Borodianka 2:24
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William Molinié (envoyé spécial en Ukraine), édité par Juline Garnier , modifié à
Près de 26 corps ont été sortis des décombres de deux immeubles touchés par des frappes russes jeudi à Borodianka. Dans cette nouvelle scène d'horreur, les recherches se poursuivent ce vendredi et les soldats ukrainiens s'attendent à découvrir de nombreuses fosses communes avec plusieurs dizaines de corps de civils tués.
REPORTAGE

"Le peuple ukrainien mérite notre solidarité." Ce sont les mots d'Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en route vers Kiev ce vendredi matin avec Josep Borrel, chef de la diplomatie de l'UE. La capitale ukrainienne, moins menacée dans cette guerre, tente de renaître malgré les nombreuses découvertes macabres dans ses environs.

Après le massacre de Boutcha avec ses dizaines de civils tués en pleine rue, une nouvelle scène d'horreur a pris place à Borodianka. Dans cette ville au nord ouest de Kiev, Volodymyr Zelensky assure qu'on y déplore encore davantage de victimes.

Des scènes de viols et de tortures

Jeudi, 26 corps ont été sortis des décombres dans deux immeubles d'habitation et ce n'est certainement pas terminé. Les recherches se poursuivent ce vendredi. Selon la procureure, des bombes à sous-munitions y ont été utilisées. Un soldat a confié à Europe 1 qu'il s'attendait à découvrir de nombreuses fosses communes avec des dizaines, voire des centaines de corps de civils.

Les civils racontent là encore les mêmes scènes de viols et de tortures. Dans toute cette région, l'horreur se découvre à mesure que les routes s'ouvrent et que les villes deviennent accessibles soit par la route, soit parce que les réseaux téléphoniques sont rétablis. Borodianka se trouve à une cinquantaine de kilomètres de Kiev. Il y a des ponts coupés et certaines routes n'ont pas encore été déminées.

La fuite des civils extrêmement compliquée

Sur le plan militaire, l'armée russe est en train de se replier vers l'est du pays, notamment autour du Donbass, région que les autorités ukrainiennes sont en train d'évacuer en urgence avant une nouvelle offensive d'ampleur. La fuite des civils est extrêmement compliquée, ils affluent à Zaporijia ou Dnipro.

Ce sont ceux qui arrivent à fuir parce que certaines voies ferrées sont inutilisables. Même des trains y ont été bloqués dans l'Est par des frappes russes qui sont tombées sur la seule ligne qui était encore sous le contrôle des Ukrainiens. Tout le pays se prépare donc à cette deuxième phase de la guerre.

Dans la capitale ukrainienne, un militaire expliquait qu'il serait très certainement envoyé, lui et son unité, sur ce front. Toute la question est de savoir comment Kiev va projeter cet effort de guerre sans affaiblir les positions consolidées, tout en sachant que de l'autre côté de la frontière, les Russes ont laissé des soldats pour conserver une pression permanente. Vladimir Poutine n'a qu'une idée en tête : pouvoir annoncer une victoire militaire pour le 9 mai, date anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie en 1945.