L'avocat général a requis lundi la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de deux anciens bourgmestres rwandais, accusés d'avoir participé au génocide des Tutsi dans leur village de l'est du Rwanda en avril 1994.
Un génocide "supervisé". A l'issue de deux mois d'un procès "pour l'histoire" devant la cour d'assises de Paris, Philippe Courroye a désigné Octavien Ngenzi, 58 ans, et Tito Barahira, 65 ans, comme des rouages essentiels du génocide dans leur commune de Kabarondo, qualifiant le premier de "dirigeant" et le second d'"officiant de la machette". Les deux hommes, qui nient toute participation au génocide, ont écouté, impassibles, les accusations : un Ngenzi "Judas" qui n'a non seulement "rien entrepris pour empêcher les massacres" mais les a "supervisés". Un Barahira "actif", qui "donne des instructions" et se mêle aux tueurs, la lance à la main.
Crime contre l'humanité. "A la fois les bourreaux et les valets des planificateurs du génocide", deux hommes qui "ont manqué leur rendez-vous avec l'humanité, avec le pardon" en niant jusqu'au bout, pour l'accusation. Philippe Courroye a rappelé que ces hommes, arrêtés en France, étaient jugés en vertu de la compétence universelle des juridictions françaises concernant le crime contre l'humanité et de génocide. Ils encourent la prison à vie, peine qui peut être assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
Un génocide entre voisins. Ce procès est le deuxième tenu en France sur les massacres de 1994 au Rwanda. Plus de huit semaines de débats ont donné à voir un génocide entre voisins, au village, sur les collines où l'on participait autrefois ensemble aux travaux communautaires. Un crime de proximité loin des centres nerveux du pouvoir, contrairement au premier procès, celui en 2014 de l'ancien capitaine Pascal Simbikangwa, un homme influent condamné à 25 ans de réclusion criminelle.