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avec AFP , modifié à
Au 166e jour de l'invasion russe en Ukraine, Moscou a accusé lundi les forces ukrainiennes de bombarder la plus grande centrale nucléaire d'Europe, Zaporijjia, tenue par l'armée russe, tandis que le départ de cargos chargés de céréales, cruciales pour la sécurité alimentaire mondiale, se poursuit. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

L'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement depuis vendredi de bombarder la plus grande centrale nucléaire d'Europe, Zaporijjia, située dans le sud du pays et tombée début mars aux mains des soldats russes, sans qu'aucune source indépendante ne puisse confirmer. Le bombardement du site de Zaporijjia "par les forces armées ukrainiennes" est "potentiellement extrêmement dangereux" et "pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour une vaste zone, y compris pour le territoire européen", a averti lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Les informations à retenir :

  • Le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia a été bombardé deux fois en 24 heures
  • Le Kremlin accuse Kiev et met en garde contre des "conséquences catastrophiques"
  • L'Ukraine frappe de nouveau un pont stratégique à Kherson
  • Nombre record de réfugiés en Finlande à cause de la guerre en Ukraine
  • Quatre cargos chargés de céréales sont partis d'Ukraine

Le ministère russe de la Défense a affirmé que la dernière frappe, dans la nuit de samedi à dimanche, avait endommagé une ligne à haute tension fournissant de l'électricité à deux régions ukrainiennes. Le patron de l'agence nucléaire ukrainienne Energoatom, Petro Kotine, a pour sa part appelé à déloger les occupants russes et à créer une "zone démilitarisée" sur le site de la centrale.

"Il devrait y avoir une mission de gardiens de la paix qui inclurait aussi des experts de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) et d'autres organisations de sécurité", a-t-il poursuivi dans une vidéo publiée sur Telegram. Selon lui, la centrale de Zaporijjia est occupée par "environ 500 soldats et 50 véhicules lourds, des tanks et des camions".

L'un des réacteurs de la centrale a dû être arrêté

"Il n'y a pas une seule nation au monde qui puisse se sentir en sécurité lorsqu'un Etat terroriste bombarde une centrale nucléaire", a réagi dans sa vidéo quotidienne dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'AIEA avait jugé samedi "de plus en plus alarmantes" les informations en provenance de Zaporijjia, dont l'un des réacteurs a dû être arrêté après l'attaque de la veille.

Au moment de la prise de la centrale, les militaires russes avaient ouvert le feu sur des bâtiments, au risque d'un accident nucléaire majeur. "Toute attaque contre des centrales nucléaires est une chose suicidaire", a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lundi à Tokyo. "J'espère que ces attaques prendront fin. En même temps, j'espère que l'AIEA pourra accéder à la centrale" de Zaporijjia, a-t-il ajouté.

Washington appelle Moscou à cesser toute activité militaire autour des centrales nucléaires

Les Etats-Unis ont appelé lundi la Russie à cesser toute activité militaire dans et autour des centrales nucléaires en Ukraine dont celle de Zaporijjia, la plus grande d'Europe et tenue par l'armée russe.

"Nous continuons à appeler la Russie à cesser toutes ses opérations militaires dans et autour des centrales nucléaires ukrainiennes et à en redonner le contrôle à l'Ukraine", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean Pierre, lors d'un point presse à bord d'Air Force One. "Combattre autour d'une centrale nucléaire est dangereux", a-t-elle dit tout en soulignant que, selon les données recueillies, "heureusement, nous n'avons aucune indication d'une augmentation anormale des niveaux de radioactivité".

Nouvelle aide de 4,5 milliards de dollars de la Banque mondiale

La Banque mondiale a annoncé lundi une aide supplémentaire de 4,5 milliards de dollars pour l'Ukraine, grâce à des fonds apportés par les États-Unis, afin d'aider le gouvernement à faire face aux "besoins urgents engendrés par la guerre".

Cette aide supplémentaire doit notamment permettre au gouvernement et aux autorités locales d'assurer les dépenses sociales, de retraite ou de santé, précise la Banque mondiale dans un communiqué. Cela porte à près de 13 milliards de dollars le montant total de l'aide financière d'urgence apportée à l'Ukraine par l'institution.

Le Pentagone annonce une nouvelle tranche d'aide militaire d'un milliard de dollars

Le Pentagone a annoncé lundi une nouvelle tranche d'aide militaire à l'Ukraine, pour un montant d'un milliard de dollars, qui comprend notamment des missiles supplémentaires pour les systèmes américains d'artillerie de précision Himars.

Cette nouvelle tranche d'aide prévoit aussi l'envoi de missiles supplémentaires de courte et moyenne portée pour les systèmes de défense anti-aérienne NASAMS, ainsi que de missiles anti-chars Javelin, a précisé le ministère américain de la Défense dans un communiqué.

Nouvelle amende pour la journaliste russe opposée à l'offensive en Ukraine

La journaliste russe Marina Ovsiannikova, célèbre pour avoir interrompu le journal d'une chaîne d'Etat russe avec une affiche contre l'offensive en Ukraine, a été condamnée lundi à une nouvelle amende pour avoir dénoncé le conflit.

Reconnue coupable par un tribunal administratif de Moscou d'avoir "discrédité" l'armée russe, Marina Ovsiannikova devra payer une amende de 40.000 roubles (environ 650 euros au taux de change actuel), a-t-elle indiqué sur son compte Telegram.

Un tankiste russe condamné à 10 ans de prison pour avoir tiré sur un immeuble résidentiel

Un tribunal ukrainien a condamné à 10 ans de prison un tankiste russe accusé d'avoir tiré sur un immeuble résidentiel, ont annoncé lundi les services ukrainiens de sécurité (SBU). Le sergent Mikhaïl Koulikov, fait prisonnier au début de l'invasion russe de l'Ukraine, a été reconnu coupables de "violation des lois et coutumes de la guerre" par un tribunal de Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine.

Selon le SBU, "il a été établi que le tankiste russe avait franchi le 24 février la frontière de l'Ukraine depuis le Bélarus" puis, avançant en direction de cette capitale régionale durement touchée par les combats, "bombardé des localités".

Un nouveau bateau chargé de céréales prend la mer

Dans le cadre des rotations régulières pour ravitailler les marchés agricoles entamées la semaine dernière, un navire chargé de 60.000 tonnes de céréales a quitté lundi pour la première fois depuis le début de la guerre Pivdenny, un des trois ports ukrainiens de la mer Noire concernés par l'accord sur la reprise des exportations de céréales.

Et un premier navire transportant des céréales a accosté lundi en Turquie, sa destination finale, alors que l'arrivée d'un autre qui était attendu dimanche au Liban a été retardée. "Au cours des deux prochaines semaines, nous prévoyons d'atteindre un rythme de trois à cinq navires par jour", a indiqué le ministère ukrainien des Infrastructures. Au total, huit navires chargés de céréales sont déjà partis d'Ukraine.

Le blocage de millions de tonnes de céréales du fait de la guerre qui a débuté le 24 février a provoqué une envolée des prix alimentaires dans les pays les plus pauvres et suscité la crainte d'une crise alimentaire mondiale. L'accord du 22 juillet conclu entre la Russie et l'Ukraine, via une médiation de la Turquie et sous l'égide de l'ONU, permet la reprise des exportations de céréales ukrainiennes malgré la guerre et de produits agricoles russes en dépit des sanctions occidentales.

L'armée ukrainienne frappe un pont stratégique à Kherson

Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont affirmé avoir de nouveau frappé dans la nuit de dimanche à lundi un pont stratégique de Kherson, une ville du sud occupée par les troupes russes depuis le 3 mars. Le pont Antonivski est vital pour le ravitaillement car il est le seul reliant la ville à la rive sud du Dniepr et au reste de la région de Kherson.

L'armée ukrainienne annonce depuis plusieurs semaines une contre-offensive dans cette région afin de reconquérir ces territoires perdus dans les tout premiers jours de l'offensive russe.

Des missiles américains ont frappé les forces russes à Melitopol

Par ailleurs, des missiles américains Himars ont frappé dans la nuit de dimanche à lundi les forces russes à Melitopol, une autre ville occupée par l'armée russe dans le sud du pays, selon son maire Ivan Fedorov. Dimanche, le président Zelensky avait reconnu que la situation était toujours "très difficile dans le Donbass (est), dans la région de Kharkiv (nord-est) et dans le sud, où les occupants tentent de concentrer leurs forces".

Il en a profité pour mettre en garde les Russes contre l'organisation de "référendums" dans les territoires occupés du sud de son pays en vue de leur annexion, les prévenant que s'ils persistent dans cette voie, "ils se fermeront à eux-mêmes toute possibilité de négociations avec l'Ukraine et le monde libre, dont ils auront certainement besoin à un moment donné". Lundi, les autorités nommées par Moscou dans la région de Zaporijjia, en partie occupée par l'armée russe, ont annoncé lancer officiellement les préparatifs à la tenue d'un référendum sur son rattachement à la Russie.