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Ariane Ménage avec AFP / Crédits photo : JEHAD ALSHRAFI / ANADOLU / ANADOLU VIA AFP , modifié à
L'armée israélienne a bombardé samedi la bande de Gaza et ordonné de nouvelles évacuations à Rafah après la mise en garde de l'ONU contre une "catastrophe humanitaire colossale" dans cette ville surpeuplée à la frontière égyptienne. Le président américain Joe Biden a estimé qu'un cessez-le-feu était possible "demain" dans la guerre entre Israël et le Hamas si le groupe palestinien relâchait les otages.

Le président américain Joe Biden a estimé samedi qu'un cessez-le-feu était possible "demain" dans la guerre entre Israël et le Hamas si le groupe palestinien relâchait les otages.

"Il y aurait un cessez-le-feu demain si le Hamas relâchait les otages", a assuré Joe Biden lors d'une réception de collecte de fonds près de Seattle, au nord-ouest des Etats-Unis, au domicile d'un ancien responsable de Microsoft, après avoir évité le sujet dans des circonstances similaires vendredi. Tôt samedi, des équipes de l'AFP ont fait état de frappes dans différents secteurs de Gaza après la diffusion d'un rapport du département d'État sur la situation dans ce territoire au cœur d'une guerre qui s'étire désormais sur plus de sept mois. Les États-Unis jugent "raisonnable d'estimer" qu'Israël a violé le droit humanitaire international à Gaza sans pouvoir toutefois le conclure de manière définitive, et continueront à livrer des armes à ce pays, selon un rapport du département d'État.

En parallèle, une majorité écrasante de l'Assemblée générale de l'ONU a jugé que les Palestiniens méritaient d'être membres à part entière de l'organisation, leur octroyant quelques droits supplémentaires à défaut d'une véritable adhésion bloquée par les États-Unis, premier allié d'Israël malgré ces critiques récentes. Ce vote symbolique, salué par l'Autorité palestinienne, a provoqué la colère d'Israël. "La violence paie", a estimé son chef de la diplomatie, Israël Katz, pour qui l'ONU récompense le Hamas pour son attaque du 7 octobre.

Les principales informations à retenir :

  • Les frappes israéliennes se poursuivent ce samedi dans différents secteurs de Gaza
  • Les États-Unis jugent "raisonnable d'estimer" qu'Israël a violé le droit humanitaire international à Gaza sans pouvoir toutefois le conclure de manière définitive
  • Des pourparlers indirects visant à arracher une trêve et éviter une offensive majeure sur Rafah se sont achevés jeudi au Caire sans parvenir à un accord
  • Selon l'ONU, environ 300.000 personnes ont fui depuis qu'Israël a appelé lundi la population de l'est de Rafah à évacuer
  • Le président américain Joe Biden a estimé qu'un cessez-le-feu était possible dimanche dans la guerre entre Israël et le Hamas si le groupe palestinien relâchait les otages.

"Sans délai"

Des pourparlers indirects visant à arracher une trêve et éviter une offensive majeure sur Rafah se sont achevés jeudi au Caire sans parvenir à un accord. Afin de "vaincre" le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu défend une opération à Rafah (sud), où se retranchent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s'entassent également d'après l'ONU 1,4 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les violences.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Égypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire. L'armée a aussi indiqué vendredi poursuivre son "opération antiterroriste de précision" dans certains secteurs de l'est de Rafah, et avoir "éliminé des cellules terroristes".

Famine

Une vaste opération à Rafah conduirait à une "catastrophe humanitaire colossale", a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ajoutant que la famine se profilait dans le territoire palestinien. "Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations, seule voie possible pour conduire à la libération immédiate des otages et obtenir un cessez-le-feu durable", a renchéri dans la nuit la diplomatie française.

Le président américain Joe Biden a menacé de cesser certaines livraisons d'armes à Israël en cas d'offensive majeure sur cette ville située à la lisière de l'Égypte. Les États-Unis "observent avec préoccupation" l'opération à Rafah, mais ne jugent pas qu'elle soit "majeure" à ce stade, a estimé vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

Fuir Rafah

Selon l'ONU, environ 300.000 personnes ont fui depuis qu'Israël a appelé lundi la population de l'est de Rafah à évacuer. "Quelque 30.000 personnes fuient la ville chaque jour", a indiqué le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), précisant que la plupart "ont déjà dû se déplacer à cinq ou six reprises" depuis le début de la guerre. À l'instar d'Oum Soubhi, déplacée de Gaza-ville (nord). "Au début de la guerre, nous sommes allés à Rafah, puis nous avons été déplacés plusieurs fois dans la région de Rafah en raison des menaces, des frappes et de la situation effrayante et terrifiante, avant de venir à Nuseirat (centre)", a-t-elle confiée à l'AFP.

Malgré la réouverture mercredi du passage de Kerem Shalom, voisin de Rafah, fermé par Israël pendant trois jours après des tirs de roquettes du Hamas, l'acheminement de l'aide reste "extrêmement difficile", a affirmé à l'AFP Andrea De Domenico, le chef du bureau de l'Ocha dans les territoires palestiniens. Vendredi soir, le Cogat, organe du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens, a néanmoins annoncé "le transfert de 200.000 litres de carburant à des organisations internationales" via Kerem Shalom.

Toujours "possible"

L'Égypte a exhorté vendredi le Hamas et Israël à faire preuve de "flexibilité" alors que les efforts des médiateurs "se poursuivent" en vue d'une trêve selon le média Al-Qahera News malgré le départ du Caire des délégations des deux belligérants. Pour le Hamas, le "rejet par Israël" de cette proposition ramène les négociations "à la case départ". Lundi, il avait donné son feu vert à un accord en trois phases de 42 jours chacune selon lui, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu'un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens, en vue d'un "cessez-le-feu permanent".

Or Israël s'oppose à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste, ne sera pas vaincu.