"Si le Mali engage un partenariat avec des mercenaires, le Mali s'isolera. Il perdra le soutien de la communauté internationale, qui est pourtant très engagé" dans le pays, a déclaré la ministre des Armées, Florence Parly, mercredi au Sénat. "Il abandonnera des pans entiers de sa souveraineté dans un tête à tête avec une société de mercenaires."
Des relations dégradées
Au lendemain de la mort du sergent Maxime Blasco, tué lors d'une opération de reconnaissance et de harcèlement conduite par la force Barkhane au Mali, le Premier ministre malien Choquel Kokalla Maïga accusait en effet la France d'un "abandon en plein vol" avec la réorganisation de sa présence militaire au Sahel. Des propos "inacceptables" et "indécents" selon la ministre des Armées qui continue de soutenir la réduction de moitié de ses 5.100 soldats déployés au Sahel d'ici 2023.
Dans le même temps, Choguel Kokalla Maïga laissait entendre que les discussions avec la société paramilitaire privée russe Wagner étaient bien engagées pour tenir la capitale et assurer la sécurité des personnalités à Bamako. La France n'a cessé ces derniers jours de mettre en garde Bamako contre les conséquences d'une telle alliance. Depuis plusieurs mois, le groupe Wagner tente de s'imposer comme une alternative à l'armée française et le Mali n'est pas insensible à ses appels. Déjà présent en Libye et en Centrafrique, ces paramilitaires font l'objet d'accusations d'exactions.
Des mercenaires placés comme des pions
Ce qui inquiète la France est donc de voir Bamako tomber dans les mains de ce groupe, considéré comme l'armée occulte du Kremlin. Le noyautage semble même trop facile grâce à quelques soldats maliens aperçus en visite à Moscou, grâce aussi au service de maintenance des hélicoptères de l'armée malienne assuré par des mécanos russes. Des mercenaires placés comme des pions et comme autant d'ambassadeurs du groupe Wagner.
Pour autant, ces paramilitaires sont incapables de sécuriser le nord-Mali, un territoire vaste et en proie aux différents groupes armés. Un souci majeur pour la France, prête à quitter la zone si le contrat vient à être signé. Un contrat agité par les Maliens devant l'ensemble de la communauté internationale. Une provocation qui revêt un double-sens vu de Paris : un appel au secours pour inciter la France à maintenir sa présence au Sahel ou un coup de pression pour pousser les européens à partir. La junte pourrait alors mettre en avant une situation sécuritaire dégradée et ainsi se justifier de ne pas organiser des élections début 2022.