Le président français, Emmanuel Macron, a estimé vendredi que la recherche de "la vérité" et de "la reconnaissance" était plus importante que la "repentance" sur les questions de la colonisation et de la guerre d'Algérie qui empoisonnent la relation entre Paris et Alger. "J'entends souvent que, sur la question mémorielle et la question franco-algérienne, nous sommes sommés en permanence de choisir entre la fierté et la repentance", a déclaré le président français lors d'un point presse à Alger au deuxième jour de sa visite en Algérie.
"Ce n'est pas du tout de la repentance"
"Moi, je veux la vérité, la reconnaissance (car) sinon on n'avancera jamais", a-t-il martelé, en relevant que l'exercice s'annonçait plus aisé pour la nouvelle génération qui, comme lui, n'est "pas enfant de la guerre d'Algérie". "Cette histoire, on doit la regarder en face avec courage, avec lucidité, avec vérité", a-t-il dit. C'est le but de la commission franco-algérienne d'historiens dont la création a été annoncé à l'issue d'entretiens avec le président algérien Abelmadjid Tebboune, a-t-il expliqué. "Ce n'est pas du tout de la repentance", a ajouté le chef de l'État, répondant par avance aux critiques des nostalgiques de l'Algérie française tout en excluant une nouvelle fois de présenter des excuses très attendues à Alger.
La commission se penchera sur les "premiers temps de la colonisation avec leur dureté, avec la brutalité de ces événements" mais aussi sur les "disparus", a relevé Emmanuel Macron. L'Algérie demande depuis longtemps un travail de mémoire sur les pages sombres des 132 années de colonisation française, et pas seulement sur les sept dernières années de la guerre d'indépendance (1954-1962). La question des disparus algériens et européens durant la guerre reste aussi un sujet d'interrogations des familles des deux côtés de la Méditerranée.
La totalité des archives sera ouverte
Cette commission sera composée de cinq à six historiens de chaque côté, avec "peut-être de premiers travaux d'ici un an, que nous jalonnerons ensuite avec des gestes communs", a esquissé Emmanuel Macron. "On va leur ouvrir la totalité des archives (...) Le président algérien m'a dit : j'ouvre aussi les miennes", a-t-il noté. La relation franco-algérienne est une "histoire d'amour qui a sa part de tragique", a poursuivi Emmanuel Macron, interrogé sur la crise diplomatique provoquée par ses propos sur la "rente mémorielle" du système "politico-militaire algérien" et la nation algérienne.
"Il faut pouvoir se fâcher pour se réconcilier", a-t-il estimé. Le président français a aussi insisté sur l'importance de ce travail de mémoire pour permettre aux deux pays d'avancer. "La France ne peut pas avancer sans avancer sur ce sujet, l'Algérie non plus", a-t-il dit. "C'est presque psychanalytique dans la vie des nations", a-t-il dit, soulignant qu'après les guerres, il y a toujours une période d'"oubli" mais que "ces dernières décennies, on assiste au retour du refoulé", du "ressentiment" et au "fantasme sur l'histoire".