Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 356e jour de l'invasion russe

Les membres de l'Otan poursuivent ce mercredi à Bruxelles leurs discussions pour accélérer leurs livraisons d'armements et de munitions à l'Ukraine.
Les membres de l'Otan poursuivent ce mercredi à Bruxelles leurs discussions pour accélérer leurs livraisons d'armements et de munitions à l'Ukraine. © DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 356e jour de la guerre en Ukraine, les membres de l'Otan poursuivaient ce mercredi à Bruxelles leurs discussions pour accélérer leurs livraisons d'armements et de munitions à l'Ukraine. Des livraisons d'artillerie, de défense antiaériennes et de blindés ont été évoqués. Mais les avions de combat, demandé par Kiev, n'ont pas été cités dans la liste des livraisons d'armements prévues.
L'ESSENTIEL

Les membres de l'Otan poursuivaient mercredi à Bruxelles leurs discussions pour accélérer leurs livraisons d'armements et de munitions à l'Ukraine, laquelle insiste pour recevoir aussi des avions de combat afin de mieux résister à l'invasion russe. "La priorité, l'urgence, est de fournir aux Ukrainiens les armements qui leur ont été promis pour maintenir leur capacité de se défendre", a insisté mardi Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Alliance, avant le début de cette réunion de deux jours du "groupe de Ramstein".

Toutes les décisions sur les envois d'armements à l'Ukraine sont prises au sein de cette instance constituée et présidée par les Etats-Unis, à laquelle participent une cinquantaine de pays, et qui tient habituellement ses réunions sur la base américaine de Ramstein en Allemagne. Entamée mardi, la réunion à Bruxelles se poursuit mercredi. "Le programme de demain est tout aussi chargé. Nous consacrerons plus de temps aux chars", a commenté mardi soir sur Facebook le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov.

"Nous allons fournir aux Ukrainiens les moyens de tenir et d'avancer pendant la contre-offensive de printemps", a assuré pour sa part le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Il a insisté sur l'artillerie, la défense antiaérienne et les blindés, mais n'a pas cité les avions de combat dans les livraisons d'armements prévues.

Les principales informations à retenir : 

  • L'Ukraine dit avoir abattu des ballons russes au-dessus de Kiev
  • Macron va évoquer à Munich les "moyens d'assurer la défaite de la Russie"
  • L'Allemagne va envoyer un demi bataillon de chars en Ukraine 
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a insisté mardi dans la soirée sur la nécessité de livraisons rapides d'armes à son pays, la pression militaire russe étant de plus en plus forte dans l'est.

France et Chine expriment "le même objectif de contribuer à la paix", dit l'Elysée

Emmanuel Macron et le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi ont exprimé mercredi, lors d'une rencontre à Paris, "le même objectif de contribuer à la paix" en Ukraine "dans le respect du droit international", a déclaré l'Elysée. Le président français a reçu ce haut responsable après s'être entretenu en novembre en Indonésie avec son homologue chinois Xi Jinping, et avant une future visite en Chine dont le principe a été énoncé mais la date pas encore annoncée.

Il ne cache pas son espoir de voir Pékin, qui reste un allié important de Moscou et n'a pas condamné l'invasion russe de l'Ukraine lancée il y a près d'un an, faire pression sur la Russie pour qu'elle revienne à la "table des négociations".  Persuadé que la "stabilité" du monde est primordiale pour la Chine, Emmanuel Macron avait appelé en novembre le président chinois à "unir" leurs "forces" contre ce conflit.

L'Ukraine dit avoir abattu des ballons russes au-dessus de Kiev 

L'Ukraine a annoncé mercredi avoir abattu plusieurs "ballons" envoyés par la Russie pour tester ses systèmes de défense antiaérienne à Kiev, en pleine prise de conscience internationale sur l'utilisation de ces objets espions. "Selon les information préliminaires, une demi-douzaine d'objets aériens ont été détectés dans l'espace aérien de Kiev (...). Il s'agissait de ballons qui se déplacent sous l'influence du vent", a déclaré l'administration militaire régionale de la capitale ukrainienne.

"Il est possible que ces objets aient transporté des systèmes réfléchissants et certains équipements d'espionnage", a ajouté la même source, assurant que "la plupart" des ballons avaient été abattus. La présence de ces objets volants a provoqué le déclenchement de sirènes antiaériennes dans la capitale ukrainienne, ce qui arrive généralement à l'approche de missiles.

L'Allemagne va envoyer un demi bataillon de chars en Ukraine 

L'Allemagne a indiqué mercredi qu'elle enverrait fin mars en Ukraine "un demi bataillon" de chars de combats Leopard 2, soit une quinzaine de blindés, au moment les alliés de l'Otan peinent à rassembler les chars promis à Kiev. "Soyons clairs: nous n'avons pas atteint un bataillon, ce sera un demi bataillon", a reconnu le ministre allemand de la défense Boris Pistorius à l'issue d'une réunion à Bruxelles.

Fin janvier, Berlin s'était engagé à mettre à la disposition de l'Ukraine, avec d'autres pays, une trentaine de chars de combat Leopard 2 pour aider Kiev face à l'offensive russe. Le ministre allemand a précisé que son pays serait en mesure de fournir "14 Leopard 2 A6 en provenance d'Allemagne, plus 3 annoncés par le Portugal". "Je tiens à préciser que les nôtres seront livrés dans la dernière semaine de mars. C'est certain", a-t-il affirmé.

10e paquet de sanctions contre Moscou

L'Union européenne propose de viser des opérateurs iraniens dont les drones "tuent des civils ukrainiens" dans son  dixième paquet de sanctions contre Moscou en préparation, a souligné mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. "Nous proposons (...) des restrictions sur des dizaines de composants électroniques utilisés dans les systèmes d’armement russes, tels que les drones, les missiles, les hélicoptères", a-t-elle souligné devant le Parlement européen à Strasbourg, précisant que l'ensemble des nouvelles sanctions porterait au total sur 11 milliards d'euros. 

"Mais il y a aussi des centaines de drones fabriqués en Iran que la Russie utilise sur les champs de bataille en Ukraine. Ces drones iraniens tuent des civils ukrainiens", a-t-elle ajouté. Elle a ainsi défendu le fait que le nouveau paquet de sanctions européennes contre Moscou soit aussi dirigé, "pour la première fois", contre des opérateurs iraniens, "y compris ceux liés aux Gardiens de la Révolution". Elle a précisé que sept entités iraniennes étaient visées dans le projet de la Commission.

Macron va évoquer à Munich les "moyens d'assurer la défaite de la Russie"

Le président français Emmanuel Macron évoquera vendredi à Munich les "moyens d’assurer la défaite de la Russie" et les "mécanismes" qui permettront à l'avenir de "garantir la sécurité" en Europe, a annoncé mercredi l'Elysée. Le chef de l'Etat, invité à la Conférence sur la sécurité qui se tient chaque année dans la capitale bavaroise, dressera en début d'après-midi "le bilan de la première année du conflit en Ukraine et de tout ce que la France a fait depuis l’agression par la Russie", a indiqué la présidence française

Il regardera, "au-delà des moyens d’assurer la défaite de la Russie, la sortie de crise et demain le genre de mécanismes qui seront nécessaires pour garantir la stabilité en Europe et assurer que ceci ne se reproduira pas", a-t-elle ajouté. Emmanuel Macron s'est attiré les foudres de certains de ses partenaires européens, notamment à l'Est, en appelant à ne pas "humilier" la Russie et à lui offrir des "garanties de sécurité".

Accord sur les céréales en situation difficile selon l'ONU

L'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes -crucial pour endiguer la crise alimentaire mondiale- est en situation "difficile", a indiqué le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, espérant toutefois qu'il sera renouvelé le 18 mars. Cet accord scellé en juillet 2022 entre l'ONU, l'Ukraine, la Russie et la Turquie a permis de limiter la grave la crise alimentaire mondiale provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février. 

Il a été reconduit mi-novembre pour 120 jours, et doit être renouvelé le 18 mars, a indiqué M. Griffiths, lors d'une conférence de presse à Genève. "Je tiens à dire qu'avant le dernier renouvellement, j'avais exprimé une certaine confiance dans le fait que cela se ferait", a-t-il indiqué. Mais "je pense que nous sommes dans une situation légèrement plus difficile en ce moment", a-t-il affirmé, soulignant que l'accord céréalier "fonctionne en tandem" avec l'accord entre l'ONU et la Russie sur les exportations d'engrais russes.

Six ans de prison pour un message sur l'Ukraine sur Instagram

Un tribunal russe a condamné mercredi à six ans de prison une journaliste qui avait dénoncé sur Instagram l'offensive en Ukraine, nouvel exemple de la répression des voix critiques du conflit. Maria Ponomarenko, âgée de 44 ans, a été reconnue coupable de "diffusion d'informations fausses" sur l'armée, a indiqué le Comité d'enquête russe, chargé des principales investigations criminelles en Russie. Cette infraction, introduite après le début de l'assaut sur l'Ukraine, a déjà été utilisée à plusieurs reprises pour condamner à de lourdes peines de prison des personnes ayant critiqué publiquement le conflit.

La journaliste a été condamnée par un tribunal de Barnaoul, dans la région sibérienne de l'Altaï, où elle travaillait pour un site d'information, RusNews. Selon l'ONG spécialisée OVD-Info, elle était poursuivie pour avoir publié en mars 2022, peu après l'offensive du 24 février, un message sur le réseau social Instagram dénonçant le bombardement du théâtre de la ville ukrainienne de Marioupol, alors assiégée par l'armée russe.

Discussion sur les avions

"Les avions de combat ne sont pas la question la plus urgente mais une discussion est en cours", a assuré de son côté Jens Stoltenberg. A Bruxelles, Oleksiï Reznikov a insisté à sa manière sur cette demande d'avions de combat pour Kiev en défroissant devant les caméras un foulard porté en pochette sur laquelle était dessiné un de ces appareils.

"Il est dans son rôle mais les Ukrainiens savent très bien qu'il faudra au moins une année pour les obtenir", a confié un des participants. "Tout le monde comprend que la question de la défense antiaérienne et la question du réapprovisionnement en munitions sont beaucoup plus importantes en ce moment que la discussion sur les avions de combat", a soutenu le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius.

Plusieurs annonces ont été faites mardi, notamment celle de la fourniture d'un système de défense antiaérienne Mamba (SAM-T), l'équivalent du Patriot, par la France et l'Italie. Une arme qui vaut 500 millions d'euros. La France va également produire des obus de 155 mm avec l'Australie, et les blindés AMX-10 promis à l'Ukraine seront livrés dans les prochains jours. Le Pentagone a annoncé, quant à lui, un contrat de 552 millions de dollars avec deux entreprises d'armement pour produire des obus de 155 mm pour Kiev. Les premières livraisons sont attendues en mars. 

L'Allemagne a fait état de la relance d'une ligne de production de munitions pour les chars de défense antiaérienne Gepard. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, le premier contrat porte sur 300.000 munitions livrables à Kiev à partir de juillet.

"Guerre d'usure"

"Il s'agit d'une guerre d'usure et d'une bataille logistique", a insisté M. Stoltenberg. Le président russe "Vladimir Poutine ne se prépare pas à la paix. Il se prépare à une nouvelle offensive, à de nouvelles attaques". Le chef de l'Otan avait averti lundi que l'Ukraine utilisait plus de munitions que l'Alliance ne pouvait en produire. "Cela épuise nos stocks et met nos industries de défense sous pression", avait-il dit.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a insisté mardi dans la soirée sur la nécessité de livraisons rapides d'armes à son pays, la pression militaire russe étant de plus en plus forte dans l'est. "L'Ukraine et ses partenaires font tout ensemble pour que l'Etat terroriste perde. Et pour que cela se produise le plus vite possible", a-t-il déclaré, évoquant des accords pour "plus de systèmes de défense aérienne, plus de chars, plus d'artillerie et d'obus". Ces demandes ukrainiennes se font plus insistantes à un moment où les troupes russes avancent peu à peu dans l'est et notamment au nord de Bakhmout, l'épicentre des affrontements depuis plusieurs mois.

Des combats acharnés se poursuivent autour de cette ville forteresse, a à cet égard constaté mardi une équipe de l'AFP. "Bakhmout ne sera pas prise demain, parce qu'il y a une forte résistance, un pilonnage, le hachoir à viande est en action", a reconnu le patron de l'organisation paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes sont en première ligne dans cette bataille.

Volodymyr Zelensky a évoqué mardi une situation "extrêmement difficile" dans les régions de Lougansk et de Donetsk, où les soldats luttent "pour chaque mètre de terre ukrainienne".