Eva Joly
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G.P. , modifié à
Sur Europe 1, l'ancienne candidate à la présidentielle s'en prend durement à Jean-Claude Juncker, actuel président de la Commission européenne.
INTERVIEW

"Le loup". C'est ainsi qu'Eva Joly nomme Jean-Claude Juncker, l'actuel président de la Commission européenne, dans son dernier livre, Le loup dans la bergerie. Selon la magistrate, l'ancien Premier ministre luxembourgeois (de 1995 à 2013) a fait de son pays un paradis fiscal très avantageux, "où c'est un business modèle de voler le produit fiscal d'autres pays".

Des "deals secrets" pour les multinationales. Le passé de Jean-Claude Juncker ne passe pas, pour l'ancienne candidate écologiste à la présidentielle. Alors que l'Europe impose des mesures d'austérité à ses pays membres, Eva Joly reproche à l'actuel président de la Commission européenne d'avoir favorisé l'évasion fiscale vers son pays "en vendant la souveraineté du Luxembourg, en attirant les multinationales". Ces dernières "obtiennent des deals secrets qui réduisent l'imposition à 1% ou 0,1%", affirme la magistrate.

"Cela fait beaucoup d'argent pour le Luxembourg et ses habitants". Selon Eva Joly, Jean-Claude Juncker est le principal responsable de la politique fiscale du Luxembourg. "Il dit qu'il fallait bien qu'il trouve un successeur à l'industrie sidérurgique, (...) mais pour moi, cet argument là n'est pas recevable", tranche l'ancienne candidate à la présidentielle. Les accords secrets décrits, "c'est peu pour la multinationale mais cumulés, cela fait beaucoup d'argent pour le Luxembourg et ses habitants". Pour rappel, le PIB/habitant du Luxembourg est de 110.000 euros, contre 42.000 pour la France.

Les négociations entre Juncker et la Grèce. Jean-Claude Juncker occupe une place importante puisqu'il est président de la Commission européenne. Eva Joly raconte une scène de l'été 2015, alors que la Grèce est en grande difficulté pour rembourser ses créanciers"Il leur manquait 1,8 milliard pour remplir les conditions que la Troïka avait imposées", rappelle-t-elle. Dans les négociations entre la Grèce et l'Europe, Jean-Claude Juncker était évidemment présent. "Les multinationales implantées en Grèce ne payent pas d'impôt dans le pays car leur siège social est soit au Luxembourg, soit au Pays-Bas, qui participaient aussi aux négociations", déplore Eva Joly. Selon elle, la somme de ces impôts non payés "dépassait largement les 1,8 milliard".