Les pays d'Asie du Sud-Est sont contraints à un difficile numéro d'équilibriste avec la Russie, un partenaire économique qu'ils doivent préserver, face aux pressions des États-Unis pour isoler Moscou, avant une série de sommets internationaux. L'invasion russe de l'Ukraine, en février, a fini par rattraper l'Asie du Sud-Est, qui va devoir sortir de son silence pour évoquer ce sujet délicat et ses répercussions économiques, lors d'une séquence diplomatique chargée en novembre. Trois sommets sont au programme ce mois-ci : l'Asean à Phnom Penh (11-13), le G20 à Bali (15-16) puis le Forum de coopération Asie-Pacifique (Apec) à Bangkok (18-19).
L'Indonésie, dans un rôle de médiateur, a invité le président russe Vladimir Poutine ainsi que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky au G20, mais aucun des deux dirigeants n'a confirmé sa présence physique. L'Ukraine doit également signer un traité d'amitié et de coopération avec les pays de l'Asean à Phnom Penh, au Cambodge, où Volodymyr Zelensky a demandé à délivrer un message vidéo lors du sommet. Il ne faut pas s'attendre à ce que le bloc régional de dix pays, qui a fait de la non-ingérence un de ses principes fondamentaux, fasse un choix clair entre Kiev et Moscou, ont assuré les experts interrogés par l'AFP. Mis au devant de leurs limites diplomatiques, ses membres restent divisés entre le besoin de commercer avec la Russie et la crainte de représailles de ses partenaires occidentaux qui veulent isoler Moscou.
Les informations à retenir :
- Les pays d'Asie du Sud-Est vont devoir sortir de leur silence lors de différents sommets qui auront lieu dans les jours qui viennent
- Vladimir Poutine a remis un titre posthume à un "prêtre soldat" tué en Ukraine
- la Russie ordonne le retrait de ses forces de Kherson
- Un haut responsable de l'occupation russe est mort
La Russie ordonne le retrait de ses forces de Kherson
Le ministre russe de la Défense a ordonné mercredi le retrait des forces russes de la rive droite du fleuve Dniepr dans la région ukrainienne de Kherson, qui inclut la capitale régionale du même nom, cible d'une vaste contre-offensive ukrainienne. "Procédez au retrait des soldats", a dit à la télévision Sergueï Choïgou, après une proposition en ce sens du commandant des opérations russes en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, qui a reconnu qu'il s'agissait d'une décision "pas du tout facile" à prendre.
Mort d'un haut responsable de l'occupation russe
Un haut responsable de l'occupation russe dans la région ukrainienne de Kherson, Kirill Stremooussov, est mort mercredi dans des circonstances non précisées, selon un dirigeant russe, en pleine contre-offensive de Kiev dans ce territoire. "Kirill Stremooussov a péri. C'est une énorme tragédie, une perte irréparable", a indiqué sur Telegram Sergueï Aksionov, chef d'occupation prorusse de la région ukrainienne de Crimée, annexée par Moscou. Il n'a pas précisé les circonstances de sa mort. Plusieurs médias pro-Kremlin affirment que Kirill Stremooussov est mort dans un accident de la route.
La Commission européenne propose une aide de 18 milliards d'euros pour l'Ukraine en 2023
La Commission européenne a proposé mercredi aux Vingt-Sept d'accorder à l'Ukraine une aide de 18 milliards d'euros en 2023, sous forme de prêts dont les intérêts seraient pris en charge par les Etats membres.
"Cette aide financière stable, régulière et prévisible, de 1,5 milliard d'euros en moyenne par mois, permettra de couvrir une part importante des besoins de financement à court terme de l'Ukraine pour 2023, que les autorités ukrainiennes et le Fonds monétaire international estiment être de 3 à 4 milliards d'euros par mois", indique l'exécutif européen dans un communiqué.
Les relations russo-américaines resteront "mauvaises" après les élections aux Etats-Unis, selon le Kremlin
Les relations entre Moscou et Washington resteront "mauvaises" quels que soient les résultats des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, a souligné mercredi la présidence russe, en pleine crise liée à l'offensive russe en Ukraine. "Ces élections, dans le fond, ne peuvent rien changer. Nos relations sont mauvaises pour le moment et le resteront", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes.
"Ces élections sont importantes, mais d'un autre côté je pense ne pas me tromper en disant qu'il ne faut pas trop surestimer leur importance pour l'avenir de nos relations bilatérales à court et moyen terme", a-t-il ajouté. Ces dernières années, le Kremlin est accusé d'encourager des opérations d'ingérence lors des élections aux Etats-Unis, notamment via des campagnes d'influence sur les réseaux sociaux.
"On est tellement habitués (à ces accusations) qu'on n'y fait même plus attention", a commenté mercredi Dmitri Peskov. Les relations russo-américaines traversent l'une des pires crises de leur histoire avec l'offensive du Kremlin en Ukraine, pays soutenu depuis massivement par l'administration du président américain démocrate Joe Biden à coups de livraisons d'armes et d'aides financières.
Poutine décore un "prêtre soldat" tué en Ukraine
Vladimir Poutine a remis mardi à titre posthume la plus haute décoration de Russie à un prêtre orthodoxe, tué récemment en Ukraine, qui avait recommandé aux mères de soldats russes de faire plus d'enfants pour atténuer leur chagrin. Dans un communiqué, le Kremlin a indiqué que Mikhaïl Vassiliev avait reçu le titre de "Héros de la Fédération de Russie" pour "son courage et son héroïsme dans l'accomplissement de son devoir civique". Dimanche, le Patriarcat de Moscou a annoncé la mort de ce prêtre "dans la zone de l'opération spéciale en Ukraine", alors qu'il accomplissait "ses fonctions cléricales".
Le patriarche Kirill, chef de l'Eglise russe, l'un des piliers du pouvoir de Vladimir Poutine, doit célébrer mercredi une messe spéciale autour du corps du défunt depuis la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou. Selon Alexandre Sladkov, un correspondant de la télévision publique russe, le pope a été tué lors d'un bombardement ukrainien dans la région occupée de Kherson, en proie à une contre-offensive de Kiev depuis des semaines. ,"Il est mort comme un prêtre soldat, aux côtés des parachutistes", a écrit dimanche Alexandre Sladkov sur Telegram.
D'après le Patriarcat de Moscou, Mikhaïl Vassiliev, né en 1971, avait déjà servi comme aumônier militaire lors d'opérations de l'armée russe au Kosovo, en Bosnie, dans le Caucase et en Syrie. Récemment, il avait fait parler de lui après une interview sur la chaîne de télévision orthodoxe russe "Spas". Interrogé sur le cas d'une mère russe qui avait envoyé son fils à l'étranger pour éviter qu'il ne soit mobilisé pour combattre en Ukraine, il avait recommandé aux femmes de faire plus d'enfants pour atténuer leur peine.
"Si une dame suit le précepte de Dieu 'Soyez féconds, multipliez-vous' et refuse au sens large tous les moyens artificiels d'interruption de grossesse, alors elle aura généralement plus d'un seul enfant. Et donc ce ne sera pas si douloureux de s'en séparer", avait-il affirmé.