Les frappes russes contre le port ukrainien d'Odessa ne constituent pas un obstacle aux exportations de céréales ukrainiennes et à la mise en œuvre d'un accord signé sous l'égide l'ONU, a affirmé lundi le Kremlin. Les bombardements "visent uniquement l'infrastructure militaire. Ce n'est pas du tout lié à l'infrastructure utilisée pour la mise en œuvre de l'accord sur les exportations de céréales", a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Les informations à retenir :
- L'armée russe a bombardé samedi le port ukrainien d'Odessa
- L'accord signé vendredi à Istanbul prévoit notamment l'instauration de couloirs sécurisés
- L'Ukraine s'attend à de premières exportations "dès cette semaine"
- La compagnie Gazprom a annoncé qu'elle réduirait drastiquement dès mercredi ses livraisons de gaz à destination de l'Europe
"C'est pourquoi cela ne peut ni ne doit gêner le début du processus de chargement", a-t-il ajouté lors de son briefing téléphonique quotidien à la presse.
L'armée russe a bombardé samedi le port ukrainien d'Odessa, vital pour le commerce des céréales ukrainiennes. Ces frappes sont intervenues dès le lendemain de la signature d'un accord impliquant la Russie, l'Ukraine, la Turquie et l'ONU pour permettre les exports de céréales depuis l'Ukraine afin de réduire le risque de la crise alimentaire mondiale qui se dessine à cause de l'offensive russe.
L'accord prévoit l'instauration de couloirs sécurisés
L'accord signé vendredi à Istanbul prévoit notamment l'instauration de couloirs sécurisés afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands et l'exportation de 20 à 25 millions de tonnes de céréales grains bloquées en Ukraine.
L'exportation de blé, maïs et tournesol d'Ukraine se faisait à 90% par la mer et pour l'essentiel par Odessa, principal port ukrainien en mer Noire, qui concentrait 60% de l'activité portuaire du pays.
L'Ukraine s'attend à de premières exportations "dès cette semaine"
L'Ukraine a dit lundi s'attendre à reprendre ses premières exportations de céréales depuis la guerre "dès cette semaine", après la signature d'un accord avec Moscou et malgré le bombardement samedi par l'armée russe du grand port d'Odessa.
"Nous nous attendons à ce que l'accord commence à fonctionner dans les prochains jours et nous prévoyons qu'un centre de coordination sera mis en place à Istanbul dans les prochains jours. Nous préparons tout pour commencer dès cette semaine", a déclaré le ministre ukrainien de l'Infrastructure Oleksandre Koubrakov, lors d'une conférence de presse.
Gazprom s'apprête à couper drastiquement ses livraisons vers l'Europe
Le géant gazier russe a annoncé lundi qu'il réduirait dès mercredi drastiquement, à 33 millions de mètres cube quotidiens, les livraisons de gaz russe à l'Europe via le gazoduc Nord Stream, arguant de la nécessité de maintenance d'une turbine.
La Russie avait déjà coupé à deux reprises le volume de ses livraisons en juin, en disant que le gazoduc ne pouvait fonctionner normalement sans une turbine qui était en réparation au Canada et qui n'était pas revenue en Russie à cause des sanctions imposées par les Occidentaux à la suite de l'assaut russe contre l'Ukraine.
Pour Berlin, il s'agit d'une décision "politique" et d'un "prétexte" pour peser sur les Occidentaux dans le cadre du conflit en Ukraine. "Selon nos informations, il n'y a aucune raison technique de réduire les livraisons", a réagi une porte-parole du ministère allemand de l'Économie, auprès de l'AFP.
Zelensky attend une "riposte" de l'Europe face à la "guerre du gaz"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé lundi l'Europe à "riposter" à la "guerre du gaz" menée par la Russie en renforçant les sanctions européennes contre Moscou.
"Aujourd'hui nous avons entendu de nouvelles menaces gazières envers l'Europe (...) C'est une guerre gazière ouverte que la Russie mène contre l'Europe unie", a déclaré le chef d'État dans son message vidéo quotidien. "C'est pourquoi vous devez riposter. Ne réfléchissez pas à la façon de faire revenir une turbine, mais renforcez les sanctions", a-t-il ajouté.