Un vote clé sur une réforme de l'immigration aux Etats-Unis, censée mettre un terme définitif aux séparations controversées de familles de migrants sans-papiers, a été reporté à la semaine prochaine, signe des divergences persistant jeudi dans la majorité républicaine.
Le deuxième report. Après un premier report annoncé pour vendredi à la Chambre des représentants, les chefs du parti républicain ont annoncé à la sortie d'une longue réunion à huis clos qu'ils ne soumettraient finalement le texte au vote que la semaine prochaine. Un échec embarrassant pour ce parti qui détient non seulement la majorité à la Chambre mais aussi au Sénat et compte sur un président républicain qui s'est engagé à promulgué cette loi. "Nous allons continuer à travailler" a expliqué à la chaîne CBS Steve Scalise, numéro trois du parti.
Les enfants, enfermés avec leurs parents. Les chefs républicains ont la tâche difficile de réconcilier leurs ailes dures et modérées autour d'un texte beaucoup plus vaste que la seule résolution, plus consensuelle, de la crise des enfants séparés de leurs parents migrants. Un premier projet de loi, reflétant les positions les plus dures du parti, a été rejeté comme attendu en début d'après-midi, mais en ralliant toutefois plus de suffrages que prévu (193 voix contre 231). En plein scandale sur la séparation de plus de 2.300 mineurs de leurs parents interpellés pour avoir franchi la frontière sans papiers, les deux lois cherchaient à inscrire dans le marbre législatif l'interdiction de cette pratique. Les plans républicains collent au décret Trump signé mercredi : si les enfants ne seront plus séparés de leur famille, c'est parce qu'ils resteront désormais en centre de rétention avec leurs parents pendant la durée des poursuites pénales.
Construire un mur et réduire l'immigration légale. La proposition de loi qui sera finalement soumise au vote la semaine prochaine va cependant bien au-delà, en incluant les "piliers" exigés par Donald Trump pour toute promulgation : le financement du mur à la frontière mexicaine, une solution pour les jeunes dits "Rêveurs" (arrivés sans papiers aux Etats-Unis lorsqu'ils étaient enfants) et une nette réduction de l'immigration légale. Elle prévoit un permis de travail et de résidence pour les "Rêveurs", renouvelable tous les six ans et qui les autorise à tenter de décrocher ensuite un statut de résident permanent.
Séduire à la fois les modérés et les conservateurs. Les négociations de dernière minute se centrent autour de deux nouveaux volets cherchant à séduire, d'un côté, les plus conservateurs et, de l'autre, les partisans de moins de restrictions à l'immigration légale, selon un assistant parlementaire. Il s'agirait d'obliger les entreprises à vérifier, en ligne, le statut de leurs employés à travers les services d'immigration et également d'aider les régions agricoles à garder leurs employés immigrés, au statut légal. Pas de suspense du côté des démocrates, qui ont promis de voter contre toute proposition républicaine autour de ces "piliers".
Une dizaine d'Etats américains portent plainte. Une dizaine d'Etats américains, dont la Californie, Washington et le New Jersey, vont poursuivre l'administration Trump pour sa politique migratoire après la séparation de milliers de familles entrées illégalement sur le territoire américain, a annoncé jeudi Bob Ferguson, le procureur général de l'Etat de Washington. Plus de 2.300 enfants et adolescents ont été séparés de leurs parents depuis début mai après l'arrestation de ces derniers pour avoir illégalement traversé la frontière avec le Mexique. Donald Trump a signé mercredi un décret mettant fin à ces séparations mais l''incertitude demeure toutefois sur le sort de ces mineurs. Bob Ferguson a dénoncé "l'incertitude" et le "chaos" créés par la politique de séparation des familles, mais aussi par le décret signé mercredi qui "cherche à détenir de manière indéfinie les enfants et leurs parents et continue à poursuivre pénalement les demandeurs d'asile". Le responsable dénonce aussi les "conditions inhumaines et horribles" dans les centres de détention de la police de l'immigration et des frontières, et s'insurge contre le manque de contact entre les mères et les enfants dont elles ont été brusquement séparées à la frontière.