Le Hamas a décidé l'arrêt des négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza au lendemain d'une frappe israélienne ayant visé son chef militaire, qui "va bien", ont annoncé dimanche à l'AFP deux hauts responsables du Hamas. Cette annonce intervient après que, selon le Hamas, des frappes israéliennes ont tué samedi 92 Palestiniens dans le camp de déplacés d'al-Mawasi, dans le sud du territoire, près de Khan Younès, et selon la défense civile fait 20 morts dans le camp de réfugiés d'Al-Chati à Gaza-ville (nord).
De son côté, Israël a indiqué avoir visé dans le secteur de Khan Younès deux hauts dirigeants du Hamas, Mohammed Deif et Rafa Salama, respectivement chef de la branche armée et commandant à Khan Younès du Hamas, présentés comme "deux cerveaux du massacre du 7 octobre", date de l'attaque du mouvement islamiste en Israël qui a déclenché la guerre à Gaza. "La frappe a été menée dans une zone clôturée gérée par le Hamas où, selon nos informations" ne se trouvait "aucun civil", a affirmé de son côté L'armée israélienne, estimant que "la plupart des victimes étaient des terroristes".
Les informations à retenir :
- Le Hamas a décidé l'arrêt des négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza
- La veille, une frappe israélienne a visé son chef militaire, qui "va bien", selon des responsables du Hamas
- Un dernier bilan fait état de 38.584 morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre
Dimanche, un haut responsable du Hamas a fait part à l'AFP de la décision du mouvement d'arrêter les négociations en vue d'un cessez-le-feu, dénonçant le "manque de sérieux" et les "massacres" israéliens "contre des civils non-armés". "Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a informé lors d'une série d'appels les médiateurs et des intervenants régionaux",de cette décision, a-t-il ajouté.
Un autre haut responsable du mouvement palestinien a annoncé que son chef militaire, Mohammed Deif, était en vie: il "va bien et supervise directement les opérations des brigades al-Qassam (la branche armée du Hamas, NDLR) et de la résistance", a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat. Vendredi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait annoncé qu'il n'y avait "pas de certitude" que Mohammed Deif et Rafa Salama aient été "éliminés".
"Effroyable massacre"
La guerre a éclaté le 7 octobre après l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 38.443 morts, en majorité des civils, d'après des données du Hamas.
La frappe attribuée par le Hamas à Israël dans le camp d'al-Mawasi constitue l'une des plus meurtrières depuis le début de la guerre. Le Hamas a dénoncé un "effroyable massacre". Indépendamment de son issue, l'opération de samedi envoie "un message de dissuasion" aux ennemis d'Israël et contribue à affaiblir le Hamas, a pour sa part affirmé Benjamin Netanyahu.
L'insaisissable Mohammed Deif est celui qui avait annoncé dans un enregistrement diffusé par le Hamas, le matin du 7 octobre, le début de l'opération "Déluge d'Al-Aqsa". Parmi les hommes les plus recherchés par Israël depuis de nombreuses années, il avait échappé, avant la frappe de samedi, à au moins six tentatives d'élimination.
À Gaza-ville, où l'armée israélienne opère depuis plusieurs semaines, la Défense civile palestinienne a aussi fait état de 20 morts samedi dans une frappe sur le camp de réfugiés d'al-Chati. L'armée israélienne n'a pas commenté ces informations.
Coup dur pour les négociations
Après des mois d'appels internationaux pour un cessez-le-feu, l'arrêt mis par le Hamas aux négociations porte un coup dur aux efforts des médiateurs - Qatar, Égypte et États-Unis - pour décrocher une trêve dans le territoire assiégé, où la situation humanitaire est épouvantable. Le marathon diplomatique venait d'être relancé après une concession la semaine dernière du Hamas, qui avait accepté de négocier sur la libération d'otages et de Palestiniens détenus par Israël en l'absence d'un cessez-le-feu permanent avec Israël.
Samedi soir, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé Benjamin Netanyahu de chercher à bloquer un cessez-le-feu par des "massacres odieux", selon un communiqué du mouvement islamiste. "La position israélienne (...) consiste à placer des obstacles qui empêchent de parvenir à un accord", a dénoncé Ismaïl Haniyeh, mettant en avant à l'inverse "une réponse positive et responsable" du Hamas aux efforts des médiateurs.
Benjamin Netanyahu a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne, et la libération de tous les otages.
En Syrie par ailleurs, l'agence de presse officielle Sana a fait état dimanche d'un soldat tué et de trois autres blessés dans des frappes israéliennes, qui ont visé selon l'armée israélienne un centre de commandement militaire syrien, des infrastructures et des cibles de l'unité de défense aérienne de l'armée syrienne.