L'explosion dans un dépôt militaire russe mardi en Crimée relève d'une tentative ukrainienne de fragiliser les bases arrière russes dans le sud de l'Ukraine, tandis que la démotivation s'empare des milices prorusses dans sa partie orientale, où les combats se poursuivent sans grandes avancées. Un bombardement russe à Kharkiv a également fait trois morts en fin de journée. Voici un point de la situation au 175e jour de la guerre.
Les informations à retenir :
- Six morts dans un bombardement russe à Kharkiv
- Un nouveau dépôt de munitions saboté en Crimée
- L'Otan réclame une "inspection" de l'AEIA à Zaporijjia
Six morts et 16 blessés dans une frappe sur Kharkiv
Au moins six personnes ont été tuées et 16 blessées mercredi dans un bombardement russe sur Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, a annoncé son maire, en précisant que la frappe avait provoqué un incendie. "A l'heure actuelle, les informations font état de trois morts et dix blessés", a d'abord indiqué Igor Terekhov sur Telegram. "Il y a un puissant incendie sur les lieux de la frappe dans un immeuble d'habitation", a-t-il ajouté.
Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe dans le nord-est de l'Ukraine, la ville de Kharkiv est régulièrement pilonnée par l'armée russe depuis le début de l'invasion fin février, mais les troupes de Moscou n'ont jamais réussi à prendre la cité. Des centaines de civils ont été tués dans la région de Kharkiv depuis le début de la guerre, selon le décompte des autorités.
La Crimée encore attaquée
Mardi, l'armée russe a révélé qu'un dépôt militaire situé près de Djankoï, dans le nord de la Crimée, avait "été endommagé (...) à la suite d'un acte de sabotage", sans toutefois désigner de responsables. Sur une vidéo obtenue par l'AFP, on aperçoit plusieurs importants panaches de fumée, d'où jaillissent de nombreuses boules de feu, les munitions ayant pris feu, dans une intense pétarade. "Un certain nombre d'infrastructures civiles, parmi lesquelles une ligne de haute tension, une centrale électrique, une voie ferroviaire, ainsi que plusieurs maisons, ont également été endommagées", a raconté l'armée russe.
Andriï Iermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, a, quant à lui, salué sur Telegram une "opération 'démilitarisation' façon travail d'orfèvre par les forces armées ukrainiennes". D'après le ministère britannique de la Défense, citant des médias russes, de la fumée a également été visible mardi au-dessus de Gvardeïskoïe, dont les installations et celles de Djankoï constituent les "deux des plus importants aéroports militaires russes en Crimée".
La contre-offensive ukrainienne en Crimée
Ces explosions interviennent une semaine après qu'un autre aérodrome militaire russe avait été endommagé à Saki, en Crimée. Moscou avait alors mentionné un accident, quand experts et images satellites semblaient révéler le résultat d'une attaque ukrainienne. Au moins neuf avions avaient été détruits, selon l'analyste danois Oliver Alexander.
Depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février, la Crimée sert de base arrière logistique aux forces russes. L'offensive sur le sud de l'Ukraine qui a permis à Moscou de conquérir de larges pans de territoires aux premières semaines de la guerre est partie de là. Les attaques contre les positions russes en Crimée "font probablement partie d'une contre-offensive ukrainienne cohérente visant à reprendre le contrôle de la rive occidentale du Dniepr", observe l'Institut nord-américain sur l'étude de la guerre (ISW).
Les forces de Kiev, qui ont également tiré sur les ponts enjambant ce fleuve, cherchent à empêcher le ravitaillement et le renforcement des troupes russes présentes à l'ouest du Dniepr, notamment dans la région de Kherson, poursuit-il. L'Ukraine a par ailleurs menacé mercredi de démanteler le pont de Kertch, construit à grands frais par Moscou pour connecter la Russie à la péninsule annexée de Crimée. "Ce pont est une structure illégale et l'Ukraine n'a pas donné sa permission pour sa construction", a écrit sur Telegram le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak.
L'Otan réclame une inspection de l'AIEA à Zaporijjia
L'Otan a réclamé mercredi un "inspection" urgente par l'Agence internationale de l'énergie atomique de la centrale nucléaire de Zaporijjia, cible de plusieurs frappes, dont les deux belligérants s'accusent mutuellement, faisant craindre une catastrophe nucléaire. "Il est urgent d'autoriser une inspection de l'AIEA", a jugé son secrétaire général Jens Stoltenberg, qui a également appelé au "retrait de toutes les forces russes" de la plus grande centrale d'Europe, qu'elles contrôlent depuis début mars.
Mardi, l'opérateur public ukrainien des centrales nucléaires Energoatom avait dénoncé une cyberattaque russe "sans précédent" contre son site en ligne, précisant que son fonctionnement n'avait pas été perturbé. Le groupe russe "Cyberarmée populaire" avait utilisé 7,25 millions de robots internet qui ont pendant trois heures attaqué le site d'Energoatom, avait assuré la société ukrainienne, mais sans "impact considérable".
Valentyn Reznitchenko, le gouverneur de la région de Dnipro, a de son côté fait état mercredi de huit frappes russes sur Nikopol, qui fait face à la centrale de Zaporijjia, et de 40 autres à Tchervonogrygorivka. Aucune victime n'a selon lui été recensée.
Des troupes prorusses démotivées dans l'est
Une partie de la milice prorusse de la "République" de Lougansk (LNR), qui compose le Donbass avec celle de Donetsk (DNR), refuse justement de se battre dans la DNR, estime l'ISW, se fondant sur une vidéo visible sur les réseaux sociaux ukrainiens. "Les soldats affirment avoir célébré la victoire le 3 juillet, lorsque les forces de la LNR ont atteint les frontières de Lougansk et que leur travail est terminé", raconte le centre de recherche américain, qui, s'il dit ne pouvoir vérifier l'authenticité de la vidéo, assure que cela s'inscrit dans une "tendance plus large de diminution de l'investissement" des milices prorusses.
Une partie des troupes de la DNR, qui soutiennent à l'inverse les efforts militaires faits sur son territoire, s'étaient plaintes de manière similaire ces derniers mois quand elles avaient été réaffectées dans la région de Lougansk ou encore à Kherson (sud), relève l'ISW. Mercredi, le gouverneur pro-ukrainien de la région de Donetsk Pavlo Kyrylenko a de son côté fait état de plusieurs bombardements russes ayant localement fait au moins deux morts et treize blessés.