En moins d'une semaine à la Maison-Blanche, le président Donald Trump a réussi à mettre au pas la communauté scientifique, lui qui avait multiplié les signes d'hostilité envers elle pendant sa campagne et depuis son élection, en novembre.
Des scientifiques contraints de ne pas révéler leurs travaux. Les premiers à faire les frais de la volonté du président américain de contrôler le monde scientifique sont les salariés de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA). Ses fonctionnaires n'ont pas été autorisés à communiquer sur la suspension inattendue de tous les contrats et subventions de l'établissement, qui est intervenue depuis sa prise de fonction. Après avoir nommé un climato-sceptique, Scott Pruitt, à la tête de l'organisme, Donald Trump entend garder la main sur cette agence, dont les recommandations pourraient contredire ses points de vue sur l'environnement.
La reprise en main des agences publiques ne s'arrête pas là : à leur tour, les salariés du Service de recherche sur l'agriculture (ARS) n'ont désormais plus le droit de révéler au public les conclusions de leurs recherches ni d'échanger avec les médias.
D’autres services publics sont concernés par le gel des communications avec l'extérieur, comme les Parcs nationaux, le Département des Transports ou celui de la Santé. Sans compter le fait que les interviews de chercheurs, notamment sur des sujets sensibles comme les OGM, doivent désormais être validés par les autorités.
Course contre-la-montre pour sauver les données. Ce verrouillage des agences fédérales intervient alors que les scientifiques s'inquiètent d'une ingérence de l'administration dans les recherches elles-mêmes. Pour s'en protéger, des chercheurs ont lancé depuis novembre une opération de collecte de données, baptisée "DataRefuge".
Cette campagne a pour objectif de stocker le plus rapidement possible des études, des chiffres ou des communications internes sur le climat, avant que l'administration Trump n'enlève potentiellement tout contenu qui irait à l'encontre de ses idées. Sur le site de la Maison-Blanche, les pages relatives à des thèmes comme les femmes, le handicap ou les droits civiques avaient notamment été dépubliées dès son arrivée au pouvoir.
Comptes Twitter alternatifs. Sur les réseaux sociaux, le contrôle imposé par Donald Trump et ses équipes aux agences a encouragé certains de leurs salariés à lancer de nouveaux comptes. Avec le préfixe "alt", pour indiquer qu'ils sont alternatifs à la communication officielle désormais en vigueur, ces comptes parlent de "résistance" face à Donald Trump. Pourtant, rien ne permet pour l'instant de confirmer qu'ils sont bien tenus par des chercheurs ou de salariés des agences concernées.
L'idée est drôle. Le nombre de ces comptes l'est beaucoup moins. pic.twitter.com/Ldxo9Cdv9n
— Mari de Mme Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 26 janvier 2017
Certains de ces comptes encouragent les fonctionnaires et les chercheurs du gouvernement à "divulguer leurs travaux qui sont censurés" au site américain ProPublica. C'est le cas du compte "Rogue Nasa", fort de près de 340.000 abonnés après seulement une journée d'existence. Il appelle entre autres à "faire fuiter" des documents de travail et à archiver les données du site de la Nasa.
"Marche des Scientifiques". La communauté scientifique américaine a également pour ambition d'organiser une Marche des Scientifiques à Washington et dans d'autres villes du pays, à l'image de la Marche des Femmes intervenue au lendemain de l'investiture de Donald Trump.