Pour la première fois jeudi, le président américain Donald Trump a publiquement évoqué un report de l'élection présidentielle. Un effet d'annonce, pointe au micro d'Europe Amy Porter, porte-parole de Democrats Abroad France, le Parti démocrate américain en France. Selon elle, le locataire de la Maison blanche "est le roi de la distraction" et a lancé ce débat pour ne pas avoir à affronter les conséquences de la crise sanitaire. "Il venait de recevoir les nouvelles que l'économie a plongé de -32%, soit quatre fois plus de la crise de 2008. C'est pour nous distraire des 150.000 morts qui auraient pu ne pas avoir lieu aux États-Unis, car il a totalement mal géré la crise sanitaire"
"Si Donald Trump avait lu la constitution, il saurait que le président n'a aucun pouvoir pour changer la date de l’élection"
Pour justifier cette option, Donald Trump a mis en avant des risques de fraude liés selon lui à l'épidémie de Covid-19. "2020 sera l'élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l'histoire", a-t-il tweeté, évoquant le recours élargi au vote par correspondance pour le scrutin du 3 novembre. "Ce sera une véritable honte pour les États-Unis. Reporter l'élection jusqu'à ce que les gens puissent voter normalement, en toute sécurité ???", a-t-il ajouté.
With Universal Mail-In Voting (not Absentee Voting, which is good), 2020 will be the most INACCURATE & FRAUDULENT Election in history. It will be a great embarrassment to the USA. Delay the Election until people can properly, securely and safely vote???
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 30, 2020
À cela, Amy Porter répond sèchement : "Si Donald Trump avait lu la constitution, il saurait que le président n'a aucun pouvoir pour changer la date de l’élection", lance-t-elle au micro d'Europe 1. "C'est gravé dans la constitution depuis 1845. On a voté pendant la guerre civile, on a voté pendant la guerre de 14-18, on a voté pendant la Seconde Guerre mondiale et on va voter le 3 novembre prochain", assure la démocrate.
Un report politiquement impossible
Factuellement, Amy Porter a raison. Toutefois, sur le papier, il serait possible de reporter le scrutin présidentiel. Mais sur le papier seulement, car c'est le Congrès, qui réunit la Chambre des représentants (à majorité démocrate) et le Sénat (majoritairement républicain), qui pourrait le décider. Or, politiquement, faire passer un tel accord est plus qu'improbable.
Et même si l'élection était reportée, Donald Trump ne resterait en poste que jusqu'à début janvier, son mandat prenant fin quoiqu'il arrive quatre ans après son investiture. Le pays entrerait dans une phase d'instabilité politique et, d'ici la nouvelle élection, ce devrait être Chuck Grassley, le républicain président du Sénat, qui logerait à la Maison blanche.