Le Hamas étudie ce mardi une proposition de trêve dans la guerre contre Israël accompagnée de la libération d'otages retenus dans la bande de Gaza, où des Palestiniens de retour dans la grande ville du sud sont accablés par l'ampleur des destructions après le retrait israélien. Six mois après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas, les opérations militaires israéliennes se poursuivent contre la bande de Gaza dévastée et au bord de la famine selon l'ONU.
Les principales informations à retenir :
- Une nouvelle proposition en trois étapes - dont la première prévoit une trêve de six semaines - est actuellement étudiée par le Hamas
- Sans souscrire à un cessez-le-feu définitif et un retrait de l'ensemble de la bande de Gaza, Israël a annoncé dimanche le retrait de ses troupes de Khan Younès
- Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu reste déterminé à lancer une offensive terrestre à Rafah, dernier bastion selon lui du Hamas à Gaza
- Emmanuel Macron, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II ont eux mis en garde contre les "conséquences dangereuses" d'une telle offensive
Proposition en trois étapes
À l'occasion d'une énième session de négociations au Caire, les pays médiateurs - Qatar, Égypte, États-Unis - ont mis sur la table une nouvelle proposition en trois étapes dont la première prévoit une trêve de six semaines, a indiqué lundi soir une source du Hamas. Disant "souhaiter" un accord, le mouvement a indiqué dans un communiqué qu'Israël "n'avait répondu à aucune" de ses demandes.
"Malgré cela, la direction du mouvement étudie la proposition (…) et informera les médiateurs de sa réponse", a ajouté le Hamas, à la veille de l'Aïd al-Fitr, marquant la fin du mois du ramadan sacré pour les musulmans. Outre un cessez-le-feu de six semaines, la proposition prévoit dans un premier temps la libération de 42 otages en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël, l'entrée de 400 à 500 camions d'aide alimentaire par jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza, selon la source au sein du Hamas.
Le Hamas exige lui un cessez-le-feu définitif, le retrait israélien de l'ensemble de Gaza et une augmentation importante des aides, dont l'acheminement par voie terrestre est strictement contrôlé par Israël qui assiège le territoire depuis le 9 octobre.
>> LIRE AUSSI - Attaque du Hamas : six mois après, que sait-on des otages français toujours captifs ?
Retrait des troupes à Khan Younès
Sans souscrire à un cessez-le-feu définitif et un retrait de l'ensemble de la bande de Gaza, Israël a annoncé dimanche le retrait de ses troupes de Khan Younès, la plus grande ville du sud du petit territoire transformée en champs de ruines par les bombardements israéliens et des combats acharnés. Il a aussi fait état de l'entrée lundi de 419 camions d'aides dans la bande de Gaza, le nombre selon lui le plus élevé depuis le début de la guerre.
Le porte-parole des Affaires étrangères Majed al-Ansari a dit à la BBC être plus "optimiste" qu'il y a quelques jours, mais selon lui les négociations sont loin d'être dans leur dernière "ligne droite". "Les maisons, écoles, hôpitaux sont en ruines. Les enseignants, médecins, humanitaires sont tués. La famine est imminente", a fustigé la cheffe de l'Unicef, Catherine Russel.
"Gaza n'est plus Gaza"
À Deir el-Balah (centre), l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa, a reçu dans la nuit des blessés dont des enfants, certains portés par leurs parents, selon des images de l'AFP. Un garçon au visage ensanglanté assis par terre est traité par le personnel. Un autre Palestinien atteint aux jambes est transporté sur une civière. Mardi, l'armée a annoncé dans un communiqué avoir détruit "des infrastructures terroristes" dans plusieurs secteurs de Gaza et qu'un "avion a éliminé un terroriste à Khan Younès qui avait participé au massacre du 7 octobre". Elle a fait état de combats dans le centre du territoire et de "l'élimination de plusieurs terroristes".
Aussitôt après l'annonce du retrait israélien de Khan Younès, des milliers de déplacés ont regagné la ville, à quelque km plus au nord, pour découvrir un paysage apocalyptique. "Plus d'eau, plus d'électricité, plus de colonnes, plus de murs, plus de portes, il n'y a plus rien. Gaza n'est plus Gaza, c'est un endroit en ruines", lance une femme revenue à Khan Younès, qui refuse de donner son nom. "De la maison familiale, il ne reste plus rien. "C'est indescriptible", raconte une autre, Safa Qandil.
Israël a évoqué un retrait tactique de Khan Younès qui permettrait aux soldats de préparer "la poursuite de leurs missions dans la zone de Rafah", ville collée à la frontière fermée de l'Egypte où s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens en majorité des déplacés.
"Souffrances catastrophiques"
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, déterminé à lancer une offensive terrestre à Rafah, dernier bastion selon lui du Hamas à Gaza, a affirmé dimanche : "cela se fera - il y a une date". Sans la préciser. Et l'allié américain a redit son opposition à une "invasion militaire massive de Rafah". Le président français Emmanuel Macron, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II ont eux aussi mis en garde contre les "conséquences dangereuses" d'une telle offensive, dans une tribune parue dans quatre journaux dont Le Monde.
Ils ont aussi appelé à un cessez-le-feu et à la libération de "tous les otages". La Turquie, dont le président Recep Tayyip Erdogan est un fervent partisan de la cause palestinienne, a restreint ses exportations vers Israël. Ce dernier a dénoncé une "violation des accords commerciaux".