Donald Trump dénonce une "chasse aux sorcières". Le président américain a réagi jeudi aux appels à la démission de son ministre de la Justice, dans l'affaire des contacts supposés de ce dernier et d'autres fidèles alliés avec des proches du Kremlin.
Jeff Sessions a toujours la confiance "totale" du président. Soutien de la première heure du président républicain, dont il a inspiré la politique anti-immigration, le ministre de la Justice Jeff Sessions a reconnu avoir rencontré l'ambassadeur russe aux États-Unis à deux reprises l'année dernière, en contradiction apparente avec des déclarations récentes. "Jeff Sessions est un honnête homme", a écrit Donald Trump dans un communiqué jeudi soir, au terme d'une journée agitée par cette affaire au Capitole et dans les médias américains. Il l'avait plus tôt assuré de sa confiance "totale".
"Il n'a rien dit de faux". Donald Trump reconnaît toutefois que son ministre aurait pu répondre "plus précisément" lorsqu'une commission parlementaire l'a interrogé sur ses éventuels contacts avec des responsables russes. Jeff Sessions a en effet plus tard admis avoir eu de tels contacts pendant la campagne mais en sa qualité de sénateur et non de représentant de la campagne de Donald Trump. "Mais ce n'était clairement pas intentionnel", poursuit le président. "Il n'a rien dit de faux."
"Une véritable chasse aux sorcières". "Toute cette histoire est une façon de ne pas perdre la face pour les démocrates qui ont perdu une élection que tout le monde pensait qu'ils devaient gagner", accuse encore Donald Trump, assurant que l'opposition a "perdu le sens de la réalité". "La véritable histoire, c'est toutes les fuites illégales d'informations classées et d'autres informations. C'est une véritable chasse aux sorcières !", conclut-il.
À coups de fuites et révélations, Donald Trump ne parvient pas à mettre un terme à cette affaire russe, qui l'a déjà conduit à se séparer de son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, le 13 février. Un nombre croissant de parlementaires de l'opposition démocrate mais aussi de la majorité républicaine appelaient à ce que "l'Attorney General" s'exclue de lui-même de l'enquête conduite par le FBI sur la campagne de piratage et de désinformation attribuée à Moscou.
Une enquête ? L'existence de cette enquête, rapportée par de multiples journaux américains, n'a pas été confirmée officiellement. Lors d'une conférence de presse, Jeff Sessions a finalement annoncé jeudi qu'il se récusait dans toute enquête sur la campagne. Et il a expliqué que c'était son rôle de sénateur de rencontrer des diplomates et qu'il avait parlé de "choses normales" avec l'ambassadeur russe, disant ne pas se souvenir si le sujet de l'élection avait été abordé.
Cette affaire à tiroirs alimente les soupçons sur le rapprochement envisagé par le nouveau locataire de la Maison-Blanche avec Vladimir Poutine. Sous l'administration Obama, Washington a accusé Moscou d'avoir mené en 2016 une campagne d'influence pour tenter de discréditer Hillary Clinton et aider son adversaire républicain. Donald Trump a nié à plusieurs reprises toute collusion, bien que l'enquête ait mis en évidence des contacts entre des membres de son équipe et des proches du Kremlin, selon plusieurs médias.
La nomination d'un procureur indépendant est réclamée. La récusation de Jeff Sessions ne suffira pas aux démocrates, qui continuaient d'appeler à sa démission après sa conférence de presse en l'accusant de mensonge, voire de parjure. Ils réclament également la nomination d'un procureur indépendant pour faire toute la lumière sur les ingérences russes et d'éventuelles collusions politiques américaines.