Les bombardements russes ont pour le moment fait huit morts et 19 blessés en 24 heures dans la population des régions de Kharkiv (nord-est) et de Donetsk (est), a déclaré la présidence ukrainienne au 202e jour de l'invasion russe de l'Ukraine. Le pays "enregistre jusqu'à 200 crimes de guerre commis chaque jour par les Russes" sur son sol, a en outre assuré l'état-major de l'armée, ajoutant que "plus de 70.000 km2 dans dix régions ukrainiennes ont été minés" par les occupants.
De son côté, la Russie a affirmé que les militaires ukrainiens se livraient à de dures représailles contre des civils dans les endroits qu'ils ont repris ces derniers jours. "Selon nos informations, il y a de nombreuses actions punitives contre les habitants de la région de Kharkiv, des gens sont torturés, maltraités", a lâché le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant : "C'est révoltant".
Les informations à retenir :
- Huit morts et 19 blessés en 24 heures dans des bombardements russes
- La Russie accuse les forces ukrainiennes de torturer des civils dans les zones reconquises
- Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme que les forces ukrainiennes ont repris 6.000 km2 de territoires
Des frappes massives russes contre des forces armées ukrainiennes
Lors d'une réunion mardi de l'état-major, le président ukrainien Voldymyr Zelensky a fait valoir que "plus de 4.000 km2 et plus de 300 localités ont été libérés. Des mesures de stabilisation sont en œuvre et l'offensive se poursuit". "Les forces aériennes, balistiques et l'artillerie russes effectuent des frappes massives contre les unités des forces armées ukrainiennes dans toutes les zones opérationnelles", a de son côté souligné le ministère russe de la Défense.
Il a en particulier évoqué des bombardements près de Sloviansk, Konstantinivka et Bakhmout dans l'est de l'Ukraine, ainsi que dans les régions méridionales de Mykolaïv et de Zaporijjia et dans celle de Kharkiv, d'où les soldats russes se sont presque totalement retirés face aux avancées ukrainiennes.
"Pas de perspective de négociations", selon le Kremlin
L'offensive russe déclenchée le 24 février va continuer "jusqu'à ce que les objectifs soient atteints", avait martelé la veille le Kremlin, selon lequel il n'y a actuellement "pas de perspectives de négociations" entre les deux belligérants. L'Ukraine avait fait état lundi de nouveaux succès militaires, disant avoir atteint la frontière russe et rétabli son contrôle sur l'équivalent de sept fois la superficie de Kiev en un mois.
"La libération des localités occupées par les envahisseurs russes se poursuit dans les régions de Kharkiv et de Donetsk", a indiqué mardi l'armée ukrainienne. Selon le chef adjoint de l'administration présidentielle Kiril Timochenko, "l'approvisionnement en électricité de la ville de Kharkiv et de toute la région a été rétabli".
6.000 km2 de territoires ukrainiens libérés, annonce Zelensky
Au total, "depuis le début du mois de septembre, nos soldats ont déjà libéré 6.000 km2 de territoires ukrainiens dans l'est et le sud", un chiffre deux fois supérieur à celui officiellement fourni 24 heures auparavant, a déclaré lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Et nous continuons d'avancer", a-t-il conclu.
Les Russes chassés de plus de 20 localités par les forces ukrainiennes
Les Russes "ne parviennent pas à renforcer la nouvelle ligne de front après les gains ukrainiens dans l'est de l'Oblast de Kharkiv et fuient en nombre la zone ou bien se redéployent sur d'autres axes", a relevé mardi l'Institute for the Study of War (ISW), un centre de réflexion qui a son siège aux États-Unis.
"Des images diffusées sur les médias sociaux montrent des files de voitures s'étendant sur des kilomètres près de Stchastia et de Stanyssia Louganska", à la limite de la "République populaire de Lougansk", unilatéralement proclamée en 2014 par les séparatistes prorusses (comme celle de Donetsk) et près de la frontière russe. Sur l'ensemble du front, l'armée ukrainienne avait assuré la veille avoir "réussi à chasser l'ennemi de plus de 20 localités" en 24 heures.
Olaf Scholz appelle Vladimir Poutine à ordonner un "retrait complet"
Sur le plan diplomatique, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé mardi le président russe Vladimir Poutine à ordonner le "retrait complet" hors d'Ukraine des forces russes. Lors d'un entretien téléphonique de 90 minutes, le dirigeant allemand a "insisté auprès du président russe pour qu'une solution diplomatique soit trouvée le plus rapidement possible, basée sur un cessez-le-feu, un retrait complet des troupes russes et le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine", selon un communiqué de la chancellerie allemande.
La pression s'accroît sur Olaf Scholz, à Kiev comme au sein de sa propre coalition gouvernementale, pour livrer des chars susceptibles de parachever les succès de la contre-offensive ukrainienne.
L'Estonie et la Lituanie demandent plus d'efforts à Macron
La Première ministre estonienne Kaja Kallas et le président lituanien Gitanas Nauseda ont également appelé mardi le président français Emmanuel Macron à accroître son aide militaire à l'Ukraine, lors d'une conversation téléphonique à l'initiative de Paris. Devant le Parlement européen, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a annoncé le même jour qu'il va proposer aux Etats membres d'accorder un nouveau financement pour la fourniture d'armes à l'Ukraine.
A Kiev, le ministre danois de la Défense Morten Bødskov a indiqué à l'agence danoise Ritzau que son pays allait entraîner des soldats ukrainiens sur son sol.
La Première ministre finlandaise, Sanna Marin, a elle appelé mardi à l'unité de l'Union européenne et à de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie face à son "chantage" énergétique. Les ministres européens de l'Energie se réuniront à cet égard le 30 septembre pour examiner les mesures d'urgence proposées par la Commission afin d'enrayer l'envolée des prix du gaz et de l'électricité provoquée par la guerre en Ukraine.
Quatre corps de civils découverts avec des traces de torture
Dans la soirée de lundi, le chef du cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak avait diffusé une vidéo dans laquelle une voix off expliquait : "La 14e brigade mécanisée séparée a atteint la frontière de la région de Kharkiv avec la Russie. Ceci est le village de Ternova", situé à cinq kilomètres de la frontière russe.
"Il est trop tôt pour dire exactement où tout cela va nous mener", a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. "Nous sommes dans les premiers jours (de la contre-offensive, ndlr) donc je pense qu'il ne serait pas bien de prédire exactement où tout cela va nous conduire".
Toujours dans la région de Kharkiv, le parquet ukrainien a annoncé lundi la découverte de quatre corps de civils portant des "traces de tortures" à Zaliznytchné, une petite localité récemment reconquise. Selon l'enquête préliminaire, "les victimes ont été tuées par les militaires russes pendant l'occupation du village", a-t-il ajouté.
Les forces russes ont été accusées d'exactions à de multiples reprises en Ukraine.