La Russie a accusé lundi l'Ukraine d'attaquer son territoire, notamment en lançant un drone contre une base aérienne en territoire russe, à des centaines de kilomètres du front, deuxième opération du genre ce mois-ci. Les services de sécurité russes (FSB) ont aussi affirmé avoir "éliminé" des "saboteurs" ukrainiens qui tentaient d'entrer depuis l'Ukraine dans la région russe de Briansk.
Les autorités ukrainiennes n'ont fait aucun commentaire, comme à leur habitude, sur ces deux incidents. Selon les agences de presse russes, un drone ukrainien a été abattu alors qu'il s'approchait, dans la nuit, de la base d'Engels dans la région de Saratov, soit à quelque 600 km de l'Ukraine.
"À la suite de la chute de l'épave du drone, trois techniciens russes qui se trouvaient sur l'aérodrome ont été mortellement blessés", selon l'agence TASS citant le ministère de la Défense. Ce bilan de trois soldats tués a été confirmé par le gouverneur régional, Roman Boussarguine, sur son compte Telegram.
Les principales informations :
- La Russie dénonce les attaques ukrainiennes sur son territoire
- L'Ukraine appelle à l'exclusion de la Russie de l'ONU
- Kiev accuse Moscou d'avoir mené plus de 4.500 cyber-attaques contre l'Ukraine
Des saboteurs ukrainiens "éliminés", affirme le FSB
Le 6 décembre, cette même base d'Engels, qui abrite des bombardiers stratégiques russes, avait été visé par des drones ukrainiens, selon Moscou, témoignant de la capacité de certains appareils ukrainiens à tromper les défenses antiaériennes russes. Le FSB a aussi affirmé lundi qu'un groupe de "saboteurs" ukrainiens avait tenté de pénétrer dimanche en territoire russe, dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine, en possession d'armes et explosifs.
"A l'issue d'affrontements armés le 25 décembre, quatre saboteurs ont été éliminés", a indiqué le FSB, qui a également la charge de la protection des frontières. Une vidéo, diffusée par l'agence de presse Ria-Novosti et attribuée au FSB, montre des cadavres ensanglantés, entourés d'armes et vêtus de tenues de camouflage hivernal.
L'AFP n'a pas été en mesure de confirmer ces informations de source indépendante. Ces derniers mois, la Russie a accusé Kiev de nombreuses attaques contre des sites militaires et des infrastructures importantes. L'attaque au camion piégé qui avait partiellement détruit le pont de Crimée, reliant cette péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014 au territoire russe, avait constitué début octobre un camouflet pour le Kremlin, qui enchaînait aussi les revers sur le champ de bataille.
Kiev n'a jamais confirmé son implication dans l'explosion sur ce viaduc, mais celle-ci a conduit Vladimir Poutine à multiplier les frappes contre l'infrastructure énergétique ukrainienne. Aujourd'hui, des millions de civils doivent vivre, en plein hiver, avec seulement quelques heures d'électricité par jour. Une large part de la population est aussi confrontée à des coupures de chauffage urbain et d'eau courante. Quelque neuf millions d'Ukrainiens sont restés lundi soir sans électricité, a ainsi affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L'Ukraine veut exclure Moscou de l'ONU
C'est dans ce contexte que l'Ukraine a appelé lundi à l'exclusion de la Russie de l'ONU. "L'Ukraine appelle les Etats membres de l'ONU (...) à priver la Fédération de Russie de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et à l'exclure de l'ONU dans son ensemble", a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dimanche, le président russe Vladimir Poutine avait une fois encore cherché à justifier son offensive militaire contre l'Ukraine qui dure depuis plus de 10 mois au prix de lourdes pertes. Selon lui, l'Occident se servait de l'Ukraine comme d'une tête de pont pour menacer la Russie.
"Tout est basé sur la politique de nos adversaires géopolitiques, qui vise à diviser la Russie, la Russie historique", a dénoncé Vladimir Poutine, assurant vouloir "unir le peuple russe" qui comprend selon lui les Ukrainiens. Selon lui, l'armée russe "agit dans la bonne direction", malgré un automne catastrophique pour Moscou, qui a vu des contre-offensives ukrainiennes reprendre au nord, à l'est et au sud des territoires occupés par les forces russes.
Les Ukrainiens ont surpris la Russie en résistant avec acharnement depuis 10 mois à l'armée russe. Les forces ukrainiennes ont aussi pu enchaîner les succès militaires depuis septembre grâce à une aide militaire et financière croissante de l'Occident.
Moscou a mené plus de 4.500 cyber-attaques contre l'Ukraine en 2022, accuse Kiev
Les services de cyber-sécurité ukrainiens ont neutralisé plus de 4.500 cyber-attaques russes contre leur pays depuis le début de l'année, a accusé lundi un responsable. Dans une interview à la chaîne de télévision "My-Ukraine", Ilya Vitiuk, chef du département de cyber-sécurité au Service de sécurité de l'Ukraine (SSU), "le pays agresseur lance en moyenne plus de dix cyber-attaques par jour. Heureusement, la société ukrainienne n'est même pas au courant de la plupart d'entre elles".
"Nous avons abordé 2022 avec huit ans d'expérience de guerre hybride derrière nous", a-t-il ajouté. "Au moment de l'invasion, nous étions déjà préparés pour les pires scénarios". Selon lui, près de 800 cyber-attaques ont été enregistrées en 2020, plus de 1.400 en 2021 et en 2022 ce nombre a triplé.
Des cyber-attaques "massives ont été repoussées en janvier et février et ont constitué pour nous un entraînement supplémentaire avant l'invasion" russe fin février, a poursuive M. Vitiuk. Selon lui, Moscou cible en particulier le secteur de l'énergie, la logistique, les installations militaires, ainsi que les bases de données gouvernementales et les ressources d'information.
"Nous surveillons les risques et les menaces en temps réel, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", a-t-il assuré. "Nous connaissons nommément la plupart des hackers des services spéciaux russes qui travaillent contre nous. Après la victoire de l'Ukraine, ils devront comparaitre devant un tribunal militaire international".