Donald Trump a annoncé dimanche le départ de sa ministre de la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, affichant ainsi sa frustration croissante face aux obstacles rencontrés par sa politique d'immigration au moment où le nombre d'interpellations de clandestins est au plus haut.
"La ministre de la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen va quitter ses fonctions, et je voudrais la remercier pour son travail", a tweeté laconiquement dimanche soir le président américain. Il a ajouté qu'il la remplaçait par Kevin McAleenan, jusque-là chef du service américain des douanes et de protection des frontières (CPB). Ce dernier aura le titre de ministre de la Sécurité intérieure par intérim.
L'immigration depuis le Mexique, un constat d'échec ?
Le président américain s'était justement rendu vendredi avec Kirstjen Nielsen à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, où il a commencé à faire ériger un mur pour empêcher le passage des candidats à l'immigration illégale. Il se plaint régulièrement de la faiblesse des lois américaines sur l'immigration et bataille avec le Congrès pour financer ce mur qui est l'une des principales promesses de sa campagne de 2016. "Notre pays est au COMPLET !" a tweeté Donald Trump dimanche soir, reprenant une expression qu'il martèle depuis cette visite.
La police aux frontières estime à plus de 100.000 au mois de mars le nombre d'interpellations d'immigrants qui transitent par le Mexique mais sont pour la plupart originaires de trois pays d'Amérique centrale - Honduras, Salvador, Guatemala. Il s'agit, selon elle, du plus haut total mensuel depuis environ 10 ans.
Une ministre déjà fragilisée
Dans ce contexte, le départ de la ministre de Sécurité intérieure apparaît comme une nouvelle manifestation de l'impatience du milliardaire républicain face à ce qu'il perçoit comme une absence de progrès sur un dossier qui est un marqueur de sa présidence. Le président avait reçu Kirstjen Nielsen en fin de journée, dimanche, mais la ministre était arrivée sans aucune intention de démissionner, selon le Washington Post.
La position de Kirstjen Nielsen, 46 ans, est apparue à plusieurs reprises fragilisée ces derniers mois. En juin 2018, elle avait dû défendre publiquement la politique de séparation des familles de migrants qui avait scandalisé le monde, devenant le visage stoïque d'une décision à laquelle elle était pourtant réputée ne pas être favorable. Donald Trump avait finalement reculé devant le tollé et mis fin à cette pratique consistant à séparer les enfants de leurs parents dans un but de dissuasion.
Les démocrates ont immédiatement interprété le départ de la ministre de la Sécurité intérieure comme une nouvelle escalade dans sa politique anti-immigration. Plusieurs candidats démocrates à la présidentielle de 2020 ont eu des mots durs pour Kirstjen Nielsen.
Une accélération de sa politique anti-immigration
Donald Trump a multiplié ces dernières semaines les signes de sa volonté d'aller plus loin sur l'immigration. Il a déclaré une situation d'urgence nationale pour pouvoir mobiliser des milliards de dollars nécessaires à la construction du mur frontalier. Il a menacé la semaine dernière le Mexique d'une fermeture de la frontière, estimant qu'il ne faisait pas suffisamment pour empêcher les migrants d'Amérique centrale de traverser son territoire.
Donald Trump a finalement renoncé face aux avertissements dans son propre camp sur les conséquences dévastatrices qu'aurait eu une telle mesure pour l'économie. Mais il a encore mis en garde le Mexique dimanche : Agissez ou "nous n'aurons pas d'autres choix que de Fermer la Frontière et/ou introduire des Taxes" douanières. Enfin, il a décidé la semaine dernière de changer de candidat à la direction de la police anti-immigration (ICE). "Nous voulons aller dans une direction plus dure", a-t-il justifié.