Espagne : Pedro Sánchez embarrassé par une affaire de corruption

Pedro Sánchez
Réélu secrétaire général du PSOE en 2017 par les militants, Pedro Sánchez avait alors fait de José Luis Ábalos le numéro trois du parti. © BORJA PUIG DE LA BELLACASA / LA MONCLOA / AFP
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avec AFP / Crédit photo : BORJA PUIG DE LA BELLACASA / LA MONCLOA / AFP
Ce lundi, le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sánchez a exigé que l'ancien ministre des Transports, José Luis Ábalos, impliqué dans un scandale de corruption autour de la vente de masques durant la crise sanitaire, démissionne de la Chambre des députés, où il occupe toujours un siège depuis qu'il a quitté le gouvernement en 2021 lors d'un remaniement.

Un scandale de corruption autour de la vente de masques durant la pandémie de Covid-19 et impliquant un collaborateur d'un ex-ministre très proche de Pedro Sánchez embarrasse le Premier ministre espagnol, qui tente d'étouffer une affaire politiquement explosive. Lundi, le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sánchez a exigé de cet ancien ministre des Transports, José Luis Ábalos, qu'il démissionne de la Chambre des députés, où il occupe toujours un siège depuis qu'il a quitté le gouvernement en 2021 lors d'un remaniement.

"José Luis Ábalos n'est pas inculpé (...), nous ne sommes pas des procureurs, ni des juges", mais le Parti socialiste "considère qu'il existe une responsabilité politique" et "nous l'appelons donc à quitter son siège d'ici 24 heures", a déclaré la porte-parole de la formation, Esther Peña. L'affaire est très sensible, car José Luis Ábalos a été durant des années un membre important du premier cercle du Premier ministre espagnol et l'un des rares à lui être resté fidèle après son éviction en 2016 de la tête du parti à la suite de résultats électoraux désastreux.

Réélu secrétaire général du PSOE en 2017 par les militants, Pedro Sánchez avait alors fait de José Luis Ábalos le numéro trois du parti et l'avait fait rentrer au gouvernement après son arrivée au pouvoir en 2018.

Un appartement au nom de sa fille de deux ans

Soupçonné d'avoir perçu des commissions occultes sur des contrats de vente de masques à l'administration publique durant la pandémie, l'homme de confiance de José Luis Ábalos, Koldo García, a été interpellé par la police mercredi. Cet homme à la stature imposante, qui était toujours dans l'ombre de son patron, est accusé de s'être servi de ses fonctions pour faciliter l'obtention de contrats de vente de masques, au pire moment de la pandémie, au bénéfice d'une société qui lui reversait ensuite des commissions. Les révélations autour de son enrichissement personnel présumé font depuis la semaine dernière la Une des journaux.

Selon la plainte formulée par le parquet spécial anti-corruption, Koldo García a notamment acheté trois appartements entre 2020 et 2022 dans la station balnéaire de Benidorm (sud-est), dont l'un au nom de sa fille ... de deux ans à l'époque, afin de brouiller les pistes. Le parquet note dans sa plainte que le montant de l'argent perçu en liquide par M. García et ne provenant pas de ses activités habituelles a "particulièrement augmenté en mars 2020, au moment de l'attribution des contrats". L'Espagne était alors en première ligne de la pandémie de Covid-19 et soumise à l'un des confinements les plus sévères au monde.

"Première pièce"

Cette affaire est très embarrassante pour Pedro Sánchez, d'autant qu'elle intervient au début d'une législature compliquée par la fragilité de sa majorité, celle-ci dépendant du bon vouloir des indépendantistes catalans. Aussi a-t-il affirmé samedi qu'il serait "implacable" avec la corruption. "Ce gouvernement, qui est né de la nécessité d'en finir avec la corruption de l'ancienne administration (...), est le porte-étendard de l'exemplarité", a-t-il lancé en référence à son arrivée au pouvoir en 2018, à la faveur d'une motion de censure contre le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, empêtré dans un énorme scandale. "Qui faute doit payer", a-t-il insisté, sans mentionner directement le nom de José Luis Ábalos.

Principale formation de l'opposition de droite, le Parti Populaire (PP) s'est dit lundi, par la voix de son porte-parole Borja Semper, "convaincu qu'Ábalos est la première pièce, mais pas la dernière," à tomber. "Le Parti socialiste cherche à bâtir un pare-feu autour de Sánchez", mais "personne n'y croit", a-t-il ajouté, en sous-entendant que ce scandale pourrait éclabousser directement le Premier ministre. Afin de "lever tout doute" sur les accusations d'enrichissement grâce à des contrats durant la pandémie, le Parti socialiste a annoncé qu'il proposerait la création d'une commission d'enquête parlementaire. 

Une figure du PP, la présidente de la région de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, avait été secouée en 2022 par une polémique autour d'une commission de plus de 200.000 euros touchée par son frère sur la vente de matériel sanitaire en 2020. "Il est absolument dégoûtant de voir que certains ont voulu (...) s'enrichir alors que nous vivions une situation difficile", a insisté Esther Peña, citant nommément Koldo García et le frère d'Isabel Díaz Ayuso.