Les hostilités ont repris dimanche en Ukraine après la trêve du Noël orthodoxe décrétée sans convaincre par Vladimir Poutine, à l'issue de laquelle Moscou a affirmé avoir vengé ses pertes en faisant des centaines de morts en une frappe, ce qu'a aussitôt démenti Kiev.
Dans la seule région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, l'administration locale a fait état en début de soirée de plus d'une centaine de bombardements et de frappes dans la journée de dimanche. "L'armée russe a effectué 144 frappes durant la journée", notamment sur les localités d'Esmansk, Novoslobid, Myropil, Bilopol et Khotyn qui étaient "sous le feu", a écrit le chef de l'administration régionale Dmytro Jivitskiï sur le réseau social Telegram.
À Esmansk notamment, l'armée russe a frappé avec des mortiers, des lance-roquettes multiples Grad et de l'artillerie lourde, détruisant quatre maisons, une école et une salle communale. Il n'y a cependant pas eu de victimes dans la région, selon la même source.
Les principales informations :
- Après la trêve du Noël orthodoxe, les bombardements ont repris entre la Russie et l'Ukraine. "L'armée russe a effectué 144 frappes durant la journée", notamment sur les localités d'Esmansk, Novoslobid, Myropil, Bilopol et Khotyn qui étaient "sous le feu", a écrit le chef de l'administration régionale Dmytro Jivitskiï sur le réseau social Telegram.
- Dimanche matin, les autorités ukrainiennes ont indiqué que deux personnes avaient été tuées et neuf autres blessées au cours des 24 heures précédentes dans le pays. À Kramatorsk, une ville de l'est du pays, des journalistes de l'AFP avaient entendu au moins quatre explosions samedi avant minuit.
- La Russie - fait extrêmement rare - a reconnu des pertes importantes, avec 89 soldats tués.
- Les séparatistes prorusses revendiquent le contrôle d'un village situé près de la ville de Bakhmout, l'épicentre actuel des combats que les forces de Moscou cherchent à conquérir depuis plusieurs mois.
- Deux personnes ont été tuées après une frappe russe ayant touché un marché dans le village de Chevtchenkové, dans le nord-est de l'Ukraine.
Deux morts et six blessés après un bombardement russe visant un marché
Au moins deux personnes ont été tuées lundi dans une frappe russe ayant touché un marché dans le village de Chevtchenkové, dans le nord-est de l'Ukraine, ont indiqué les autorités locales, tandis que les combats se poursuivaient dans l'est. "Six personnes ont été blessées dans une attaque à la roquette sur Chevtchenkové. Deux autres sont mortes", a indiqué sur Telegram Oleg Synegoubov, gouverneur de la région de Kharkiv, publiant des photos de pompiers dans des gravats et d'étals en feu. A Kherson, dans le sud, le gouverneur Iaroslav Ianouchevitch a rapporté un mort et un blessé dans un bombardement russe qui a touché un quartier résidentiel.
Dans l'est, les troupes russes ont mené un "bombardement massif" sur Kourakhivka, qui a fait au moins deux blessés et endommagé une vingtaine de maisons, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko. Selon la présidence ukrainienne, deux personnes sont mortes et dix ont été blessées au cours des dernières 24 heures dans tout le pays. L'armée ukrainienne a de son côté confirmé que Bakhmout, ville de l'est de l'Ukraine, restait le "point le plus chaud du front", où des "combats acharnés ont lieu". "L'ennemi y a concentré le maximum de forces prêtes au combat, y compris les unités de Wagner", groupe paramilitaire dont les mercenaires combattent aux côtés des troupes russes, a indiqué Serguiï Tcherevaty, porte-parole du commandement oriental de l'armée.
Dimanche, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, avait aussi rapporté une situation "très difficile" à Soledar, à 15 kilomètres au nord-est de Bakhmout. Selon le renseignement ukrainien, la Russie se prépare à lancer de nouvelles attaques sur le système énergétique du pays, alors que les températures ont chuté. Ces combats interviennent après un cessez-le-feu unilatéral de 36 heures décrété par le président russe, Vladimir Poutine, à l'occasion du Noël orthodoxe vendredi et samedi. Les hostilités avaient toutefois continué lors de cette trêve, mais d'une intensité moindre.
Le contrôle d'un village revendiqué par les séparatistes prorusses
Les séparatistes prorusses de la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, ont affirmé lundi avoir pris le contrôle d'un village situé près de la ville de Bakhmout, l'épicentre actuel des combats que les forces de Moscou cherchent à conquérir depuis plusieurs mois. La localité de Bakhmoutské, dans la région de Donetsk, "a été libérée par les forces armées russes", ont indiqué les séparatistes de cette région dont Moscou revendique l'annexion. L'AFP n'était pas en mesure de vérifier ces affirmations de source indépendante. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le groupe de mercenaires Wagner, dirigé par un homme d'affaires proche du Kremlin, a affirmé que ce village avait déjà été "libéré" par ses hommes le mois dernier.
Le village de Bakhmoutské est situé au nord-est de Bakhmout, ville connue jadis pour ses vignobles et ses mines de sel et qui comptait environ 70.000 habitants avant le début de l'offensive russe en février dernier. Elle est désormais le point le plus chaud du front. Les forces russes, emmenées notamment par les mercenaires du groupe Wagner, cherchent à prendre Bakhmout depuis des mois, mais elles font face à une résistance acharnée des Ukrainiens. Les deux camps se livrent notamment à un féroce duel d'artillerie qui a réduit en ruines une partie de la ville. Bakhmoutské est situé juste à côté de la ville de Soledar, également le théâtre de violents combats.
Dans un autre communiqué, le chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé que l'assaut sur Soledar était "exclusivement" mené par des membres de son organisation. Ces déclarations illustrent la rivalité croissante qui existe, selon nombre d'analystes, entre le ministère russe de la Défense d'une part et le groupe Wagner d'autre part.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé dans une adresse dimanche soir que la zone située entre Bakhmout et Soledar était "l'un des endroits les plus sanglants sur le front". La Russie a revendiqué en septembre l'annexion de la région de Donetsk, ainsi que de trois autres régions ukrainiennes, à l'issue de référendums non reconnus par Kiev et la communauté internationale.
Un cessez-le-feu fictif
Après la fin du cessez-le-feu samedi à minuit (21h00 GMT), l'état-major ukrainien avait déjà recensé plus d'une cinquantaine d'attaques russes aux missiles et roquettes au cours de la nuit. Dimanche matin, les autorités ukrainiennes ont indiqué que deux personnes avaient été tuées et neuf autres blessées au cours des 24 heures précédentes dans le pays, malgré un cessez-le-feu unilatéral de 36 heures décrété par Vladimir Poutine de vendredi 10H00 à minuit samedi, jour du Noël orthodoxe.
Il n'a guère été respecté, les Ukrainiens accusant Moscou d'avoir déclaré un cessez-le-feu fictif, et les Russes les accusant en retour de les avoir contraints à riposter à leurs tirs. Les Occidentaux avaient dénoncé une "hypocrisie" de Moscou.
Selon le chef adjoint de l'administration présidentielle ukrainienne Kyrylo Tymochenko, un civil a été tué dans la région de Kharkiv (nord-est) et un autre dans celle de Donetsk (est). Et neuf personnes ont été blessées dans trois régions.
À Kramatorsk, une ville de l'est du pays, des journalistes de l'AFP avaient entendu au moins quatre explosions samedi avant minuit. Les autorités ukrainiennes locales ont indiqué que la ville avait été été touchée par sept roquettes russes au cours de la nuit. Deux autres roquettes ont visé la ville voisine de Kostiantynivka.
Dimanche, l'armée russe a affirmé, sans en préciser la date, avoir mené des frappes sur des casernes à Kramatorsk, et infligé de lourdes pertes se chiffrant en centaines de morts en "représailles" au bombardement ukrainien extrêmement meurtrier sur un bâtiment de la localité de Makiïvka dans la nuit du Nouvel an.
La Russie - fait extrêmement rare - avait reconnu des pertes importantes, avec 89 soldats tués. Mais des correspondants de guerre russes et les autorités ukrainiennes avaient pour leur part fait état de centaines de morts dans ce bâtiment où avaient été rassemblés des réservistes mobilisés.
Échange de prisonniers
Ces pertes lourdes parmi les réservistes avaient suscité l'émotion en Russie, où le Kremlin a décrété à l'automne la mobilisation de centaines de milliers d'hommes, et des critiques acerbes à l'égard du commandement militaire. Elles survenaient en outre de manière humiliante au moment où le président Vladimir Poutine s'affichait en compagnie de militaires dans un message du Nouvel An très véhément à l'égard de l'Ukraine et de ses alliés occidentaux.
"Plus de 600 soldats ukrainiens ont été tués" dans la frappe sur Kramatorsk, a assuré le ministère russe de la Défense dans un communiqué dimanche, la présentant comme une "opération de représailles en réponse à la frappe criminelle du régime de Kiev dans les premières minutes de janvier 2023".
L'Ukraine a nié toute frappe sur des casernes à Kramatorsk, affirmant que la revendication russe "ne correspond pas à la vérité". Plus tôt dans la journée, Pavlo Kirilenko, le chef de l'administration ukrainienne de la région de Donetsk, avait affirmé que les frappes russes sur la ville avaient atteint "un établissement d'enseignement, un bâtiment industriel et des garages", sans faire de victimes.
Il n'était pas possible dans les conditions du conflit de vérifier immédiatement ces affirmations."Le monde a pu voir encore une fois ces derniers jours que la Russie ment même quand elle attire l'attention sur la situation avec ses propres annonces", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dimanche soir dans un message vidéo, commentant le déroulement du cessez-le-feu décrété les deux jours précédents par Moscou.
Il s'est aussi félicité de la libération dimanche de 50 Ukrainiens par les Russes à la faveur d'un échange de prisonniers, dont 33 officiers.