Au moins 30 personnes ont été tuées et des dizaines blessées dimanche dans des bombardements aériens de l'armée sur un quartier sud de la capitale soudanaise, ont indiqué des militants. Depuis le 15 avril, une guerre pour le pouvoir oppose au Soudan l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo. Les bombardements ont été menés vers 07H15 (05H15 GMT) sur le marché de Qoura, selon les militants qui organisent, via des comités locaux, l'entraide entre les habitants depuis le début du conflit. Ils avaient fait état plus tôt de 11 morts parmi les civils.
Au moins 7.500 morts en cinq mois
Le nombre de morts s'élève désormais à "au moins 30" dans le "massacre" du marché, ont indiqué les militants, craignant un bilan encore plus lourd alors que des "patients arrivent encore à l'hôpital Bachaïr". Cet hôpital a lancé un "appel urgent", enjoignant tous les médecins de la zone à se présenter en raison de l'afflux des blessés.
En près de cinq mois, le conflit a fait près de 7.500 morts, selon l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled). Le bilan réel pourrait être bien supérieur car de nombreuses zones du pays sont totalement coupées du monde et les deux camps refusent de communiquer leurs pertes.
L'armée est en difficulté à Khartoum, où les paramilitaires tiennent les quartiers résidentiels. Elle répond avec des raids aériens devenus plus violents --et surtout meurtriers pour les civils-- ces derniers jours pour tenter de reprendre pied dans la capitale. Les combats, concentrés principalement à Khartoum et au Darfour, vaste région de l'ouest du pays frontalière du Tchad, ont également poussé près de cinq millions de personnes à fuir leur maison.
Échec de toutes les tentatives internationales de médiation
Assiégé par les paramilitaires durant plus de quatre mois au QG de l'armée à Khartoum, le général Burhane est installé depuis fin août à Port-Soudan (est). Les multiples tentatives internationales de médiation ont jusqu'ici échoué. Les relations se sont notamment tendues entre l'armée et l'Union africaine (UA) après une rencontre la semaine dernière entre le président de sa Commission, Moussa Faki Mahamat, et le conseiller politique des FSR, Youssef Ezzat.
Le ministère des Affaires étrangères soudanais a estimé que l'organisation panafricaine "ne devrait pas accorder de place à des mouvements rebelles ou des milices terroristes", dans un communiqué sa page Facebook, en référence visiblement aux FSR, que le général Burhane a dissoutes cette semaine. Et samedi, le général Burhane a affirmé "ne pas avoir besoin de l'aide" de l'UA si l'organisation panafricaine ne changeait pas d'approche.
Le Soudan avait été suspendu de l'UA suite au putsch mené en 2021 par le général Burhane qui était alors allié à Daglo avant de devenir son ennemi. Jeudi, la Commission de l'UA avait affirmé son engagement à dialoguer "avec l'ensemble des parties", une "approche identique" selon elle à celle adoptée par les autres acteurs internationaux ayant tenté des médiations, et qui n'a pas suscité de "réserves" de la part des acteurs soudanais.