Mossoul Mosul 1280 Mahmoud al-Samarrai / AFP 3:12
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Gwendoline Debono, envoyée spéciale en Irak , modifié à
De très nombreux acteurs sont engagés dans la bataille pour reprendre Mossoul, dernière ville encore tenue par les combattants de l'Etat islamique en Irak. Ce qui rend sa préparation compliquée.
L'ENQUÊTE DU 8H

En Irak, la bataille de Mossoul se prépare. Des milliers de combattants s’apprêtent à donner l’assaut, avec l’aide de la coalition internationale, d'ici la fin du mois. Mossoul est le fief de l’Etat islamique, la capitale de son califat autoproclamé, mais aussi la deuxième ville d’Irak et la dernière encore tenue par les djihadistes dans ce pays. L'offensive s'annonce donc majeure. L'envoyée spéciale d'Europe 1 à Mossoul a assisté aux préparatifs.

Une multitude de combattants. Aux abords de la ville prend forme une mosaïque d’uniformes impressionnante. Sur la ligne de front la plus proche de Mossoul, depuis les hauteurs de cette colline de rocaille, on distingue très bien la ville qui n’est qu’à 11 kilomètres. Cette position est tenue par les Peshmergas, les combattants kurdes. Ils sont appuyés par des chars turcs, à cela s’ajoutent des miliciens de confessions sunnite et chiite, ainsi que des mercenaires étrangers. En roulant quelques kilomètres au sud, on tombe sur les unités de l’armée régulière irakienne. Nous avons aussi pu voir des soldats américains transporter des véhicules blindés flambant neufs vers les lignes de front.

Des réunions qui n'en finissent pas. Avec autant de forces engagées dans le conflit, il n'est pas aisé de mettre tout le monde d'accord. Dans cette offensive, tous ces combattants veulent s’investir le plus possible car ils savent qu’il faudra avoir payé le prix du sang à Mossoul pour peser dans l’Irak de demain. Résultat, les discussions entre les commandants n’en finissent pas, que ce soit sur le front ou dans des hôtels de luxe. Ce général kurde, qui attend d’attaquer un verrou stratégique près de Mossoul, résume son emploi du temps, dépité : "Des réunions, des réunions, des réunions... et jusqu’à maintenant aucune date exacte. On attend que nos forces puissent se coordonner avec l’armée irakienne mais aussi les miliciens chiites. On a des problèmes les uns avec les autres, les miliciens veulent prendre le dessus, la coalition ne veut pas qu’ils y aillent et on ne sait toujours pas qui aura le dernier mot", déplore-t-il.

"On s'ennuie". Résultat : le front est figé. L'Etat islamique envoie bien quelques mortiers sur les positions adverses mais globalement "on s’ennuie", lâche un soldat kurde dans son avant-poste. "On ne fait que des tours de garde. Si ça se trouve, Daech sera encore à Mossoul dans deux ans". Ce ne sera pas le cas, mais les milliers de soldats qui encerclent la ville n’ont qu’une hâte : que le combat s’engage enfin. Alors même s’il n’y a pas de combats à proprement parlér, l’Etat islamique a récemment mené des attaques éclair à 80 kilomètres au sud de Mossoul contre les positions des forces irakiennes. C'est un endroit clé car c’est là que se trouve la principale base arrière des opérations.

Les djihadistes se tiennent prêts. Le général Najim al-Jubouri, qui commande la bataille de Mossoul, nous reçoit dans une de ces places fortes, entouré par une dizaine de militaires américains. "Les djihadistes ont une bonne raison d’essayer de nous fixer à l’extérieur de la ville. Ils nous attaquent là pour protéger leurs chefs qui restent à l’intérieur de Mossoul. Ils ont conscience que si nos troupes entrent dans Mossoul, il faut qu’ils envoient des combattants se battre à l’extérieur le plus longtemps possible pour protéger leur commandant", explique-t-il. C’est aussi le sens des témoignages que nous avons obtenus à l’intérieur de Mossoul : les djihadistes se tiennent prêt. Ils minent l’entrée de plusieurs quartiers, construisent des tunnels sous leurs base. "Ils protègent la tête du serpent", dit un commandant irakien, "mais nous finirons par la couper".