Les soldats du feu continuaient ce mardi matin de mener une bataille désespérée sur l'île grecque d'Eubée, pour empêcher un violent incendie d'atteindre la ville d'Istiaia qui abrite des milliers d'habitants. Ils ont lutté sur plusieurs fronts toute la nuit pour contenir les flammes qui embrasent depuis huit jours cette immense île montagneuse et arborée à 200 km à l'est d'Athènes. "Nous attendons un soutien aérien, mais nous verrons si la fumée permet de voler", a déclaré le maire d'Istiaia, Yiannis Kotzias, sur la télévision publique ERT.
Dans la nuit, à Avgaria, un des villages proches d'Istiaia, l'incendie a franchi les coupe-feu créés lundi soir, a rapporté l'agence grecque de presse ANA. Mais le village n'a pas subi de dégâts majeurs. D'autres coupe-feux ont été bâtis dans les villages de Kamaria et Kastaniotissa, selon l'ANA. Sur la route menant au village de Kamatriades, une quinzaine d’habitants se sont battus lundi soir contre l'avancée inexorable des flammes malgré un faible vent. "Si le feu passe ici, c’est fini", a lancé un jeune homme. Ce mardi matin, le maire d'Istiaia se montrait "optimiste sur ce front". "Nous avons réussi à contrôler ce front car nous l'avons arrosé depuis la terre et depuis les airs" lundi, a ajouté l'édile, interrogé à Kamatriades.
"Je demande pardon"
Il a estimé que "les hélicoptères ont beaucoup aidé" lundi et que "si nous avions fait çà dès le début, nous aurions évité cette destruction". "Des erreurs ont été faites et nous devons en tirer les leçons. L'Etat grec ne devra jamais oublier ce qui s'est passé au nord d'Eubée", a-t-il ajouté. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, critiqué par l'opposition et nombre d'habitants et d'autorités locales, s'est excusé à la Nation. "Je demande pardon pour de possibles erreurs" commises dans la réponse gouvernementale, a-t-il déclaré lundi soir dans une allocution télévisée. "Nous avons fait tout ce qui était humainement possible, mais dans plusieurs cas, ce n'était pas assez", a-t-il dit.
Quelque 650 pompiers opéraient toujours sur l'île, environ 250 sont venus d'Ukraine, de Serbie et de Roumanie, renforcés par 17 hélicoptères bombardiers d'eau, dont deux de Suisse et deux d'Egypte, ainsi que huit avions, dont trois Canadairs français, a précisé lundi soir la protection civile. Des milliers d'hectares ont été détruits à Eubée, des centaines d'habitations détruites et plus de 2.700 personnes évacuées par la mer. La Grèce traverse depuis deux semaines une vague d'incendies violents, favorisés par la sécheresse et des températures caniculaires, qui ont fait deux morts et des dizaines de blessés hospitalisés.