Une loi controversée du Texas qui criminalise les entrées illégales dans cet État frontalier du Mexique a de nouveau été suspendue mardi, après une décision contraire de la Cour suprême des États-Unis plus tôt dans la journée.
Une loi qui "sèmera le chaos et la confusion à la frontière Sud"
La Cour suprême américaine à majorité conservatrice avait levé mardi la suspension de la loi, motivant sa décision par des raisons purement procédurales. Celle-ci devait permettre provisoirement l'entrée en vigueur du texte, initialement prévue le 5 mars, mais bloquée par un tribunal fédéral de cet État du Sud. Mais mardi soir, une cour d'appel fédérale a de nouveau suspendu la loi. Partisan déclaré de Donald Trump, qui a fait du rejet de l'immigration un axe majeur de sa campagne électorale, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, défie ouvertement depuis des mois l'autorité de l'administration du président démocrate Joe Biden.
Il l'accuse d'"inaction délibérée" face à l'afflux de migrants qu'il qualifie d'"invasion". La loi dite "SB 4", signée en décembre par Greg Abbott, crée une "infraction pénale d'entrée illégale au Texas à partir d'un pays étranger", passible de six mois de prison, voire jusqu'à 20 ans en cas de récidive.
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Donnant aux autorités de l'État le pouvoir d'arrêter les migrants et de les expulser vers le Mexique, elle est contestée par le ministère de la Justice, des ONG de soutien aux immigrés et une collectivité locale. Avant la nouvelle suspension du texte, la Maison-Blanche avait déploré dans un communiqué la décision de la Cour suprême "autorisant la loi néfaste et inconstitutionnelle du Texas à entrer en vigueur", affirmant qu'elle "sèmera le chaos et la confusion à la frontière Sud".
"Le Mexique n'acceptera pas les rapatriements effectués par l'État du Texas"
Le ministère mexicain des Affaires étrangères a quant à lui prévenu mardi qu'il refusera d'accueillir les migrants, même mexicains, expulsés par le Texas. "Le Mexique n'acceptera, en aucune circonstance, les rapatriements effectués par l'État du Texas", a-t-il déclaré. Auparavant, une cour d'appel ultraconservatrice avait levé la suspension prononcée par le juge fédéral de première instance, sous réserve d'un ordre de la Cour suprême.
Les trois juges progressistes de la Cour suprême se sont désolidarisés de la décision prise mardi par les six juges conservateurs de la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays. Interrogés par l'AFP, des migrants qui attendent au Mexique de franchir la frontière ont déclaré que cette loi ne les empêchera pas de tenter de le faire.
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Pour Gustavo Adonai, un Hondurien de 43 ans, si le Texas a le droit de protéger son territoire, ceux qui cherchent du travail doivent avoir la possibilité d'immigrer. "La situation dans nos pays est très mauvaise. Il n'est pas facile d'arriver jusqu'ici et de ne pas aller jusqu'au bout", a-t-il ajouté. À 43 ans, Giancarlo Navarro, un Vénézuélien, affirme être un "exilé politique" qui ne peut donc pas "retourner dans (s)on pays".