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Henri de Laguérie, édité par Romain David , modifié à
Bien qu'il ne se soit pas encore officiellement déclaré, l’ancien chef du gouvernement français s'active auprès des élites catalanes. 
L'ENQUÊTE DU 8H

Il n’y a plus beaucoup de suspense. Manuel Valls donnera sa réponse à la mi-juillet, mais à chaque fois qu’il en a l’occasion, il explique que cette bataille l’intéresse, qu'il s'agirait d'un beau défi. "Un Français maire de Barcelone, voilà qui incarnerait l’Europe", selon l'ancien Premier ministre de François Hollande. Depuis que la crise catalane a éclaté à l’automne dernier, Manuel Valls est très présent en Espagne, et il a choisi son camp : celui des adversaires de l’indépendance. Il pourrait donc défendre en mai 2019 les couleurs de Ciudadanos, le parti de centre droit.

Un important réseaux d'élus et de patrons. Il y a trois semaines, alors qu’il recevait un prix des mains d’un lobby unioniste, il a fait un pas de plus vers une candidature. "Vous pourrez toujours compter sur moi dans ce combat", a-t-il lâché, dans un parfait catalan. Pour préparer cette candidature, Manuel Valls rencontre beaucoup de monde. Il connait bien les élites catalanes. La semaine dernière, il s’est réuni avec plusieurs élus locaux, et a dîné avec le directeur du quotidien La Vanguardia. Le député français s’est aussi entretenu avec quelques grands patrons qui verraient d’un bon œil ce transfert. Des assesseurs lui préparent également des notes et le conseillent.

Un parachutage qui agace. Si cette candidature a d'abord fait sourire à Barcelone, elle est désormais prise très au sérieux. D'autant plus que, comme il s'agit d'une élection à la proportionnelle, une victoire de Manuel Valls est tout à fait possible. Il pourrait d’ailleurs gouverner en coalition avec les socialistes et la droite. Les premiers sondages internes sont plutôt bons. Reste qu’il devra lutter contre cette image de parachuté. Hors micro, la maire actuelle, Ada Colau, a fait part de sa colère à Europe 1. "Il a échoué en France alors il vient chez nous", s'agace celle qui a été élue avec le soutien de Podemos.

"Je ne crois pas qu’il connaisse Barcelone". Dans les rues de Barcelone, beaucoup d'habitants ne cachent pas leur scepticisme. "Pour faire de la politique municipale, il faut aller dans la rue, connaître la ville et les problèmes des gens. Or ce monsieur doit connaître Evry, la ville dont il a été maire, mais je ne crois pas qu’il connaisse Barcelone", tacle auprès d'Europe 1 Jordi, un électeur indépendantiste. Et c’est vrai qu’il a encore des lacunes. Interviewé il y a quelques jours par une radio catalane, Manuel Valls n'a pas su répondre lorsqu’on lui a demandé quel était le quartier le plus pauvre de la ville. Il lui reste encore un an pour potasser.