Quelque 13 millions d'Allemands sont appelés aux urnes dimanche pour trois élections régionales dans un pays en proie aux doutes face à l'afflux de réfugiés, des scrutins qui pourraient faire plonger le camp d'Angela Merkel et s'envoler la droite populiste.
La chancelière a fait campagne pour son parti. Pour éviter un revers trop cuisant de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), la chancelière a battu la campagne, multipliant les meetings électoraux, notamment dans le Bade-Wurtemberg, fief conservateur en péril, et en Rhénanie-Palatinat où la CDU est au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates (SPD). Samedi, la dirigeante a encore consacré l'essentiel de son ultime intervention publique à la crise des réfugiés qui a brouillé les cartes politiques, menaçant son piédestal pour la première fois en dix ans au pouvoir.
Les réfugiés : le thème central de la campagne.Elle a insisté sur le "devoir" qu'avaient les réfugiés de s'intégrer, tout en martelant que les solutions européennes promises depuis des mois allaient réduire le nombre de migrants s'engageant dans l'odyssée périlleuse vers le Nord de l'Europe. L'Allemagne est en ébullition depuis qu'elle a ouvert ses portes en 2015 à plus d'un million de demandeurs d'asile. Incendies de foyers de demandeurs d'asile, population scandalisée par des agressions sexuelles commises par des migrants à Cologne: les Allemands, qui avaient dans un premier temps accueillis les réfugiés avec des friandises et des oursons en peluche, semblent déboussolés.
La droite populiste espère un score historique dimanche. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), jeune formation créée il y a trois ans pour contester l'euro, est pressentie comme la grande gagnante de ces scrutins, créditée d'entre 9% et 19% des intentions de vote selon la région. A l'issue du vote dimanche, l'AfD, qui siège au Parlement européen, pourrait être représentée dans la moitié des 16 parlements régionaux. En Saxe-Anhalt, avec 19% dans les sondages, elle dispute même la place de deuxième force politique régionale à la gauche radicale, die Linke. Et ce bien que cette région déshéritée d'ex-Allemagne de l'Est accueille peu de réfugiés.
Certains experts politiques notent toutefois qu'aussi contestée qu'elle soit, Angela Merkel demeure incontournable et sans rival capable de la battre. Sa popularité a d'ailleurs amorcé un rebond ces dernières semaines.