L'armée russe a affirmé mardi avoir pris le contrôle de Sieverné, petit village tout proche de la ville d'Avdiïvka (est) récemment tombée, au moment où les troupes de Moscou poursuivent leur offensive dans cette zone et y ont revendiqué plusieurs succès. Le ministère russe de la Défense a également affirmé avoir détruit un char Abrams de l'armée ukrainienne dans ce secteur, première revendication de ce genre faite par Moscou depuis la livraison de ces engins lourds par Washington à Kiev.
Les principales informations :
- L'armée russe s'est emparée du village de Sieverné, près d'Avdiïvka
- deux policiers tués, quatre blessés dans une frappe russe dans la région de Soumy
- L'Elysée annonce un débat au Parlement après la polémique sur l'envoi de troupes
L'Ukraine retire ses troupes d'un village près de Sieverné
Les soldats russes ont "libéré" le village de Sieverné, a assuré le ministère russe de la Défense sur Telegram. L'armée ukrainienne n'a pas encore commenté cette annonce. Mardi matin, elle avait affirmé avoir repoussé les assauts russes autour de cette localité. La veille, l'Ukraine avait en revanche admis avoir retiré ses troupes d'un autre village situé à quelques kilomètres de Sieverné, Lastotchkyné, "afin d'organiser la défense".
"Neuf contre-attaques de groupes d'assaut de l'armée ukrainienne ont été repoussées" près des localités de Niou-Iork, Pervomaïske et Petrivské, dans la région de Donetsk, a par ailleurs affirmé mardi l'armée russe. La veille, des chaînes Telegram russes avaient publié des images non vérifiés censées montrer un char Abrams en flammes, filmé depuis les airs, après avoir été détruit.
Fin septembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était félicité de l'arrivée des premiers chars Abrams en Ukraine, avec plusieurs mois d'avance, alors que Kiev menait une contre-offensive estivale, qui s'est finalement soldée par un échec. À l'époque, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait réagi en promettant que ces chars "brûleront aussi", en reprenant à son compte une mise en garde du président russe Vladimir Poutine lors de la livraison des premiers chars allemands Leopard.
"Combats violents" près d'une ville clé de l'Est
Des "combats violents" se déroulent près de la ville de Tchassiv Iar, ville clé près de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine vers laquelle l'armée russe "tente activement d'avancer", a indiqué mardi l'armée ukrainienne. Une éventuelle prise de cette localité quasiment désertée pourrait permettre aux forces russes d'intensifier d'un cran leurs attaques contre Kramatorsk, dernière grande ville du Donbass contrôlée par Kiev et visée de plus en plus souvent par des bombardements russes.
"L'ennemi tente activement d'avancer en direction de Tchassiv Iar. Notamment près d'Ivanivské et de Bogdanivka, où des combats violents se déroulent en périphérie", a déclaré à la télévision le porte-parole de l'armée dans cette zone, Illia Ievlach. L'armée russe "envoie des réserves et essaye de renforcer ses troupes avec des unités d'assaut", a-t-il ajouté.
Deux policiers tués, quatre blessés dans une frappe russe
Deux policiers ont été tués et quatre autres blessés dans une frappe d'artillerie russe mardi sur une ferme de la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, a indiqué le ministre de l'Intérieur Igor Klymenko.
Selon lui, la frappe a touché un groupe d'enquêteurs venu "documenter les conséquences" d'un bombardement précédent de cette ferme mais a été visé par une "nouvelle frappe", a affirmé le ministre sur Telegram. "Les secours ont retrouvé les corps des deux policiers sous les décombres. Quatre autres enquêteurs ont été blessés", a-t-il précisé.
L'Élysée annonce un débat au Parlement après la polémique sur l'envoi de troupes
L'Elysée a annoncé mardi qu'un débat et un vote auraient lieu au Parlement sur la question du soutien à Kiev, au lendemain de déclarations d'Emmanuel Macron fustigées par les oppositions, car n'excluant pas l'hypothèse d'un envoi de troupes occidentales en Ukraine. Dans un communiqué, la présidence a indiqué que le chef de l'Etat avait demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration "relative à l'accord bilatéral de sécurité conclu avec l'Ukraine" le 16 février, suivie d'un débat et d'un vote.
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Cet accord de sécurité "inscrit notre soutien à l'Ukraine dans la durée pour faire échec à la guerre d'agression de la Russie", rappelle l'Élysée qui ne précise pas la date du débat parlementaire, décidé au titre de l'article 50-1 de la Constitution. Cette annonce intervient au lendemain de déclarations décriées d'Emmanuel Macron. A l'issue d'une conférence internationale de soutien à l'Ukraine à Paris, le chef de l'Etat avait dit lundi qu'"il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol". "Mais en dynamique, rien ne doit être exclu", avait-il ajouté, en assumant une "ambiguïté stratégique".
Manque de munitions et difficultés à recruter
Lundi, réagissant aux premières annonces de la destruction de ce char Abrams, Dmitri Peskov a répété que ces chars "brûleront comme les autres" et salué "le travail" des troupes russes qui, selon lui, "démilitarisent chaque jour l'Ukraine".
La Russie, qui semble en confiance malgré ses importantes pertes humaines, s'est emparée d'Avdiïvka mi-février. La prise de cette ville industrielle, devenue l'un des symboles de la résistance ukrainienne, constituait son premier vrai gain territorial majeur depuis la conquête de Bakhmout en mai 2023. Face à l'armée russe, les forces ukrainiennes souffrent d'un manque de munitions et peinent à recruter. Au cours des derniers jours, les responsables ukrainiens, Volodymyr Zelensky en tête, ont réclamé aux alliés occidentaux de livrer davantage d'armes, et plus rapidement.