Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, plusieurs milliers de militaires ou civils ont été faits prisonniers dans les deux camps. Si Kiev semble respecter le droit international à l’égard des soldats russes qu’elle détient, ce n’est pas le cas de Moscou qui ne donne aucune nouvelle des personnes qu’elle garde dans ses geôles et surtout pas des militaires et des prisonniers - près de 2.000 - faits lors de l’assaut de l’usine Azovstal à Marioupol. Lors des rares échanges de prisonniers, les Ukrainiens ressortent dans de tristes états. Alors des associations se battent comme elles peuvent pour faire avancer les dossiers.
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Les cartons d'aides destinés aux potentiels futurs libérés s'entassent dans le petit local sombre. À seulement 27 ans, Ana se bat pour les Azovstal encore prisonniers. Il y a urgence pour eux, elle ne le sait que trop bien. "Mon copain a passé un an prisonnier. C'est leur aspect physique qui parle. Lui, il a perdu 18 kilos. Il n'y avait pas de fenêtre à la cellule. Elle était à moitié en sous-sol, sans lumière naturelle. Ils étaient 20 dans une pièce prévue pour huit et en journée, il était interdit de s'asseoir. S'ils s'asseyaient, ils étaient battus", explique la jeune femme.
"Il y a plus de nouveaux prisonniers que de gens qui reviennent"
Problème : la guerre fait rage et la monnaie d'échange prisonnier est un point de rencontre rare, délicat et en constante évolution entre les deux belligérants. "Il y a des millions de possibilités pour les libérer qui sont étudiées en permanence. Mais tout change tout le temps. C'est très compliqué et à l'arrivée, les échanges sont rares, les retours sont rares et il y a plus de nouveaux prisonniers que de gens qui reviennent", regrette-t-elle.
Ana est de ces personnes calmes, froides, résolues. "En refermant le local, mon trousseau de clefs ressemble à celui d'un gardien", plaisante-t-elle. Oui, mais d'un ange gardien.