Ils sont plus de 7.000 hommes, femmes et enfants à avoir réussi la traversée vers Kos depuis les côtes turques. Depuis plusieurs semaines, cette petite île trouristique de la mer Egée est débordée par l'afflux de migrants et de réfugiés, principalement originaires de Syrie et d'Afghanistan. Pour faire face aux tensions sur place, Athènes a annoncé mercredi l'envoi de renforts policiers et d'un navire-hôtel. Retour sur une situation explosive, en cinq questions.
Pourquoi un tel afflux de migrants à Kos ? Pour les migrants désireux de rejoindre l'Europe, la petite île grecque de Kos, 33.000 habitants, est la porte d'entrée idéale, puisqu'elle est située à 5 kilomètres à peine des côtes turques, rappelle Le Monde. Depuis qu'un mur a été construit le long de la frontière entre la Grèce et la Turquie, au nord-est du pays, Kos est aussi devenue la seule alternative, avec d'autres îles de la mer Egée, comme Lesbos, Samos, Leros ou Chios. Résultat : plus de 120.000 migrants et réfugiés ont débarqué sur les côtes des îles grecques depuis le début de l'année, contre 30.000 pour toute l'année 2014, note le quotidien britannique The Guardian. La plupart ne restent pas sur place et tente d'obtenir un laissez-passer pour poursuivre leur voyage vers Athènes et le reste de l'Europe.
Dans quelles conditions sont-ils accueillis ? Vendredi, la Grèce a été épinglée vendredi par le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), qui a dénoncé une situation de "chaos" sur certaines îles, en citant particulièrement le cas de Kos. Car si sur les autres îles de la mer Egée, on trouve des centres d'accueil pour les migrants, Kos n'a aucune structure. Le stade et le gymnase de l'île ont été réquisitionnés pour accueillir les migrants et effectuer les procédures administratives.
C'est dans le stade que la plupart des migrants ont aménagé leur campement de fortune, après avoir démonté les tentes installées non loin du port. Mais d'après l'ONG Médecins sans frontières (MSF), ce stade "sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri" a été choisi sans volonté d'installer une infrastructure d'accueil à cet endroit. Le Guardian rapporte que mercredi, plusieurs migrants ont fait des malaises dans ce stade et l'un d'eux a eu une crise d'épilepsie.
Quels incidents se sont produits cette semaine ? Au-delà de ces conditions difficiles, MSF accuse également les autorités de mauvais traitements. "Auparavant, on assistait à l'inaction de l'Etat. Désormais, ce sont les abus de l'Etat, avec la police usant de plus en plus de la force contre ces personnes vulnérables", a déclaré le directeur des opérations de MSF, Brice de la Vigne. Mardi, des policiers ont tenté de contenir une bousculade de migrants à coups de matraques et vidé le contenu d'extincteurs sur des centaines d'entre eux qui tentaient de se rendre au stade. La veille, un policier a été suspendu après avoir été filmé giflant un migrant qui s'approchait trop près du poste de police local.
Comment réagit le gouvernement grec ? Critiqué, Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a promis vendredi dernier des mesures pour améliorer les structures et les procédures d'accueil, tout en soulignant que la question "dépasse" les capacités de la Grèce. Mardi soir, quarante policiers des forces anti-émeutes sont arrivés à Kos, après un appel à l'aide du maire de la ville. Des renforts sont également prévus pour les autres îles de la zone. Le gouvernement va en outre envoyer "immédiatement" un bateau pouvant héberger jusqu'à 2.500 personnes et assurer leur prise en charge par l'administration.
Et ailleurs en Méditerranée ? Dans le reste de la Méditerranée, les naufrages se poursuivent. Mardi, des migrants secourus au large de la Libye ont fait état d'une soixantaine de disparus. Selon les premiers éléments fournis par les survivants arrivés sur l'île italienne de Lampedusa, il y avait entre 117 et 120 personnes à bord, tous originaires d'Afrique subsaharienne (Ghana, Mali, Nigeria, Cameroun...). En Espagne, les services de sauvetage en mer ont annoncé avoir secouru 13 hommes dans la nuit de mardi à mercredi. Ils se trouvaient sur une embarcation de fortune, au large de Carboneras, en Andalousie.
Des passeurs ont en outré été interpellés. Douze personnes ont ainsi été arrêtées en Espagne, avec 85 migrants albanais auxquels ils avaient fourni de faux documents d'identité pour entrer illégalement au Royaume-Uni, par avion. En Allemagne, c'est un Syrien soupçonné d'avoir fait partie de l'équipage du "Blue Sky M", un vieux cargo chargé de migrants arrivé fin décembre en Italie, qui a été arrêté mercredi.