Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 324e jour de l'invasion russe

Soledar
La Russie a affirmé vendredi avoir pris le contrôle de Soledar à l'issue d'une bataille féroce. © Diego Herrera Carcedo / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 324e jour du conflit en Ukraine, Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis de fournir "tout le nécessaire" aux soldats qui résistent aux assauts russes à Soledar et Bakhmout, alors que la première ville est tombée aux mains des forces de Vladimir Poutine, affirme le ministère russe de la Défense.
L'ESSENTIEL

La Russie a affirmé vendredi avoir pris le contrôle de Soledar à l'issue d'une bataille féroce, une annonce immédiatement démentie par Kiev selon qui des "violents combats" étaient toujours en cours dans cette petite ville de l'est de l'Ukraine. "A été achevée le 12 janvier dans la soirée la libération de la ville de Soledar, qui a une grande importance pour la poursuite des opérations offensives" dans la région de Donetsk, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Les informations à retenir :

  • La ville de Soledar est aux mains des russes, assure Moscou
  • Volodymyr Zelensky a promis de fournir "tout le nécessaire" aux soldats qui résistent aux assauts russes à Soledar et Bakhmout
  • Déploiement d'avions de surveillance AWACS en Roumanie à partir de mardi
  • L'AIEA va tripler sa présence permanente dans les centrales nucléaires, notamment celle de Zaporijjia

Kiev ne confirme pas la conquête russe de Soledar 

"De violents combats se déroulent toujours à Soledar", a immédiatement répliqué à la télévision ukrainienne le porte-parole du commandement Est de l'armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty. Selon lui, "les forces armées ukrainiennes maintiennent la situation (à Soledar) sous contrôle dans des conditions difficiles" face "aux meilleures unités (du groupe russe de mercenaires) Wagner et d'autres forces spéciales" russes.

À la télévision ukrainienne, Sergui Tcherevaty a accusé Moscou de "diffuser un 'bruit informationnel'" faux autour de la conquête de cette ville autrefois connue pour ses mines de sel, pour "semer la méfiance parmi les Ukrainiens envers (leur) armée".  "De petites retraites ou manœuvres ne signifient pas qu'il faille les percevoir comme une grande défaite", a-t-il lancé.

Une offensive russe "de forte intensité" dans la zone de combat

Plus tôt dans la matinée, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, avait elle évoqué "une offensive (russe) de forte intensité" dans la zone avec des combats qui "ont continué" dans la nuit, qui fut "chaude". "C'est une phase difficile de la guerre", avait-elle dit. Selon l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un organisme basé aux Etats-Unis, la capture de Soledar, une petite ville d'environ 10.000 habitants avant la guerre, "est peu susceptible de présager un encerclement imminent de Bakhmout", cible principale de l'armée russe, située à 15 kilomètres au sud-ouest de Soledar.

Elle "ne permettra pas aux forces russes d'exercer un contrôle sur les importantes lignes de communication terrestres ukrainiennes vers Bakhmout", notait-il dans son bulletin quotidien. Les combats dans et autour de Soledar font rage depuis plusieurs mois, mais leur intensité a fortement augmenté ces derniers jours.

Rivalité entre Wagner et le ministère russe de la Défense

Mercredi, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, avait déjà revendiqué la prise de Soledar avec ses hommes, avant d'être rapidement contredit non seulement par Kiev, mais aussi par le ministère russe de la Défense avec lequel il entretient des relations de rivalité. Dans son bulletin quotidien, l'ISW avait indiqué penser que "les forces russes ont (en réalité) probablement capturé Soledar le 11 janvier", soit mercredi.

Pour appuyer ses propos, l'ISW évoquait notamment "des photos géolocalisées publiées les 11 et 12 janvier" qui "indiquent que les forces russes contrôlent probablement la plupart sinon la totalité de Soledar et ont probablement poussé les forces ukrainiennes hors de la périphérie ouest de la localité".

Zelensky promet de fournir "tout le nécessaire" à son armée

Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait pourtant promis de fournir "tout le nécessaire" à son armée pour résister aux assauts russes à Soledar et à Bakhmout. Sans présenter de chiffres, Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, avait reconnu auprès de l'AFP "des pertes significatives" de son côté dans cette "bataille sanglante", estimant qu'elles étaient "énormes" dans le camp adverse, ce que le ministère russe de la Défense n'a pas confirmé.

Signe de l'intensité de l'offensive russe, l'armée ukrainienne a indiqué avoir repoussé jeudi des attaques dans plus d'une dizaine de localités dans la région. "Il reste encore beaucoup de travail à faire", avait de son côté relevé face à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Pour mieux coordonner et appuyer ses assauts sur le terrain, le Kremlin a depuis deux jours un nouveau chef des opérations en Ukraine : le général Valéri Guerassimov, un militaire d'expérience qui est par ailleurs déjà à la tête de l'état-major des armées russes.

L'Ukraine "de facto" membre de l'Otan, dit Kiev

Sur le plan international du conflit, l'Ukraine a dit vendredi être devenue "de facto" membre de l'Otan. "C'est vrai. C'est un fait", a déclaré à la BBC le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. "Je suis sûr que dans un avenir proche, nous deviendrons membre de l'Otan, de jure", a-t-il poursuivi, faisant écho à la demande formelle de Kiev à ce sujet.

L'Alliance a par ailleurs annoncé vendredi le déploiement d'avions de surveillance AWACS en Roumanie à partir de mardi pour soutenir sa présence renforcée dans la région et "surveiller l'activité militaire russe". Le Conseil de sécurité de l'ONU doit par ailleurs se rassembler à 20 heures GMT pour discuter de la situation en Ukraine, près de 11 mois après le début de l'invasion russe.

L'armée russe salue le "courage" des combattants de Wagner

L'armée russe a salué vendredi le "courage" des combattants du groupe paramilitaire Wagner dans les affrontements pour la ville de Soledar dans l'est de l'Ukraine, un rare signe de reconnaissance entre ces deux structures souvent en rivalité.

Selon un communiqué du ministère russe de la Défense, les opérations pour la capture de Soledar, annoncée par Moscou mais démentie par Kiev, ont été menées par "un groupement hétérogène de troupes", mais "l'assaut direct contre les quartiers résidentiels de Soledar (...) a été mené avec succès grâce aux actions courageuses et désintéressées des volontaires des escouades d'assaut de Wagner".

L'AIEA va tripler sa présence dans les centrales nucléaires

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), déjà présente dans la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par l'armée russe, va envoyer dans les prochains jours des experts sur les autres sites ukrainiens et tripler à terme leur nombre. L'instance onusienne "sera bientôt déployée de manière permanente dans l'ensemble des centrales d'Ukraine, y compris à Tchernobyl", selon un communiqué publié vendredi soir.

Son directeur général Rafael Grossi se rend sur place la semaine prochaine pour lancer le nouveau dispositif. Si des missions ponctuelles ont eu lieu depuis le début de la guerre, cette décision "marque une expansion majeure", souligne l'AIEA. Jusqu'à présent, seul le site très sensible de Zaporijjia, proche de la ligne de front et régulièrement cible de bombardements, accueillait du personnel de l'organisation internationale - "jusqu'à quatre" personnes y sont stationnées depuis septembre.

 

Désormais, "environ 11 à 12 experts seront présents à tout moment" en Ukraine pour "surveiller la situation, examiner l'équipement" ou encore "fournir une aide technique", détaille l'Agence. Le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, avait annoncé en décembre, après une rencontre avec M. Grossi, de telles missions destinées à "sécuriser" les cinq centrales du pays, mais le calendrier et la taille n'avaient pas été précisés.

Outre Zaporijjia, les inspecteurs vont être déployés à Rivné, Khmelnytskiï, Pivdennooukraïnsk et Tchernobyl, la tristement célèbre centrale où eut lieu en 1986 le plus grave accident nucléaire civil de l'histoire. Le chef de l'AIEA va également rencontrer à l'occasion de sa visite de hauts responsables ukrainiens, dans le cadre de ses efforts pour mettre en place une "zone de protection" autour de la centrale de Zaporijjia. Il mène des consultations depuis plusieurs mois avec Kiev et Moscou, sans succès pour l'instant.