Etats-Unis : Joe Biden va-t-il commuer les condamnations à mort fédérales avant le retour de Donald Trump ?
Alors que les dernières exécutions fédérales aux Etats-Unis remontent à la présidence Trump finissante, les organisations de défense des droits humains intensifient leur pression sur Joe Biden pour qu'il commue les condamnations à mort fédérales avant son départ de la Maison Blanche. Au total, il y a 40 condamnés par la justice fédérale américaine.
Les organisations de défense des droits humains intensifient leur pression sur le président américain sortant Joe Biden pour qu'il commue les condamnations à mort fédérales avant son départ de la Maison Blanche, redoutant une "vague d'exécutions" sous Donald Trump.
Les exécutions fédérales sont rares, l'immense majorité étant réalisées par les Etats, actuellement autour d'une vingtaine par an. Quelque 2.300 prisonniers se trouvent dans le couloir de la mort aux Etats-Unis, dont seulement 40 condamnés par la justice fédérale.
13 exécutions fédérales lors de la présidence Trump
Les dernières exécutions fédérales remontent à la présidence Trump finissante. Après 17 ans d'interruption, 13 condamnés avaient été mis à mort entre le 14 juillet 2020 et le 16 janvier 2021, quatre jours avant l'investiture de son successeur démocrate Joe Biden.
Dans une lettre ouverte à Joe Biden lundi, plus de 130 organisations, dont la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU ou Amnesty International Etats-Unis, lui rappellent son engagement de campagne en 2020 contre la peine de mort et saluent le moratoire sur les exécutions fédérales décrétées en mai 2021 par son administration.
Elles l'exhortent à "consolider son engagement à réparer les injustices en exerçant son droit de grâce par la commutation de peine des condamnés dans le couloir de la mort". "Le président Trump a exécuté davantage de personnes que les dix précédentes administrations cumulées", soulignent ces organisations, précisant que "plus de la moitié étaient de couleur : six hommes noirs et un amérindien".
"Le temps presse"
"Le seul acte irréversible que vous puissiez accomplir pour empêcher le président élu Trump de renouveler sa vague d'exécutions, comme il en a exprimé l'intention, est de commuer les peines capitales fédérales maintenant", selon cette lettre. "Le temps presse", insistent ces organisations.
La première administration Trump avait aussi amendé les procédures fédérales en matière d'exécution, "ouvrant la porte à des méthodes plus brutales, y compris le peloton d'exécution, l'électrocution et l'hypoxie par inhalation d'azote, une méthode expérimentale et proche de la torture", rappellent-elles par ailleurs dans un communiqué.
"Facteur racial"
Pendant sa campagne électorale, le candidat républicain a appelé à étendre le champ d'application de la peine capitale, en particulier pour les immigrés reconnus coupables de meurtre de citoyens américains ou les trafiquants de drogue et d'êtres humains. "La peine de mort est profondément enracinée dans une histoire de violence racialisée. A ce jour, le facteur racial est toujours le plus fort déterminant de qui est condamné à mort", indique la directrice du Southern Poverty Law Center, Margaret Huang.
Elle relève ainsi que près de 40 % des condamnés à mort par la justice fédérale sont noirs, alors que cette communauté ne représente que 12 % de la population américaine adulte. La grande majorité des 40 condamnés concernés sont des criminels de droit commun, à l'exception notable d'auteurs de meurtres racistes ou antisémites ou encore de Djokhar Tsarnaev, un des poseurs de bombes de l'attentat contre le marathon de Boston le 15 avril 2013.
L'appel du pape François
Le pape François a exhorté dimanche les fidèles catholiques à "prier pour les détenus qui se trouvent dans le couloir de la mort aux Etats-Unis", afin que leurs peines "soient commuées, changées".
Les appels en ce sens, émanant de communautés religieuses ou ethniques comme d'anciens responsables pénitentiaires ou judiciaires, se multiplient depuis des semaines à l'intention de Joe Biden, catholique pratiquant et dont la grâce présidentielle accordée à son fils, Hunter, le 1er décembre a suscité la controverse.
Des discussions sur ce sujet sont en cours à la Maison Blanche, rapporte notamment le Washington Post, citant des sources proches du dossier, selon lesquelles aucune décision n'a été prise.