Qui reste-t-il pour soutenir Bruxelles ? Après son Premier ministre, François Hollande a refusé tout net les quotas de migrants proposés par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. En visite à Berlin mardi, le président français a déclaré qu'"il n'est pas question qu'il y ait des quotas d'immigrés parce que nous avons des règles" sur "le contrôle des frontières et des politiques de maîtrise de l'immigration". Pour lui, "le droit d'asile n'obéit pas à un quota" ce qui "n'aurait aucun sens". "Nous récusons cette notion contraire aux principes", a encore martelé François Hollande.
Merkel louvoie. A ses côtés, la chancelière allemande a précisé qu'ils avaient chacun demandé à leur ministre de l'Intérieur "de réfléchir" aux propositions de la Commission européenne. "Il y a beaucoup de questions qui méritent approfondissement", a relevé Angela Merkel. Parmi celles-ci, selon elle : "que faire de ceux qui n'ont pas la possibilité de recourir au droit d'asile?". "Je suis sûre que là-dessus, nous aurons une position franco-allemande d'ici peu", a-t-elle conclu. La chancelière allemande avait plaidé pour une réforme du système de répartition des demandeurs d'asile sur le sol européen. A l'heure actuelle, le règlement de Dublin II impose que le premier pays dans lequel un migrant arrive doit gérer sa demande d'asile.
Paris embarrassée. La France, qui s'était dans un premier temps rangée du côté de l'Allemagne, a freiné des quatre fers lorsque Bruxelles a proposé des quotas chiffrés. Le Premier ministre Manuel Valls a exprimé son opposition lors d'un déplacement à Menton, dans les Alpes-Maritimes : "Ceci n'a jamais correspondu aux propositions françaises." "Sur 28 pays de l'Union européenne, cinq seulement accueillent 75% des demandeurs d'asile", a abondé lundi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il a plaidé pour un "mécanisme de répartition solidaire de ce qui relève du statut de demandeurs d'asile" tenant compte "des efforts déjà faits" par les pays "en matière d'accueil".
>> Réécoutez l'interview du commissaire européen Carlos Moedas sur la proposition de Bruxelles :