Amnesty International accuse Kiev de mettre en danger la vie des civils. 0:59
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avec AFP , modifié à
L'Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées vendredi de frappes près d'un réacteur de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, le jour où trois nouveaux chargements de céréales, cruciaux pour la sécurité alimentaire mondiale, ont quitté des ports ukrainiens. Europe 1 fait le point au 163e jour de l'invasion russe.
L'ESSENTIEL

Au 163e jour de l'invasion russe, l'Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées vendredi de frappes près d'un réacteur de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d'Europe. Trois nouveaux chargements de céréales, cruciaux pour la sécurité alimentaire mondiale, ont quitté des ports ukrainiens.

Dans le même temps, le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, sur les rives de la mer Noire, où ils ont décidé de "renforcer les échanges commerciaux" entre leurs pays et d'"aller à la rencontre des attentes mutuelles dans le domaine de l'économie et de l'énergie", selon le Kremlin.

Les informations à retenir :

  • Des frappes près de la centrale nucléaire de Zaporijjia
  • Poutine et Erdogan concluent un accord pour renforcer leurs échanges commerciaux
  • Trois nouveaux chargements de céréales ont quitté l'Ukraine en convoi vendredi matin
  • Amnesty International assume son rapport qui accuse Kiev de mettre en danger la vie des civils

Vladimir Poutine a en outre remercié Recep Tayyip Erdogan pour ses efforts qui ont permis de trouver à Istanbul un accord entre Moscou et l'Ukraine sur les livraisons de céréales en provenance des ports ukrainiens.

Des frappes près de la centrale nucléaire de Zaporijjia

La situation était confuse vendredi soir concernant la situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia, sous occupation russe depuis début mars, Kiev et Moscou se rejetant la responsabilité de "trois frappes" près d'un de ses réacteurs. "Malgré les provocations des Russes, la centrale continue de fonctionner et de fournir de l'électricité au système énergétique de l'Ukraine grâce à des lignes en service. Conformément à leur capacité, il a été décidé de décharger et de déconnecter l'un des réacteurs", a fait savoir la société d'Etat ukrainienne Energoatom.

Toutefois, "il existe des risques de fuite d'hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives. Le danger d'incendie est élevé", a-t-elle prévenu. L'armée russe a quant à elle parlé dans un communiqué de "tirs d'artillerie" de "formations armées ukrainiennes", à la fois "contre le territoire de la centrale de Zaporijjia et la ville d'Energodar", dénonçant des "actes de terrorisme nucléaire".

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait déclaré mardi que la situation était "volatile" à la centrale de Zaporijjia et devenait "de plus en plus dangereuse de jour en jour". Au moment de la prise de la centrale, les militaires russes avaient ouvert le feu sur des bâtiments du site, faisant courir le risque d'un accident nucléaire majeur.

La Russie doit "porter la responsabilité" pour la "terreur" à la centrale, déclare Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré vendredi que la Russie devait "porter la responsabilité" pour "l'acte de terreur" à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia occupée par l'armée russe, cible de frappes dont Kiev et Moscou s'accusent mutuellement. "Aujourd'hui, les occupants ont créé une autre situation extrêmement risquée pour toute l'Europe: ils ont frappé à deux reprises la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande de notre continent", a déclaré M. Zelensky dans son adresse vidéo quotidienne.

"Tout bombardement de ce site est un crime éhonté, un acte de terreur. La Russie doit porter la responsabilité du fait même de créer une menace pour une centrale nucléaire", a-t-il poursuivi.

Trois chargements de céréales en mer Noire

Parallèlement, cinq jours après le départ d'Odessa (sud de l'Ukraine) d'un premier cargo - attendu dimanche au Liban - transportant des céréales ukrainiennes depuis le déclenchement de l'offensive russe, trois autres chargements, également de maïs, ont quitté l'Ukraine en convoi, a annoncé le ministère turc de la Défense. Devrait s'ensuivre une série de rotations régulières pour ravitailler les marchés agricoles.

Les trois navires desserviront l'Irlande, l'Angleterre et la Turquie, a précisé le ministère turc. Simultanément, a-t-il souligné, un bâtiment fait route, lui aussi pour y charger des céréales, vers le port de Tchernomorsk (sud de l'Ukraine), qu'il doit atteindre samedi, a déclaré le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandr Koubrakov.

La Russie et l'Ukraine ont signé deux accords séparés, validés par la Turquie et les Nations unies, qui permettent l'exportation des céréales ukrainiennes immobilisées par le conflit et de produits agricoles russes malgré les sanctions occidentales. Ils doivent permettre d'atténuer la crise alimentaire mondiale, qui a vu les prix monter en flèche dans certains des pays les plus pauvres en raison du blocage des ports ukrainiens.

Les prix des denrées alimentaires ont toutefois nettement fléchi en juillet, tirés vers le bas par ceux des céréales et des huiles végétales, a annoncé vendredi l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Amnesty assume ses conclusions

Suscitant l'ire de l'Ukraine, Amnesty International a pour sa part, dans un rapport paru jeudi après une enquête de quatre mois, reproché aux militaires ukrainiens d'installer des bases dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques à partir de zones peuplées. Et ce, a relevé cette ONG, en violation du "droit international humanitaire".

Le président Volodymyr Zelensky l'a en retour accusée de "tenter d'amnistier l'Etat terroriste" russe et de "transférer la responsabilité de l'agresseur à la victime". Vendredi, Amnesty International a pleinement confirmé ses "conclusions", "fondées sur des preuves obtenues lors d'investigations de grande ampleur soumises aux mêmes normes rigoureuses et au même processus de vérification" que tout son travail habituel.

L'ONG a toutefois, dans son rapport, insisté sur le fait que les tactiques ukrainiennes ne "justifient en aucun cas les attaques russes aveugles" qui ont touché la population.

Nouvelle frappe sur Mykolaïv

Sur le terrain, les Russes ont une fois de plus bombardé vendredi Mykolaïv, une ville située non loin du front sud. Bilan : 22 blessés, dont un adolescent de 13 ans, et de nombreuses habitations endommagées, a dit son maire, Oleksandr Senkevitch. Un couvre-feu a été instauré dans cette cité jusqu'à lundi matin afin de neutraliser les "collaborateurs" des Russes, a fait savoir le gouverneur de la région Vitali Kim.

Les forces ukrainiennes mènent actuellement une contre-offensive dans le sud, où elles affirment avoir repris plus de 50 villages tombés aux mains des soldats russes.