Plusieurs millions de livres sterling d'avoirs de la reine Elisabeth II ont été placés dans des paradis fiscaux, selon des médias britanniques ayant collaboré à une vaste enquête à partir d'une fuite massive de documents financiers.
Environ 11 millions d'euros. Quelque 10 millions de livres (11,3 millions d'euros), ont été investis aux Iles Caïmans et aux Bermudes, affirment la BBC et le quotidien The Guardian. Ces deux médias ont participé à une enquête menée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), s'appuyant sur la fuite de 13,5 millions de documents, notamment depuis un cabinet international d'avocats basé aux Bermudes, Appleby. Avec 96 médias partenaires dans le monde, ces investigations sur les méthodes d'optimisation fiscale ont été baptisées "Paradise Papers".
Ces investissements, qui s'ils permettent d'échapper à la fiscalité britannique ne sont pas a priori illégaux, ont été réalisés via le Duché de Lancaster, domaine privé de la souveraine et source de ses revenus. Les fonds placés dans ces paradis fiscaux sont investis dans de nombreuses sociétés, dont Brighthouse, une société de location avec option d'achat de meubles et de matériel informatique accusée de profiter de la misère, ou encore une chaîne de magasins de spiritueux aujourd'hui en dépôt de bilan.
Le Duché de Lancaster se défend. "Tous nos investissements font l'objet d'un audit complet et sont légitimes", a indiqué une porte-parole du Duché de Lancaster. "Nous effectuons un certain nombre d'investissements, dont quelques avec des fonds à l'étranger". Ces derniers ne représentent que 0,3% de la valeur totale du Duché, selon elle. Quant à l'investissement dans Brighthouse, il est réalisé "via une tierce partie", et représente 0,0006% de la valeur du Duché, a-t-elle ajouté.
L'enquête sur les "Paradise Papers" entend mettre en lumière les circuits auxquels ont recours les personnes fortunées et les multinationales pour déplacer leurs fonds dans des pays n'ayant pas ou peu d'impôt, dans le but de payer le moins de taxes possible. Une pratique qui joue des failles réglementaires mais qui en soi n'est pas illégale.