilleures alliées de l'Ukraine en Europe, elle a été placée par Moscou sur une liste de personnes recherchées. Balte, et donc sensible à la menace russe, elle devra aussi prouver qu'elle n'est pas seulement concentrée sur la Russie au moment où une autre guerre fait rage au Moyen-Orient.
Haut-Représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, son titre officiel, elle est aussi vice-présidente de la Commission européenne. Elle devra représenter l'Union européenne dans le monde, en coopération étroite avec les Etats membres, jaloux de leurs prérogatives nationales en matière de politique étrangère et de défense.
Stéphane Séjourné, le proche d'Emmanuel Macron
Personne n'attendait à Bruxelles le ministre français sortant des Affaires étrangères Stéphane Séjourné. Mais il a été préféré au dernier moment à Thierry Breton, actuel commissaire au Marché intérieur, qui se préparait à un deuxième mandat de cinq ans. Il aura le titre de "vice-président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle".
Proche du président français Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné, 39 ans, connaît bien la "bulle" bruxelloise après avoir été le patron de Renew, la formation centriste au Parlement européen. Peu réputé pour sa connaissance des questions économiques, il devra désormais s'imposer au sein d'un collège où le portefeuille économique est aussi entre les mains de l'actuel vice-président de la Commission chargé du commerce, Valdis Dombrovskis.
Teresa Ribera, l'experte du climat
La ministre espagnole de l'Écologie Teresa Ribera, 55 ans, a été nommée mardi vice-présidente de la Commission européenne, chargée de la transition "juste, propre et compétitive". Experte des questions environnementales, elle devra "s'assurer que nous gardons le cap par rapport aux objectifs fixés par le Pacte vert", précise la lettre de mission que lui a envoyé Ursula von der Leyen.
Proche du Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez, elle se voit surtout attribuer le secteur de la concurrence, un domaine clé, où la Commission dispose de pouvoirs importants et d'une grande autonomie.
Raffaele Fitto, l'Italien controversé
Actuellement ministre des Affaires européennes dans le gouvernement d'extrême-droite de Giorgia Meloni, Raffaele Fitto, 55 ans, a été nommé vice-président au sein de la nouvelle Commission européenne. L'Italie "retrouve son rôle central" dans l'Union, a immédiatement réagi la dirigeante italienne, évoquant cette nomination contre laquelle la gauche et le centre au Parlement européen avaient multiplié les mises en garde.
La nouvelle Commission européenne doit recevoir l'aval des eurodéputés avant de pouvoir entrer en fonctions, et l'audition de Raffaele Fitto s'annonce houleuse. Il est pourtant le plus "bruxellois" des partisans de Giorgia Meloni, après avoir été élu trois fois député au Parlement européen. Il est aussi considéré comme un des ministres les plus centristes dans le gouvernement d'extrême-droite au pouvoir à Rome.
Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense et à l'Espace
Deux fois ancien Premier ministre, crédité du redressement économique de son pays lors de la crise financière de 2008, le Lituanien Andrius Kubilius a été nommé commissaire européen à la Défense et à l'Espace, nouveau poste créé par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, pour faire face à la menace russe et à la guerre en Ukraine. Il devra muscler la défense en Europe, une priorité de la nouvelle Commission. Mais l'étendue de ses responsabilités, et les moyens dont il disposera, restent encore à préciser.
Il n'y a ni armée ni ministre de la Défense de l'UE, mais Bruxelles s'occupe néanmoins d'industries de défense, particulièrement depuis le renforcement de la menace russe après l'annexion de la Crimée en 2014.
Piotr Serafin, le plus européen des Polonais
Grand connaisseur des arcanes européennes, Piotr Serafin est l'homme de confiance à Bruxelles du Premier ministre polonais Donald Tusk. Actuel représentant permanent de son pays auprès de l'Union européenne, ce haut-fonctionnaire a presque exclusivement travaillé sur les sujets européens. Il se voit attribuer le portefeuille du budget, un secteur clé avant les difficiles négociations qui s'annoncent pour fixer les perspectives financières à venir dans l'Union européenne.
Oliver Varhelyi, la voix d'Orban
Actuel commissaire européen à l'Elargissement, le Hongrois Oliver Varhelyi, 52 ans, est l'homme du Premier ministre Viktor Orban à Bruxelles. A ce titre, il s'est fait quelques ennemis, tant la Hongrie a mis des bâtons dans les roues de l'UE, essentiellement sur le dossier ukrainien, en partie géré par Oliver Varhelyi. Kiev est candidate à rejoindre l'UE et les négociations sont pilotées par le commissaire hongrois.
Ursula von der Leyen a décidé cette fois de lui confier le portefeuille plus discret de la Santé et du bien-être animal. Son audition au Parlement européen s'annonce néanmoins difficile, d'autant plus qu'il a un jour qualifié les eurodéputés d'"idiots", pensant son micro coupé. Il pourrait néanmoins être reconduit, de peur que Viktor Orban ne propose un candidat encore plus inflexible.