L'Ukraine a affirmé jeudi avoir abattu dans la nuit la quasi-totalité des missiles russes ayant visé Kiev et plusieurs régions, faisant un mort à Odessa (sud), Moscou se félicitant à l'inverse d'avoir "détruit" toutes ses cibles. Cette neuvième série de frappes de missiles russes visant en particulier la capitale depuis le début du mois intervient à l'heure où Kiev dit achever ses préparatifs en vue d'une offensive d'ampleur pour bouter les Russes hors du territoire ukrainien.
Les principales informations à retenir :
- De nouvelles attaques aériennes ont frappé Kiev et plusieurs régions d'Ukraine jeudi à l'aube.
- Une rencontre entre Li Hui, haut responsable chinois, et le président Volodymyr Zelensky
- Moscou et Kiev ont prolongé leur accord céréalier vital pour l'alimentation mondiale.
- L'armée russe affirme de son côté avoir "détruit" toutes les cibles de ses frappes nocturnes en Ukraine.
La mission africaine en Russie en juin ou juillet prochain
La mission africaine menée par six dirigeants africains pour discuter d'un règlement du conflit en Ukraine se rendra en Russie en juin ou juillet, a annoncé jeudi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. "Suite aux souhaits du président (sud-africain Cyril) Ramaphosa, on parle de mi/fin juin ou début juillet", pour une visite de ces dirigeants en Russie, a déclaré Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse. Outre l'Afrique du Sud, la mission inclura le Sénégal, la Zambie, le Congo, l'Ouganda et l'Égypte. Elle doit se rendre à Moscou, mais aussi en Ukraine.
"Le président (Vladimir Poutine) est toujours prêt à parler à nos partenaires qui sont sincèrement intéressés par la stabilité dans le monde", a affirmé Sergueï Lavrov, selon qui le Kremlin est prêt à entendre des "initiatives concrètes" de la part de la délégation africaine. Les pays africains ont été moins unanimes que les grandes puissances occidentales à dénoncer l'offensive militaire russe en Ukraine. Des pays comme le Sénégal et l'Afrique du Sud se sont ainsi abstenus à l'ONU lors du vote d'une résolution la condamnant.
Proche du Kremlin depuis l'époque de la lutte contre l'apartheid, l'Afrique du Sud, dirigée par Cyril Ramaphosa, a toujours refusé de condamner l'invasion de l'Ukraine, affirmant rester "neutre" et vouloir privilégier le dialogue. L'annonce d'une mission africaine est d'ailleurs intervenue après que l'ambassadeur américain en Afrique du Sud a affirmé qu'un cargo russe avait accosté en décembre près du Cap pour repartir vers la Russie chargé d'armes et de munitions.
Pretoria a dit de son côté qu'il n'existait aucune trace de ventes d'armes approuvées par l'État à la Russie et ouvert une enquête.
29 missiles et quatre drones abattus par Kiev
Au cours de cette dernière "attaque nocturne", les forces ukrainiennes ont réussi à détruire "33 cibles aériennes - 29 missiles et quatre drones !", a déclaré le commandant de l'armée de l'air, Mykola Olechtchouk, sur un total de 30 missiles tirés par la Russie, selon la hiérarchie militaire. À l'inverse, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "atteint" et "détruit" toutes les cibles de ses frappes nocturnes. Il n'a pas précisé quels objectifs étaient visés, se bornant à souligner que des "stocks significatifs d'armements et de munitions" ukrainiens avaient été détruits et que des déplacements de troupes avaient été "enrayés".
L'administration civile et militaire de Kiev a jugé que les attaques russes menées depuis début mai étaient "sans précédent par leur puissance, leur intensité et leur variété". Selon elle, des missiles de croisière ont été lancés par des bombardiers stratégiques russes venus de la région de la mer Caspienne, et des drones de reconnaissance ont ensuite survolé la capitale. "Toutes les cibles ennemies dans l'espace aérien de Kiev ont été détectées et détruites", a-t-elle affirmé.
Un mort et deux blessés à Odessa
Dans le port d'Odessa, sur la mer Noire, une personne a été tuée et deux autres blessées lors d'une attaque contre un site industriel, selon un porte-parole de l'armée. L'armée a également fait état d'attaques de "missiles de croisière" dans la région de Vinnytsia (centre-ouest), et les médias locaux ont rapporté des explosions à Khmelnytskiï (ouest).
Ces nouvelles attaques interviennent au lendemain de la prolongation par Moscou et Kiev de l'accord céréalier pour deux mois, si important pour la sécurité alimentaire mondiale. Jeudi, un train de marchandises transportant des céréales a déraillé sans faire de victimes en Crimée, annexée par la Russie, selon les autorités, en pleine vague d'incidents et de sabotages régulièrement imputés par Moscou à Kiev.
Dans un communiqué, les chemins de fer locaux ont affirmé que l'incident était le résultat des agissements de "tierces personnes", euphémisme semblant faire référence à un sabotage et une formulation employée précédemment lors de déraillements début mai dans une région russe frontalière de l'Ukraine. Un responsable parlementaire russe a évoqué lui une déflagration due à un engin explosif, sans que les autorités compétentes n'attestent cette thèse à ce stade.
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Zelensky se serait entretenu avec un diplomate chinois
Sur le front diplomatique, l'émissaire chinois envoyé, Li Hui, a conclu mercredi une visite de deux jours à Kiev où il a eu des discussions sur le "règlement" du conflit. La présidence ukrainienne n'a pas souhaiter confirmer un entretien entre le diplomate et Volodymyr Zelensky, mais Pékin, dans un communiqué, a dit que les deux hommes s'étaient bien vus, sans donner plus de détails. Sans surprise, le déplacement de M. Li - le plus haut responsable chinois à s'être rendu en Ukraine depuis le début de l'invasion russe - n'a permis aucune percée. Sa tournée en Europe doit le mener vendredi en Pologne, puis dans les jours qui suivent en Allemagne, en France et en Russie.
Toujours sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir jeudi (19 heures GMT) pour évoquer la situation en Ukraine, à la veille du début du sommet du G7 à Hiroshima (Japon) où le renforcement des sanctions pour étrangler davantage l'économie russe sera au menu.
L'Ukraine célèbre par ailleurs jeudi la Journée de la "vychyvanka", ces chemises amples brodées traditionnelles devenues un symbole de l'unité nationale contre l'invasion russe. Volodymyr Zelensky a ainsi salué sur Telegram "la force de notre culture" face aux "régimes totalitaires", célébrant à l'occasion le 79e anniversaire commémorant le début de la déportation des Tatars de Crimée, une minorité musulmane, par les autorités soviétiques.