Les secouristes ukrainiens poursuivaient ce lundi la recherche des survivants dans les décombres d'un immeuble d'habitation éventré par une frappe russe qui a fait au moins 31 morts dans l'est de l'Ukraine, où les forces russes tentent de consolider leur emprise. La frappe s'est produite dans la nuit à Tchassiv Iar, une ville de quelque 12.000 habitants dans la région du Donetsk, que les troupes russes cherchent à conquérir.
Des journalistes de l'AFP ont vu des dizaines de sauveteurs s'affairer dans les décombres du bâtiment partiellement détruit, aidés par une pelleteuse mécanique. "Pendant les opérations de secours, 31corps ont été découverts sur place et cinq personnes ont pu être extraites des décombres", ont indiqué sur Facebook les services de secours locaux, précisant avoir établi un contact avec trois personnes coincées sous les ruines. "Au moins 30 personnes sont sous les gravats", a pour sa part dit sur Telegram le gouverneur du Donetsk, Pavlo Kyrylenko. L'immeuble de quatre étages a été touché par un missile russe Ouragan, a-t-il précisé.
Selon Pavlo Kyrylenko, au moins 591 civils ont été tués et 1.548 autres blessés à ce jour dans la région de Donetsk depuis le début de l'invasion russe le 24 février. Vendredi, il avait déclaré que Moscou préparait "de nouvelles actions" dans l'Est. Dans son discours de dimanche soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a condamné "tous ceux qui ordonnent de telles frappes, tous ceux qui les exécutent en visant nos villes ordinaires, nos zones résidentielles, tuent de manière absolument délibérée", et a promis de les traduire en justice. L'armée russe, qui a annoncé début juillet avoir pris le contrôle de la région de Lougansk, vise maintenant celle de Donetsk pour occuper l'ensemble du bassin minier du Donbass.
- Vladimir Poutine annonce faciliter l'obtention de la nationalité russe pour tous les Ukrainiens
- 15 personnes sont mortes dans la région du Donetsk après une frappe russe contre un immeuble d'habitation.
- Volodymyr Zelensky a condamné "tous ceux qui ordonnent de telles frappes, tous ceux qui les exécutent en visant nos villes ordinaires, tuent de manière absolument délibérée"
- Inquiète d'un trafic d'armes, l'UE renforce sa coopération avec la Moldavie
Kiev "condamne fermement" le décret de Poutine facilitant l'obtention de la nationalité russe aux Ukrainiens
La Russie a annoncé lundi faciliter l'accès à la nationalité russe pour tous les Ukrainiens, élargissant une mesure qui jusqu'ici s'appliquait aux territoires ukrainiens qu'elle occupe. Les "citoyens de l'Ukraine disposent du droit de demander la citoyenneté de la fédération de Russie selon la procédure simplifiée", est-il indiqué dans un décret du président Vladimir Poutine publié lundi.
Une décision dénoncée par Kiev. La diplomatie ukrainienne a dit lundi "condamner fermement" le décret du président russe Vladimir Poutine facilitant l'accès à la nationalité russe pour tous les Ukrainiens, y voyant un "nouvel empiètement sur la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine". "Le ministère des Affaires étrangères condamne fermement le décret du président de la Fédération de Russie", a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que "la décision mentionnée constitue un nouvel empiètement sur la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, incompatible avec les normes et principes du droit international."
Préparatifs d'offensive
Celui-ci est partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes soutenus par Moscou après l'annexion russe de la péninsule ukrainienne de Crimée. Dans le Donetsk, "il existe des signes que les unités ennemies se préparent à intensifier les opérations de combat en direction de Kramatorsk et de Bakhmut", a indiqué l'état-major ukrainien dans son point de situation de lundi matin. L'armée ukrainienne a fait état de nombreux bombardements dans tout l'est de l'Ukraine, mais d'une pause dans les attaques terrestres russes.
"L'ennemi dans notre zone opérationnelle reste derrière les lignes de défense, n'avance pas par voie terrestre, n'a pas les possibilités et les capacités de créer de nouveaux groupes de frappe", a déclaré le Commandement opérationnel Sud, tôt lundi. À Kharkiv (nord-est), deuxième ville du pays, le gouverneur Oleg Synegoubov a fait état sur Telegram de nouveaux tirs de missiles qui ont touché un "établissement d'enseignement" et une maison, faisant un blessé. "L'armée ukrainienne tient bon, repoussant les attaques dans diverses directions", a déclaré le président Zelensky. "Mais, bien sûr, il reste encore beaucoup à faire pour que les pertes russes provoquent réellement une telle pause".
Les forces ukrainiennes ont frappé une base russe dans la région méridionale occupée de Kherson, a par ailleurs indiqué l'état-major ukrainien, sans donner plus de détails. De son côté, le ministère russe de la Défense a accusé samedi dans un communiqué les Ukrainiens d'installer des hommes et des armements dans des écoles et bâtiments civils dans plusieurs localités du territoire de Donetsk et de Kharkiv.
L'Union Européenne renforce sa coopération avec la Moldavie
L'Union européenne a renforcé lundi sa coopération avec la Moldavie pour l'aider à contrôler sa frontière avec l'Ukraine et prévenir le risque de trafic d'armes en provenance de ce pays en guerre, s'inquiétant de voir détourné le matériel militaire fourni par les Occidentaux. La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson a annoncé la création d'un "hub de soutien pour la sécurité intérieure et la gestion des frontières en Moldavie", pays candidat à l'UE, lors d'une réunion à Prague des ministres européens de l'Intérieur avec leurs homologues moldave et ukrainien.
Il s'agit d'un cadre d'échange d'informations et de coopération policière sur le terrain impliquant les États membres de l'UE, la Moldavie et l'Ukraine, ainsi que les agences Europol et Frontex. La première réunion prévue lundi, impliquant douze États membres, est consacrée au trafic d'armes à feu. "Nous avons quelques indications" sur un trafic, a déclaré Ylva Johansson. "Nous savons combien d'armes il y a en Ukraine et bien sûr, toutes ne sont pas toujours entre de bonnes mains", a-t-elle ajouté, sans plus de précisions.
L'UE s'inquiète de voir se répéter le scénario de la guerre en ex-Yougoslavie. "Nous avons toujours des problèmes avec le trafic d'armes depuis (cette région) au profit du crime organisé, qui alimente la violence des réseaux criminels dans l'Union européenne", a souligné la commissaire suédoise. "Donc nous devons nous préparer ensemble dès le début", a-t-elle dit.
Outre ce trafic, des armes en provenance de l'ex-Yougoslavie se sont également retrouvées entre les mains de jihadistes qui ont frappé ces dernières années l'Europe occidentale, comme lors des attaques de Paris du 13 novembre 2015. "Nous nous tenons à la frontière avec la Moldavie, parce que c'est de là que le trafic d'armes peut arriver principalement", a indiqué la directrice générale par intérim de l'agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex), Aija Kalnaja. La coopération avec la Moldavie concerne aussi la lutte contre les réseaux de passeurs de migrants, le trafic d'êtres humains, le trafic de drogue et le terrorisme.